Ce 11 avril, le fracas des attentats kamikazes d�Alger a atteint Prague, la paisible capitale tch�que. Ici, radios et t�l�s les ont comment�s mettant l�accent sur le fait que l�Europe est � proximit� du Maghreb. Images et commentaires �taient diffus�s en boucle par CNN et les cha�nes allemandes parce que les Tch�ques comprennent la langue de Goethe aussi bien que celle de Shakespeare. Autrement dit, pour les m�dias locaux et anglo-saxons � il ne faut pas oublier que la Tch�quie est membre de l�Union europ�enne � l�Europe reste sous la menace d�Al Qa�da. Certes, on aurait souhait� que l�on parle de l�Alg�rie autrement qu�en termes de violence. Mais le rapprochement avec la situation irakienne a �t� vite fait quand l�une des cha�nes de la t�l� tch�que a comment� les menaces d�Ayman Zawahiri � l�endroit de l�Occident et de ses alli�s arabes. Les plus inquiets sont ces Alg�riens vivant � Prague. Ils ne sont pas tr�s nombreux. �Entre 500 et 600�, selon Mourad, un jeune de Bordj-Bou-Arreridj, rencontr� dans un caf� de la capitale tch�que. Ce jeune, qui selon ses dires, est dans le �business�, � savoir l�import-export, �tait visiblement inquiet par la tournure de la situation au pays. Il affirme n�avoir jamais ressenti de racisme � Prague et qu�il travaille honn�tement. Mais avec ces attentats et les menaces d�Al Qa�da contre l�Occident, il craint comme les autres membres de la petite communaut� alg�rienne les retomb�es n�fastes du double attentat kamikaze d�Alger. �Jusque-l�, on �tait tranquille dans ce pays. Mais avec ce qui vient de se passer, en tant qu�Alg�riens, on va devenir suspects, c�est s�r�, dit-il. Mourad n�a peut-�tre pas tout � fait tort. Le double attentat, largement m�diatis� en Europe et en Am�rique, intervient dans un contexte de d�bat passionn� en Tch�quie autour de l�installation du bouclier antimissile am�ricain dans le sud de la Boh�me, bouclier destin� � parer aux missiles que lanceraient l�Iran ou la Cor�e du Nord, en cas de crise majeure, contre les Etats-Unis. En effet, le gouvernement tch�que a donn� son feu vert � son installation sur son territoire. Une majorit� de citoyens tch�ques � plus de 70% selon le dernier sondage � n�en veut pas, estimant que l�Iran et la Cor�e du Nord ne sont que des pr�textes et que ce bouclier antimissile vise avant tout la Russie. Moscou a d�ailleurs vivement r�agi en d�clarant qu�il pointera d�sormais des fus�es � moyenne port�e vers les pays � la Tch�quie et la Pologne � qui ont accept� l�installation de bases US sur leurs territoires. Plus inqui�tant que la menace russe, pour certains Tch�ques, l�installation d�une base am�ricaine chez eux ferait de leur pays une cible du terrorisme international. M�diatisation de ses actes aidant, Al Qa�da est per�ue en Tch�quie comme une sorte d�organisation redoutable pouvant se permettre de frapper sur n�importe quelle partie du globe. Et le lien est vite fait avec le double attentat d�Alger. En effet, la crainte d�actes terroristes ciblant leur pays est perceptible chez de nombreux Tch�ques. �Jusque-l�, Prague �tait �pargn�e par les menaces d�Al Qa�da, affirme cette �tudiante oppos�e au bouclier antimissile am�ricain, maintenant si on accepte une base am�ricaine chez nous, on ne sera plus � l�abri d�attentats terroristes�. D�autant qu�un contingent militaire tch�que participe dans le cadre de l�Otan aux combats contre les talibans en Afghanistan, apr�s avoir pris part � la guerre en Irak. Autant de faits qui inqui�tent de nombreux Tch�ques oppos�s � l�engagement de leur pays au Moyen-Orient et en Afghanistan. L�hostilit� des Tch�ques � toute base militaire �trang�re dans leur pays remonte � loin. Dans les ann�es 60-80, avant la chute de l�ex-URSS, l�ex- Tch�coslovaquie �tait en premi�re ligne de la confrontation Est-Ouest. Etant pacifiques par tradition, les Tch�ques ne veulent plus revenir � l��poque de la guerre froide. Aussi demandent-ils � Washington d�aller installer ses bases ailleurs qu�en Tch�quie.