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BOUIRA
Beggas, apr�s le terrorisme, la mis�re
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 04 - 2007

Connue pendant toute une d�cennie comme �tant la r�gion la plus dangereuse ; livr�e � elle-m�me et aux terroristes du GIA puis du GSPC pendant longtemps, la r�gion de Beggas, situ�e au nord de la commune de Kadiria, � 32 km au nord-ouest de Bouira, n�est pourtant pas ce que l�opinion publique en g�n�ral faisait d�elle ; c�est-�-dire un vaste territoire de terroristes. Non, les Ath-Khalfoun ou les B�ni- Khalfoun ne veulent plus de cette image que leur renvoie malgr� eux l�homme de la rue.
PAR YAZID YAHIAOUI
Certes, et comme tous les Alg�riens dont le seul tort est de se retrouver un jour vivant dans un lieu recul� et propice par l�action terroriste, les habitants ont v�cu les affres du terrorisme, subi pendant longtemps le diktat des sanguinaires du GIA et du GSPC, mais comme des milliers d�Alg�riens, aux c�t�s de ceux qui avaient pr�f�r� la fuite et l�exode vers des lieux plus cl�ments, ils y avait ceux qui avaient tenu t�te, qui sont rest�s sur les lieux au p�ril de leur vie. Ils ont, comme leurs anc�tres, pr�f�r� mourir que quitter leur pays.
Les Ath-Khalfoun : combattants jusqu�� la moelle
Pour conna�tre le territoire des Ath-Khalfoun plus connu sous le nom de Beggas, il faudra d�abord, � cause de cette image que nous renvoie le terrorisme, �tre accompagn� d�un des enfants de cette r�gion pour d�couvrir la majest� des lieux. Compos� de plusieurs villages perch�s ou accroch�s sur les flancs des collines qui montent, montent sur ce chemin serpent� et sinueux semblable aux centaines de villages de la Kabylie que Mouloud Feraoun a merveilleusement d�crits dans son c�l�bre roman les Chemins qui montent, le territoire des Ath Khalfoun a de tout temps �t� un haut lieu de r�sistance contre les occupants. Hamid, notre guide qui nous accompagne en cette journ�e ensoleill�e de samedi, jour du Mawlid Ennabaoui, nous montre d�s que nous avons quitt� le chef-lieu de la commune de Kadiria d�o� d�pend la r�gion le carr� des martyrs �rig� en l�honneur des martyrs de la R�volution. 170 chahids sont natifs des Ath-Khalfoun. La base de l�ALN dans la zone de Palestro �tait tr�s bien fournie en hommes braves de cette r�gion. Car, en plus des 170 martyrs, des dizaines de moudjahidine qui y ont surv�cu aux assauts de Bigeard et autre �op�ration jumelles� sont natifs de la r�gion. La v�g�tation fournie et le relief bois� et escarp� avaient fait de ce lieu un coin id�al pour les r�sistants de la R�volution. D�ailleurs, sur les hauteurs, � quelques 13 km plus haut, � une altitude de 850 m o� le territoire des Ath Khalfoun brasse quatre communes issues de trois wilayas : Tizi-Ghennif de Tizi-Ouzou, Cha�bat-El-Ameur de Boumerd�s et Aomar et Kadiria de Bouira, la vue est tellement envo�tante que l�on se posait la question comment l�Etat n�avait pas inscrit ce lieu parmi les coins susceptibles d�accueillir des h�tels touristiques. Toute personne qui visite ces lieux pour la premi�re fois comme c��tait le cas pour nous sera charm�e par le paysage mais aussi par les horizons qui se dessinent au loin ; l�h�pital Balloua de Tizi-Ouzou � l�est, l�h�tel Tala Guilef et la majestueuse cha�ne du Djurdjura un peu au sud, mais aussi et surtout la mer et Cap-Djinet au nord sur une d�pression dont seule la nature a le secret, et un peu plus loin � l�ouest et en temps clair, l�on peut m�me d�celer depuis les collines les lumi�res de Maqam Chahid (sanctuaire des martyrs) d�Alger. De ce coin f�erique, l'arm�e fran�aise en a fait un v�ritable poste d�observation qui domine toute la r�gion tant du c�t� de Lalla Mossa�d au nord que du c�t� de la vall�e de Oued Djema� � l�ouest et Tizi-Ghennif � l�est. Et d�apr�s les vieux du village, m�me De Gaulle y avait mis pied � un certain moment pendant son s�jour � Alger pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque la France �tait sous occupation allemande. Ce sont sur ces hauts-lieux de r�sistance que les anc�tres des Ath Khalfoun avaient inflig� aux Fran�ais les pires pertes et les dures �preuves au XXIe si�cle lors du soul�vement d�El-Mokrani en 1871. Les Ath Khalfoun avaient br�l� par deux fois le village colonial de Palestro ; chose qui leur co�tera d�ailleurs les pires exactions plus tard avec des ex�cutions sommaires et la destruction de villages.
