Depuis quelques ann�es, deux villes de Kabylie f�tent, r�guli�rement, tenez-vous bien, l�anniversaire de la cr�ation de leurs communes. Ainsi, l�une en est � son 366e et l�autre � son 119e. Voici deux villages coloniaux, devenus aujourd�hui villes champignons qui c�l�brent � c�est le mot � un �v�nement colonial avec l�argent du contribuable. Parfois un comit� de f�te est improvis�, on bat le rappel des nostalgiques, on se mobilise pour feuilleter les albums-photos, on d�poussi�re les rares archives et on t�moigne, on t�moigne� Un illumin� redoublant de r�miniscence pour faire croire au centre du monde a m�me propos� des visites guid�es des r�alisations coloniales ! Les nostalgiques de l�Alg�rie fran�aise n�auraient pas tant os� pour d�fendre la th�se de la colonisation positive. L�initiative aurait pu rev�tir les relents path�tiques du complexe du colonis�, h�las, � chaque remake on pr�tend convoquer l�histoire en tournant le dos aux scientifiques, aux sp�cialistes et aux hommes de culture avis�s. Pis, on bricole des programmes dans une insoutenable obsession pour s�approprier l�espace de la cit�, son pass�, ses r�f�rents. Non, on ne f�te pas l�anniversaire de la cr�ation d�une ville comme on f�te celui de sa gamine. On f�te le centenaire, le mill�naire, pas un arr�t� pr�fectoral. S�il fallait prouver son amour pour sa ville et la fiert� d�y appartenir, ce serait en �uvrant au quotidien pour am�liorer son cadre de vie, pas en lui usurpant son pass� et ses rep�res. L��criture de l�histoire tant locale que r�gionale ou nationale est une urgence certes, mais il est encore inconcevable d�en charger le premier pr�tendant. Un conseil municipal quels que soient sa comp�tence ou son engagement ne saurait, par na�vet�, se substituer aux sp�cialistes et aux comp�tences locales pour pr�tendre r�concilier le citoyen avec son pass�, sa culture et son identit�. A festoyer � tout prix autant le faire dans la pudeur et l�humilit�, sans banderoles ni slogans car � titiller de la sorte le chauvinisme, on se couvre de ridicule.