Ancien leader �tudiant, arr�t� et tortur� en 1988, Ka Hsaw Wa dirige l'ONG Earthrights International qui se bat pour le respect de l'environnement et des droits de l'homme sur les chantiers du pipeline de Yadana construit par Total et Unocal en Birmanie, l'un des r�gimes les plus r�pressifs du monde. Earthrights International a port� plainte aux Etats- Unis contre le p�trolier am�ricain Unocal et a gagn� le proc�s. Ka Hsaw Wa, lui, a re�u plusieurs prix pour son travail sur le terrain. Il est le h�ros d'un documentaire r�cemment diffus� au festival des Droits humains de Gen�ve, Total Denial, de Milan Kaneva. Suite � la mise en examen du pr�sident de Total, Ka Hsaw a accord� un entretien � la presse le 29 mars 2007. - L'ONG que vous dirigez associe les droits de l'homme et le respect de l'environnement Pour nous, l'environnement et les droits de l'homme sont li�s. Notamment en Birmanie, o� un pouvoir militaire viole � la fois les ressources naturelles et les droits de l'homme. C'est la m�me chose. La junte fait tout pour rester au pouvoir et acheter des �quipements militaires en Tha�lande et en Chine, donc elle vend les ressources naturelles du pays, le bois notamment (du teck). Pire m�me, quand elle fait des grands travaux, elle coupe la for�t et laisse pourrir le bois s'il n'est pas d'assez bonne qualit� pour l'exportation. Elle a aussi massacr� la faune : des rhinoc�ros, des tigres, des l�opards. C'est un g�chis total. Nous sommes l'un des pays les plus riches d'Asie du Sud en terme de ressources naturelles mais notre population est la plus pauvre de la r�gion. D�s que l'on d�nonce ces trafics, on va en prison. �crire un po�me sur la d�mocratie vaut sept ans de prison. - C'est le pipeline de Total qui a cr�� cette situation ? Avant le pipeline, l'arm�e n'�tait pas pr�sente dans cette r�gion. Elle y a b�ti des camps, a oblig� les villageois � couper le bois (bambou notamment), pour rien, ruinant les villages. Elle a install� des champs de mine, instaur� le travail forc�, br�l� des villages, brutalis� des villageois. - Total est au courant de ces violations ? Bien s�r. Je veux que Total respecte et fasse respecter les droits de l'homme dans la zone o� ils op�rent. Ils peuvent vraiment faire une diff�rence. J'ai parl� � beaucoup de villageois. Ils me disent : �Quand du personnel de Total est pr�sent, �a va mieux. Le groupe a des moyens de pression sur la junte mais n'en fait pas assez. La junte a besoin de Total. Sans l'investissement �tranger, elle ne peut pas tenir.� Le probl�me c'est qu'il n'y a pas d'enqu�tes ind�pendantes sur le sujet. Seuls les gens de Total et les militaires peuvent se rendre dans la r�gion du pipeline. Le groupe p�trolier envoie aussi des missions pour veiller au respect des droits de l'homme. Ils interviewent les villageois mais ils ont peur et ne parlent pas librement. Quand ces missions Total sont dans les villages, tout est pr�par� pour que les gens disent que tout va bien, qu'ils ne voient que des sourires. Quand je m'y rends avec mes �quipes, j'entends tout autre chose. On me fait confiance. Je reconnais qu'il y a eu quelques am�liorations et elles sont dues, je dois le dire, aux efforts de Total. - Total dit que ce serait bien pire si le pipeline �tait exploit� par des entreprises chinoises ? La Chine est partout en Birmanie. A tous les niveaux. Et c'est tr�s mauvais. Car les Chinois ne se pr�occupent pas du tout des droits de l'homme. On n'a pas de moyens de pression sur eux. On essaie mais c'est vraiment difficile.