Le terrorisme et l�exode
Au d�but des ann�es 1990, le territoire de Beggas �tait tout d�sign� pour abriter les maquis islamistes. Malgr� le refus des populations d�y prendre part, plusieurs jeunes natifs des villages environnants et m�me de la r�gion avaient fini par rejoindre les maquis terroristes. �Plus par pression islamiste et pour �viter les repr�sailles � leurs familles que par conviction�, nous dit-on. Les ann�es passaient et la r�gion se vidait de plus en plus de ses habitants. En 1998, lorsqu�une unit� de l�ANP avait �t� envoy�e sur place pour s�curiser les lieux, la majorit� des villages �taient d�sert�s. El-Madjen, Gheddioua, Nadhor, Djiber, Ath-Amara, Ath-El-Ass, Thala Oughanim, tous ces villages �taient d�sert�s par les populations qui avaient pr�f�r� partir vivre sous des cieux plus cl�ments. Seul le village Beggas au sommet de ce vaste territoire avait surv�cu � cette furie d�exode massif. La r�gion qui comptait plus de 5 000 habitants est r�duite � moins de 1 000 habitants. Et ce fut l�, au village de Beggas, que l�unit� de l�ANP avait �lu domicile en choisissant comme poste de commandement les seules infrastructures publiques existantes ; l��cole primaire, le centre de sant�, une antenne postale et la mosqu�e pour s�y �tablir. L�, relevons un point sur lequel les gens que nous avons rencontr�s sur place se sont montr�s divis�s : les uns pensent que la domiciliation de l'ANP dans ces lieux est une bonne chose, puisque, sans elle, aucun villageois n�aurait r�sist� � demeurer, alors que d�autres pensent que l�ANP aurait pu �tre pr�sente mais sans occuper les lieux publics. D�ailleurs, fait ironique, dans cette �cole primaire occup�e, une classe fonctionne avec une dizaine d'�l�ves. Des �l�ves de six, sept ans au milieu des klashs !
Le regroupement dans un d�nuement total
Au lendemain de l�installation de l�unit� de l�ANP � Beggas, plusieurs familles qui avaient d�sert� les lieux sont retourn�s. D�autres encore qui habitaient dans les villages environnants y avaient �lu domicile � Beggas, qui chez un parent, ou carr�ment en construisant une nouvelle habitation. De fait, la vie a repris son droit de cit� dans ces lieux. Et m�me dans la p�riph�rie imm�diate comme par exemple � Ath Amara, le village qui est situ� en contrebas de Beggas, � un jet de pierre et largement domin� par le PC de l�ANP. Or, � partir de l�ann�e 1998, ann�e o� les populations ont commenc� � s�y installer durablement, les probl�mes de la vie quotidienne commen�aient � �merger. A commencer par la scolarit� des enfants des trois paliers. Le transport scolaire faisait d�faut et les fourgons qui pouvaient transporter les �l�ves �taient rares. Ce calvaire qui dure depuis la fin des ann�es 1990 persiste encore et m�me lorsque l�association du village Beggas qui a vu le jour en 2004 a soulev� le probl�me aupr�s des autorit�s locales et de wilaya, rien n�a �t� fait. De fait, et jusqu�� ce samedi, les �l�ves de ces villageois continuent � vivre le martyre surtout en temps de pluie et de neige. Et Dieu sait que la neige y est abandante dans ces lieux. Les �l�ves ne trouvent m�me pas d�abribus pour pouvoir attendre un quelconque v�hicule de fortune qui puisse les transporter vers Kadiria o� ils poursuivent leurs �tudes. Nacer, le vice-pr�sident de l�association, nous dira que la derni�re fois, lors de la perturbation atmosph�rique qui avait touch� l�ensemble du nord du pays, les hautes collines des Ath- Khalfoun �taient par�es de ce manteau blanc et pendant le week-end, il y a vait des dizaines de familles qui sont venues en vill�giature pour s�adonner des photos souvenir. Des lieux ignor�s, malheureusement, par les autorit�s locales. Hamid, notre guide, nous dira que depuis leur accession � la t�te de l�APC de Kadiria en octobre 2002, seul le 1er vice-pr�sident s�est d�plac� une fois vers Beggas. Selon le pr�sident de l�association, Ghiles Ahmed, en 2004, apr�s l�agr�ment de l�association, des villageois avaient fait don de leurs terrains pour l�implantation d�un programme de l�habitat group�. Des initiatives ont �t� faites dans ce sens aupr�s des autorit�s