De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Alors que la corporation célèbre la Journée mondiale de la liberté d'expression et de la presse, et au moment où les professionnels du secteur, journalistes et correspondants des différents titres, espèrent beaucoup plus de liberté d'action dans le recueil et le traitement de l'information, la presse locale dite généralement de proximité peine à atteindre le même niveau, notamment en matière de mobilisation des moyens nécessaires leur permettant d'accomplir leur mission, assurer le droit des citoyens à une information crédible et utile, loin de toute pression de chapelles politiques et de certains responsables d'administration. En effet, vingt ans après l'ouverture démocratique, les correspondants de presse, qui espéraient bénéficier de la révision du code de l'information, notamment l'abrogation des textes de lois (articles 144 bis et 146 du code pénal) poussant les journalistes à adopter un profil bas et les empêchant de s'exprimer librement et de s'investir pleinement dans leur mission, se débattent encore dans une situation vieille de plusieurs années (verrouillage médiatique de la part des administrations, difficultés d'accès à l'information et un arsenal juridique contraignant). Une situation grotesque, considèrent les citoyens avides d'informations crédibles et qui cherchent des canaux d'expression. A cet état de fait se sont greffées des conditions sociales drastiques : de nombreux correspondants locaux sont sous-payés et non déclarés par leurs employeurs et d'autres sont partagés entre le souci d'accomplir leur mission et la difficulté d'affronter les réalités amères de la vie quotidienne. Par ailleurs, le vieux rêve de la création d'une maison de la presse au niveau de la wilaya se trouve presque oublié par la corporation des correspondants locaux ; il en est de même pour le projet de restructuration et de la mise en place d'un collectif ou d'une association digne du métier de journaliste dans la région. Désorganisés et mal encadrés, un très grand nombre d'entre eux ont été contraints de courir derrière les responsables et les autorités locales ou de leur faire allégeance, à leur corps défendant, pour obtenir un logement et améliorer leurs conditions de vie quotidienne. Il y a lieu de noter que le projet de réalisation d'une maison de la presse au niveau de Bouira a été longtemps présenté comme une nécessité de la part des responsables de la wilaya, durant la période 2002 à 2007. L'APW avait même voté une enveloppe financière pour le lancement des études pour la construction d'un siège pour cet effet, tout en décidant d'associer les journalistes et correspondants dans le choix du terrain ou d'un édifice pouvant réunir les représentants des différents titres. Depuis, plus rien et même lors des différentes sessions de l'actuelle APW, le sujet est évité. Malgré ce constat, le 3 mai demeure pour les autorités locales une journée cérémoniale, à l'instar des autres occasions qui s'inscrivent dans le déjà-vu et déjà entendu. Cependant, pour la corporation concernée, on hésite encore à marquer une halte pour faire le bilan des années passées, discuter des perspectives et redémarrer ensuite d'un pas sûr et ferme.