Le Conseil national �conomique et social (Cnes) a rendu public son rapport annuel sur le d�veloppement humain en Alg�rie. Il faut d�abord souligner le grand effort m�thodologique fourni par les experts du Cnes qui, en collaboration avec ceux du PNUD, ont r�ussi � �normer� et aligner leur m�thodologie sur celle qui pr�vaut au plan international rendant ainsi la comparaison Alg�rie/reste du monde tout � fait possible. Le premier r�sultat int�ressant auquel est parvenu le Cnes est celui relatif � l�indice de pauvret� humaine (IPH) : cet indice a baiss� entre 1995, o� il �tait de 25,23%, et 2005 o� il n�est plus que de 16,60%. De m�me, la population vivant en dessous du seuil de pauvret� alimentaire a elle aussi baiss�. Le Cnes, reprenant les r�sultats de l�enqu�te du Ceneap sur le niveau de vie r�alis�e en 2005, nous apprend que 3,6% de la population vivait en dessous du seuil de pauvret� alimentaire en 1988, le taux n�est plus que de 1,6% en 2004. Enfin, le seuil de pauvret� g�n�rale a concern� 3,98 millions de personnes en 1995 et 2,2 millions en 2004. La pauvret� au seuil de 1 dollar par jour, soit 73 DA par jour, est insignifiante en 2004. Ces progr�s enregistr�s dans le domaine de la lutte contre la pauvret� sont dus bien s�r au Plan de soutien � la relance �conomique lanc� en 2001 (jusqu�en 2004) et au Plan national de d�veloppement rural et agricole (PNDRA). Mais, il faut aussi souligner les efforts faits en mati�re de transferts sociaux qui ont atteint, en 2005, 770 milliards de dinars soit 50% de la fiscalit� p�troli�re ou 12,6% du PIB. Le budget social de l�Etat a atteint 293 milliards de dinars en 2004 contre 161,1 milliards de dinars en 2000. L�essentiel de ce budget social est all� au soutien � l��ducation (bourses), � l�assistance sociale (enfance assist�e, personnes handicap�es, personnes �g�es), aux fonds sociaux (Fonds social de d�veloppement, Fonds de soutien � l�emploi des jeunes, Fonds national du logement...) Le rapport du Cnes r�v�le aussi d�autres r�alit�s moins heureuses et qui renseignent sur l��tat social des Alg�riens. Ainsi, en ce qui concerne le budget des m�nages (enqu�te Ceneap), 58,22% de ce budget va � l�alimentation avec l�essentiel des revenus qui vont aux c�r�ales (25,46%), l�gumes secs (13,68%) lait et d�riv�s (13,68%). Les viandes, poissons et fruits sont r�serv�s � une minorit� de la population. L�alimentation de base d�une importante partie de la population est constitu�e de l�gumes secs, laitage et � un degr� moindre, d��ufs. Cette photographie de la pauvret� en g�n�ral et de la pauvret� alimentaire des Alg�riens plus particuli�rement s�explique, certes, par le ch�mage important qui les frappe, mais s�explique aussi par l�accroissement du nombre de travailleurs pauvres. Le rapport du Cnes reprend les donn�es de l�ONS et du Plan et montre que la part des revenus salariaux dans le revenu national diminue. Les fruits de la croissance sont in�galement r�partis et profitent plus aux revenus non salariaux et notamment les revenus des entrepreneurs. Il est vrai qu�entre 2001 et 2004, la r�mun�ration globale des salari�s a progress� de pr�s de 9% par an, mais cette variation est due � l�augmentation des effectifs. Le pouvoir d�achat du salaire moyen, tous secteurs confondus, a baiss� de �1,7 en moyenne par an et de �5% entre 2000 et 2004. Les raisons sont connues : les prix ont �t� lib�r�s sans que les salaires soient augment�s au m�me rythme. Le Cnes reprenant les r�sultats de l�enqu�te du Ceneap, nous apprend alors que 68,2% des m�nages ont contract� des emprunts et 46,3% d�entre eux consacrent les sommes emprunt�es aux d�penses courantes. De m�me, pr�s d�un tiers (1/3) des m�nages alg�riens s�endettent par les op�rations courantes. Enfin, cette m�me �tude souligne qu�un tiers des m�nages alg�riens ont des difficult�s financi�res. L�autre secteur qui se porte mal et qui alourdit le mauvais climat social qui p�se sur les Alg�riens est celui de l��ducation. L��cole conna�t un taux de rendement interne bien insuffisant. Les d�perditions scolaires sont �normes. Lorsqu�on examine les taux bruts de scolarisation par palier (primaire, secondaire et sup�rieur), la tendance � la d�gradation appara�t clairement. Taux brut de scolarisation Enseignement obligatoire 6/15 ans
96,01%
Enseignement secondaire 16/19 ans
38,71%
Enseignement sup�rieur 20/24 ans 21,77% Le taux de scolarisation dans l�enseignement secondaire se r�partit en 46,01% pour les filles et seulement 31,66% pour les gar�ons. Ce dernier taux explique � lui tout seul le nombre �lev� de ch�meurs jeunes qui caract�rise notre soci�t�. Dans l�enseignement sup�rieur, le taux de 21,77% se r�partit en 25,37% pour les filles et 18,40% pour les gar�ons. Bref, et en un mot, ce qu�il faut retenir de ce rapide rappel statistique est que seulement 23% des cohortes arrivent � l�enseignement sup�rieur soit 1 scolaris� sur 4. Les 3/4 des effectifs n�arrivent pas au sup�rieur. Comment se r�partissent les d�perditions scolaires ? L�interruption de la scolarit� a concern� 31,8% des individus �g�s de 6 � 24 ans. Les d�perditions se r�partissent comme suit : Abandon volontaire de l��cole 33,58% Exclusion 10,95% Eloignement 10,22% D�cision parentale 21,7% Les abandons sont deux fois plus �lev�s en zones rurales qu�en zones urbaines et deux fois plus �lev�s chez les filles que chez les gar�ons (dans le cycle 6/15 ans). Ce syst�me d��ducation formation inefficace tant au plan du rendement interne que de l�enseignement qualifiant explique pour une tr�s large part la faiblesse de la productivit� du travail dont souffre l��conomie alg�rienne. Celle-ci (valeur ajout�e) /emploi ne cesse en effet d��tre n�gative comme l�indique le tableau suivant : Productivit� du travail
1997/2000 2001/2005 Industrie hors hydro-carbures � 6,3 �2,6 BTP 0,4 �8,3 Services � �3,7 Secteurs productifs hors hydro-carbures � �4,5 Ces chiffres �clairent sur la qualit� de l�emploi cr�� ces derni�res ann�es : il y a de plus en plus de travailleurs pour une valeur ajout�e stagnante ou en r�gression. De m�me �clairent-ils sur l�illusion de la main-d��uvre alg�rienne comme avantage comparatif de l��conomie nationale. Les salaires sont effectivement bas, mais la productivit� du travail l�est encore plus. Le co�t du travail que supporte l�entreprise est donc �lev�.