Les manifestations organisées contre la guerre en Irak à Washington et à Londres ont sauvé de l'échec un mot d'ordre mondial des pacifistes, qui ont réuni de bien faibles effectifs dans le reste de l'Europe. La mobilisation s'est soldée par un fiasco au Danemark, et une déroute totale en Italie et en France : de 1 500 à 2 000 personnes ont défilé contre la guerre dans les rues de Copenhague. 200 se sont rassemblées devant l'ambassade américaine à Rome. À Paris, enfin, seulement une soixantaine de personnes étaient présentes sur la place de la Concorde, proche de la représentation américaine. Londres affichait des chiffres plus importants, avec 10 000 manifestants selon la police, 100 000 selon les organisateurs. À Washington, par contre, la manifestation a été un franc succès, complètement occulté toutefois par la couverture médiatique massive du cyclone Rita. Les organisateurs tablaient sur la venue de 100 000 personnes, et le chef de la police de la ville, Charles Ramsey, a indiqué qu'ils avaient “probablement” atteint leur objectif. Alors que le retrait des troupes américaines déployées en Irak a de nouveau été exclu à court terme par l'Administration Bush, les manifestants se sont massés sur la grande esplanade qui fait face à la Maison- Blanche, portant des pancartes avec les inscriptions “Ramenez les troupes maintenant”, ou encore “Bush ment, qui meurt ?”. D'autres manifestants brandissaient les portraits de certains des 1 900 soldats tués en Irak. Cindy Sheehan, la mère d'un soldat mort en 2004 en Irak, qui est devenue le symbole du mouvement anti-guerre, a ensuite conduit un défilé dans les rues de la ville, qui débordait dans les rues adjacentes. Mme Sheehan avait passé le mois d'août devant le ranch texan du président George W. Bush, dans l'espoir de le rencontrer pour exiger des explications sur les raisons de la mort de son fils. Cette manifestation est la plus grande mobilisation dans la capitale américaine contre la guerre en Irak, depuis le printemps 2003. Elle intervient alors qu'une majorité de l'opinion estime, désormais, que la guerre en Irak était une erreur (59%). Un sondage Gallup de cette semaine montre, en outre, que 63% des Américains souhaitent le retour des quelque 140 000 militaires déployés en Irak. “ça a l'air de tourner comme le Vietnam, au fur et à mesure que le temps passe, de plus en plus de gens s'interrogent”, a résumé Frank Nicosia, un professeur d'histoire venu de l'Etat du Vermont. Le député britannique George Galloway, fervent opposant à la guerre en Irak, a participé à la manifestation de Washington, aux côtés de figures traditionnelles de la gauche américaine, comme Ramsey Clark, l'ancien ministre de la Justice du président Lyndon Johnson. En outre, à Londres, des milliers de manifestants — 10 000 selon la police, 100 000 selon les organisateurs — ont défilé dans le centre de la capitale pour réclamer le retour des quelque 8 500 militaires britanniques stationnés en Irak.