locales et m�me de la wilaya pour pouvoir b�n�ficier de ce programme surtout que la politique du gouvernement et du pr�sident de la R�publique insistait sur le retour des populations dans leurs localit�s respectives. �De cette politique, et m�me si nous savions que beaucoup de r�gions � l'�chelle de la wilaya en ont b�n�fici�, notre r�gion n�a pas eu cette chance�, dira Ahmed. Et Nacer rench�rit en apportant son propre t�moignage sur les lenteurs administratives pour avoir le fameux acte de possession qui peut ouvrir les portes de l�aide � l�habitat rural. A Beggas, sur les sept villages, seuls une dizaine de jeunes a b�n�fici� de cette aide, selon les membres de cette association. Et dire qu�au niveau de la wilaya, plus de 6 000 aides ont �t� octroy�es ! Aux c�t�s de ces aides qui ne sont jamais venues, la r�gion qui a �t� touch�e par le tremblement de terre du 21 mai 2003 n�a pas non plus �t� prise en charge. Les fissures au niveau des habitations sont encore visibles mais les autorit�s et les responsables qui continuent � qualifier la r�gion de dangereuse pour tout d�placement n�avaient pas daign� prendre en consid�ration les d�clarations de foi des habitants. Ces derniers ont soulev� aussi l�autre ph�nom�ne d� � la proximit� de l'unit� de l�ANP qui utilise le PC comme lieu de lancement des obus vers les montagnes de Lalla Mossa�d, situ�es en face. Les vibrations cr��es par ces tirs ont caus� d��normes pr�judices aux habitations limitrophes mais, l� aussi, les demandes faites par les propri�taires dans l�objectif de se faire indemnis�s sont rest�es lettre morte. En plus du probl�me de l�habitat rural, la route CW8 qui y m�ne est dans un �tat lamentable. Passe encore sur l�AEP qui n�a jamais figur� parmi les pr�occupations de ces villageois tant chaque maison poss�de son puits naturel. Mais l�assainissement reste une priorit� pour ne pas polluer les eaux souterraines. Tous ces probl�mes sont en suspens et les centaines de jeunes qui fl�nent dans ces lieux ne savent plus � quel saint se vouer.
Le FNRDA, jamais vu
Tous les usagers de la RN5 ont s�rement go�t� un jour aux saveurs exquises des figues succulentes qui se vendaient le long de la voie pendant toute la p�riode estivale. Eh bien, pour ceux qui l�ignorent encore, sachons que les meilleures figues de la vall�e s��tendant depuis les gorges de Palestro jusqu�� la sortie sud de la ville de Bouira, les fruits charnus qui attirent la vue et font couler la salive � plus d�un voyageur proviennent des Ath Khalfoun. Eh oui, tradition oblige, le climat ainsi que le sol y sont pour quelque chose dans la r�ussite de ce fruit dans ces hautes collines. Les figueraies abondent dans ces lieux, magistralement entretenues, travaill�es � la main ou avec des b�ufs ; et c�est cela peut-�tre le secret de la saveur exquise des figues des Ath Khalfoun. Cependant, si les jeunes travaillent ces figueraies religieusement, il reste que des programmes de soutien dans le cadre du Fonds national de r�gulation de d�veloppement agricole (FNRDA), aucun n�en a b�n�fici�. Quant � parler du fameux PPDRI, le programme de d�veloppement rural int�gr�, ils n�en ont jamais entendu parler. Un vaste territoire qui a r�sist� h�ro�quement aux terroristes, qui essaye tant bien que mal � subsister en ces lieux recul�s mais f�eriques, ignor�s des autorit�s. Des demandes d�audience maintes fois exprim�es par l�association aupr�s de la wilaya pour pouvoir exposer les probl�mes sont toujours rest�es sans suite. Les responsables continuent � frapper cette r�gion du sceau de territoire � risque o� il est toujours d�conseill� de se rendre, et les populations continuent vivre avec leurs propres moyens en attendant des jours meilleurs. Une d�l�gation du RCD a cass� cette image en s�y rendant ce samedi accompagn�e de professionnels de la presse pour redonner de la confiance � ces milliers de citoyens qui en ont tant besoin. Les pouvoirs publics sont vivement interpell�s pour prendre en charge les dol�ances de ces citoyens qui n�ont jamais choisi les lieux de leur existence.


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