La Journ�e mondiale de la libert� de la presse, qui intervient le 3 mai, renvoie chaque ann�e la corporation aux m�mes constats. Absence de statut, de convention collective, d�sorganisation de la profession, un code p�nal qui muselle la profession, restreint les libert�s et menace de peines de prison les journalistes sont autant d�obstacles �voqu�s par les professionnels de la presse. Cette journ�e est aussi l�occasion de se recueillir � la m�moire des cons�urs et confr�res disparus durant ces derni�res ann�es, victimes de la barbarie terroriste. N. Sebti, r�dacteur en chef du journal Libert�: La journ�e de la libert� de la presse est une opportunit� pour prendre du recul par rapport au m�tier de journaliste. Quand nous observons le paysage m�diatique alg�rien, on se f�licite d�abord de l�existence d�un nombre important de journaux. Il y a donc mati�re � satisfaction. Toutefois, il est regrettable d�observer qu�il y a moins de libert�, moins d�audace dans les �crits et dans la fa�on de poser les probl�mes. Les journalistes donnent l�impression de s�autocensurer par rapport � l��poque o� il y a eu l�ouverture du champ m�diatique. Bachir Cherif, directeur de la publication de La Tribune: Le 3 mai est une journ�e qui doit �tre d�abord un moment de recueillement pour les confr�res disparus dans diverses circonstances depuis l�ind�pendance. C�est aussi une marque de solidarit� pour la famille de la presse dont certains membres traversent des moments difficiles ce qui ne fait pas honneur � la corporation qui n�a pas pu, en d�pit de ses moyens, mettre en place un dispositif ou un fonds de solidarit�. Par ailleurs, il n�est plus temps de se lamenter sur les restrictions de libert� d�expression comme � chaque 3 mai, mais il faudrait plut�t entamer une r�flexion mature pour baliser l�exercice de la profession en respectant les r�gles d��thique et de d�ontologie pour le demi-si�cle � venir comme cela se fait dans toutes les grandes d�mocraties. Les pouvoirs publics doivent eux aussi veiller, en conformit� avec la loi, � �viter tout d�rapage de n�importe quelle structure de l�Etat pour l�exercice libre de notre profession. Et c�est dans cette fusion que nous pourrons nous arrimer � la probl�matique des technologies nouvelles et sortir de la situation embryonnaire dans la laquelle nous nous trouvons. Notre leitmotiv doit �tre en relation avec les repr�sentants de la profession de lutter contre les lobbys politiciens et financiers susceptibles de pervertir notre mission d�informer. Zine Cherfaoui, r�dacteur en chef El Watan : En d�pit de la d�cision d�amnistie en direction des journalistes d�cid�e l�ann�e pass�e et accueillie favorablement par la profession, et qui exprimait une volont� du pr�sident de la R�publique de normaliser les relations avec la presse, cela ne veut pas dire que tous les probl�mes de la profession sont r�gl�s. Par exemple, le code p�nal, qui pend comme une �p�e de Damocl�s sur la t�te des journalistes, pousse ces derniers vers une sorte d�autocensure de peur de tomber dans les dispositions du code p�nal. La c�l�bration du 3 Mai nous rappelle qu�il y a un combat � mener en ce qui concerne notamment la d�p�nalisation du d�lit de presse. L�autre aspect c�est que le pouvoir doit accompagner le syndicat pour garantir les droits des journalistes. Nous attendons donc des initiatives et l�encadrement du secteur par une loi. Ceci alors que si la presse est critiqu�e personne ne bouge pour am�liorer la formation des journalistes. C�est donc une halte pour faire le bilan de la profession. M. Djakoun, directeur de la publication de La Nouvelle R�publique : Aujourd�hui, la corporation n�est pas organis�e, il n�y a ni syndicat, ni association des �diteurs qui activent en vue d�am�liorer les conditions que conna�t la professions. Ceci pour un secteur qui est cens� �tre en avant-garde du combat pour les libert�s. Nous ne pouvons aussi parler de tirages alors que la presse ne couvre que 40 % du territoire national. Ceci alors que les journaux qui gagnent de l�argent peuvent aider le secteur � se d�velopper. Aussi et m�me si certains titres exercent une sorte de diktat en mati�re de distribution, gr�ce � Internet nous avons beaucoup de lecteurs et cela aura aussi dans l�avenir un impact sur les ventes. Ali Djerri, directeur de la publication D� El Khabar : Pour moi, la meilleure fa�on de passer � des actions concr�tes en faveur de la profession est le lancement par les �diteurs d�un centre de formation professionnelle pour les journalistes. Ce projet se fera en collaboration avec l��cole de Lille. J�esp�re que cette profession conna�tra une meilleure organisation. Depuis des ann�es, nous avons les m�mes priorit�s et les m�mes constats mais nous n�arrivons pas � avancer parce qu�il n�y a pas un mouvement d�ensemble de la corporation. Anis Rahmani, directeur de la r�daction d� Echourouk: Nous esp�rons � l�occasion de la Journ�e de la libert� de la presse faire le point sur notre profession et ce qu�elle a v�cu durant ces derni�res ann�es. Il faut une presse forte loin et distante des sph�res �conomiques qui menacent la libert� de la presse. La presse prouve de plus en plus qu�elle est le miroir de la soci�t�. Les lois doivent �tre chang�es pour que ne soit pas musel�e la seule voix d�expression de ce pays. Il est aussi intol�rable que des journalistes soient emprisonn�s � cause de leurs �crits. Kamel Amarni, Syndicat national des journalistes (SNJ) : A l�occasion de la Journ�e mondiale de la libert� de la presse, nous serons cette ann�e � Constantine pour c�l�brer l��v�nement les 2 et 3 mai. A Alger, sera d�pos�e une gerbe de fleurs � la place de la Libert�-de-la-Presse � la rue Hassiba-Ben-Bouali en hommage aux journalistes assassin�s. Le 2 mai sera organis� un d�fil� de mode organis� en collaboration avec NewPress. Un m�morandum du syndicat sur la d�p�nalisation et la libert� d�expression sera aussi pr�par�. Il sera adress� aux partis politiques et candidats en cours pour les prochaines l�gislatives. Tout le monde se d�termine par rapport � la question de la d�p�nalisation et � l��touffement de la libert� de la presse en Alg�rie. Pour les 6, 7 et 8 mai, un atelier de travail sur les techniques de n�gociations et la convention collective sera organis� dans le cadre d�un programme danois. Le m�me atelier se tiendra le 2 mai � Constantine. Dans la campagne de d�p�nalisation, nous avons pr�par� des brochures avec la F�d�ration internationale des journalistes (FIJ) qui seront distribu�es par la suite. Les th�mes choisis pour cette ann�e, en plus de la libert� d�expression, sont le statut national des journalistes.