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BORDJ-BOU-ARRERIDJ
La prostitution ne conna�t pas de crise
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 04 - 2007

Toujours plus diversifi�s, le march� du sexe � Bordj Bou-Arr�ridj s�est banalis�. Mais qui sont ces femmes qui vendent leur corps volontairement, que demandent leurs clients, quel est le r�le des prox�n�tes et que fait la police ? Plong�e sans jugement ni tabou dans l�univers du sexe tarif�. 3 000 � 4 000 DA la passe c�est selon l��ge de la jeune femme. Le reste, c�est � la carte dans le �menu des plaisirs�.
�Non ch�ri, je ne fais pas de tarif jeunes, c�est le m�me prix pour tout le monde.� La quarantaine, taille moyenne, fausse blonde, mais vraie largu�e, Nadia n�est pas le genre a s�en laisser conter. �J�ai parfois 20 appels t�l�phoniques par jour et pas un client ! L�attente, c�est ce qu�il y a de plus difficile dans ce boulot. L�argent se gagne rapidement, mais jamais facilement.� Au turbin sept jours sur sept, il faut apprendre � tuer le temps. Caf�, cigarette, t�l�... Son film pr�f�r� ? Les Feux de l�amour. Rien d��tonnant, cette femme de 48 ans a opt� pour la prostitution il y a plus de 20 ans. �J�aurais pu �tre couturi�re et travailler � 10 000 DA/mois sans couverture de la CNAS, en plus dans des ateliers clandestins. Mais en me prostituant, je suis plus libre et je gagne mieux ma vie, l�important c�est d��tre � l�aise avec ce qu�on fait. Je travaille en professionnelle. R�gle n�1 : �tre honn�te avec les clients ! Il y a trop de filles qui ne sont pas correctes dans le milieu. Je ne casse pas les prix. Jamais de rapport sans pr�servatif, pas de domination, pas de soumission ni autre curiosit� dans la maison, et si je ne sens pas le client, je ne le re�ois pas.� Cette femme au temp�rament bouillonnant a toujours assum� ouvertement ses activit�s. Une d�marche qu�elle paie encore tr�s cher aurjoud�hui. Peu ou pas d�amis, une m�re qui l�a reni�e depuis belle lurette et un fils de 23 ans qui ne veut plus la voir. Dans la cartographie de la prostitution nombreuses maquerelles louent des chambres pour 500 DA pour 2 heures de temps � des prostitu�es. Cependant les causes de la prostitution sont d�ordre �conomique et aucune mesure gouvernementale n�a �t� dirig�e contre la pauvret�, la mis�re et le ch�mage pour pallier au march� du sexe. Siham raconte (non d�emprunt), elle a 28 ans. Cela fait plus de 2 ans qu�elle passe ses nuits chez une maquerelle. Lorsqu�elle est arriv�e de B�ja�a, en 2004 apr�s une fugue du domicile familial, elle atterrira directement dans un lieu de bouge � Bordj-Bou-Arr�ridj, o� elle rencontre son amie install�e dans le m�tier, qui ne tarda pas � lui faire conna�tre les avantages qu�apporte le fait de se prostituer. Elle raconte qu�au niveau des bars, le propri�taire qui a mis un syst�me de rabattage oblige les filles � surconsommer et c�est le client qui paie, sinon elles ne mettent plus les pieds dans son �tablissement. Le pourcentage sur la passe est une pratique tr�s r�pandue. Les filles versent 20 � 30% de leurs gains en guise de loyer � leurs maquerelles. Soussou en sait quelque chose, elle a commenc� comme �a : �Impossible de refuser un client dans ces conditions, surtout quand le boss est un homme, il est toujours l� pour la rappeler � l�ordre. Il ne te consid�re qu�� travers l�argent que tu lui fais gagner.� Ilhem se prostitue depuis 2 ans. �En bossant bien, on peut gagner pas mal d�argent, plus que dans un magasin en tout cas.� La premi�re fois ? �J��tais compl�tement crisp�e. Mon client a eu droit � quarante- cinq minutes de massage avant que j�ose me donner � lui�, se souvient- elle amus�e. Avec le temps, on s�habitue, on apprend � se blinder et � rester vigilante pour ne pas tomber dans les pi�ges de la profession : drogue, alcool ou d�penses inconsid�r�es pour se d�culpabiliser.�
Vie sociale et affective chaotique
Quelques amis, � qui on ne peut jamais tout dire et une famille au parfum qui ne la bl�me pas. Il n�emp�che pas la solitude, c�est peut-�tre ce qu�il y a de plus douloureux dans le m�tier. C�t� c�ur, c�est carr�ment la gal�re. Pas la peine de mentir, Bordj- Bou-Arr�ridj est une petite ville et tout se sait. Encore faut-il �tablir une fronti�re �tanche entre vie amoureuse et travail. �C�est difficile, mais je suis comme tout le monde, j�ai besoin de tendresse, d�affection, de relations normales, quoi ? Et puis j�ai gard� mon c�t� romantique, je crois encore au prince charmant !� Et la fid�lit� ? �Non, certainement pas ! dit-elle en �clatant de rire : j�ai envie d�avoir des enfants. Un mari� bof. Pour le moment je gagne 40 000 DA parfois plus par mois et je mets de l�argent de c�t� pour pouvoir arr�ter � 30 ans. D�ici l� je devrais avoir de quoi recommencer un bout de chemin ailleurs. Si je reste ici, il y aura toujours quelqu�un pour me rappeler mon pass�.� Il est 19 h. Ilhem entame sa soir�e, elle finira vers 2h du matin.


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