L��lection pr�sidentielle fran�aise du 6 mai 2007 a consacr� l��chec du Parti socialiste (pour la troisi�me fois cons�cutive). Et plus � gauche encore que le parti socialiste, la d�faite a �t� cuisante. Faut-il voir dans ces derniers �v�nements politiques fran�ais mais aussi ceux de Grande- Bretagne o� le travailliste Tony Blair ne quitte pas le pouvoir aur�ol� du grand satisfecit de ses �lecteurs, ou encore ceux d�Allemagne o� le SPD a �t� rel�gu� au second plan par Angela Merkel, ainsi d�ailleurs que le parti social-d�mocrate su�dois qui a, lui aussi, perdu les �lections ? Faut-il voir donc, ici, l�incapacit� du socialisme europ�en � faire face au lib�ralisme triomphant plus r�aliste, plus pragmatique, plus en symbiose avec la mondialisation de l��conomie. En tout cas, le d�bat fait rage au sein des diff�rents partis socialistes d�Europe (mais pas seulement : voir la r�cente victoire de la socialiste Mme Bachelet au Chili gr�ce � une coalition avec les centristes de gauche ou encore la victoire de Lulla au Br�sil), divis�s entre tenants de la vieille gauche traditionnelle qui tient � ses valeurs (�nous ne gagnerons pas les �lections tant que l�on continue � courir derri�re la droite�) et ceux qui pr�nent la mise � plat de la pens�e socialiste et le �socialisme du r�el� (et non pas le �socialisme r�el� des ann�es de gloire des partis communistes). En un mot, et singuli�rement en France, le concept de social-d�mocratie fait l�objet de grandes controverses et de remise � plat de son contenu programmatique au moment m�me o� les partis sociaux-d�mocrates d�Europe comptabilisent, comme nous venons de le rappeler, leurs plus mauvais r�sultats et pas seulement �lectoraux. En France, la confusion a encore �t� amplifi�e par le slogan centriste de �ni gauche, ni droite� et l�important succ�s remport� par le candidat centriste � l��lection du 6 mai 2007. Mais qu�est-ce que la social-d�mocratie ? On peut rapidement rappeler que cette pens�e politique a connu trois contenus correspondant � trois phases d��volution diff�rentes. 1 Avant 1914, la sociald�mocratie d�signe les programmes des partis socialistes qui se fondent sur un esprit marxiste et le socialisme tel que le d�finit Marx. 2 A partir de 1917, L�nine d�signe par sociaux-d�mocrates ceux qui, en Russie et en Europe, ont fait barrage contre le communisme. 3 Apr�s la Seconde Guerre mondiale, la sociald�mocratie d�signe des partis qui, sans r�pudier le marxisme, ont beaucoup assoupli leur m�thode d�action. Ils sont de moins en moins des partis de classe et l�urgence n�est plus � la nationalisation des moyens de production. La social-d�mocratie aujourd�hui est une doctrine de gouvernement comme en Su�de, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Italie� o� le programme de gouvernement est r�formiste, rejetant la notion de parti de classe pour celle de parti du peuple, rejetant nationalisation et �tatisation et mettant en �uvre une politique de solidarit� et de justice sociales (�conomie sociale de march� en Allemagne). Du point de vue du programme politique, la sociald�mocratie cherche � concilier socialisme et d�mocratie, cherche � construire un compromis entre classes par la d�mocratie parlementaire : le socialisme doit �tre construit de mani�re progressive et pacifique dans le cadre de la d�mocratie repr�sentative. Du point de vue �conomique, la social-d�mocratie adopte une politique �conomique fond�e sur le keyn�sianisme privil�giant les r�formes des structures du capitalisme, adoptant des politiques macro-�conomiques actives (avec intervention de l�Etat), renon�ant � la transformation totale du r�gime de propri�t�. Mais les structures capitalistes �tant g�n�ralement d�ficientes au plan social, l�Etat intervient pour corriger les in�galit�s et les injustices sociales : c�est l�Etat-providence et ses politiques de protection sociale. Il faut cependant admettre que la mondialisation lib�rale a bouscul� s�rieusement la pens�e sociale-d�mocrate qui n�arrive plus l� o� elle gouverne, ni � r�tablir le plein emploi, ou alors � des co�ts sociaux tr�s �lev�s, ni � assurer la justice sociale et la non-exclusion, ni � construire une �conomie v�ritablement comp�titive. L��quation � r�soudre est bien complexe : comment allier efficacit� �conomique et justice sociale, comp�titivit� et protection sociale, contraintes d�efficacit� et Etat-providence ? La sociald�mocratie sait redistribuer mais ne sait pas produire les richesses. La sociald�mocratie a des programmes sociaux mais n�a pas de programme de croissance �conomique, le keyn�sianisme en �conomie ouverte, en �conomie mondialis�e perdant s�rieusement de sa pertinence et surtout de son efficacit�. La social-d�mocratie a des politiques de demande mais n�a pas de politiques de l�offre. Bref, la social-d�mocratie s�occupe mal de l��conomie et plus encore de l�entreprise. Tony Blair a bien commenc� sa gestion gouvernementale en Grande-Bretagne par cette d�claration : �Il n�y a pas une �conomie de droite et une �conomie de gauche, il y a une �conomie qui marche et une �conomie qui ne marche pas.� C�est alors l��mergence des notions ambivalentes de troisi�me voie, de lib�ralisme social ou encore de socialisme lib�ral. Nous avons rappel� que cette approche pragmatique des questions �conomiques, englu�es dans des pr�occupations de solidarit� sociale, n�a pas donn� de r�sultats probants. Elle n�a en tout cas pas emport� l�adh�sion des �lecteurs des pays concern�s qui ne supportaient plus le co�t social d�une croissance �conomique trop faible, d�une d�t�rioration importante des conditions de vie, d�un accroissement sensible des in�galit�s. Ces d�bats semblent bien loin de nos r�alit�s alg�riennes. Et pourtant, ils sont d�une actualit� br�lante pour peu qu�on dissipe de nos analyses l�immense �cran de fum�e de nos torch�res de gaz et les voiles de nos tankers de p�trole. L��conomie alg�rienne, qui se fonde aussi sur la recherche de l�alliance de l�efficacit� �conomique et de la justice sociale, fait toujours face � ce s�rieux probl�me de production de la richesse, ce s�rieux probl�me de l�offre, ce s�rieux probl�me de fabrication de la croissance.