Le pouvoir est en train de retourner en sa faveur le rapport Boucha�r et l�abstention massive des citoyens. Il joue sur du velours m�me si les partis de la coalition n�obtiennent que moins de 14% des voix de l�ensemble du corps �lectoral et sont donc loin de repr�senter une majorit� sociale. Mais enfin, ses moyens financiers et r�pressifs, les atouts internationaux du p�trole et la manne de 154 milliards de dollars en appel d�offres internationaux lui permettront de gouverner longtemps sans se pr�occuper de la population. Il a d�j� essay� de vider l�abstention de tout contenu politique significatif ne lui trouvant que des messages hostiles aux orientations �conomiques ou des messages de d�tresse sociale comme si ce type de contenu n��tait pas �minemment politique. La r�vision de la loi �lectorale nous donnera une id�e plus pr�cise des dispositifs charg�s de �nettoyer� la sc�ne politique et il s�agit apparemment d�une urgence puisque Ouyahia veut qu�elle entre en �uvre avant les municipales. Bien s�r, vous auriez raison de noter qu�on ne peut mesurer l�impact des partis politiques que s�ils disposent des m�mes chances m�diatiques de faire conna�tre leurs id�es et leurs programmes, sans quoi la comp�tition est in�quitable. Le pouvoir le sait qui squatte la t�l� et la radio et avoue sa volont� de garder pour lui ces m�dias. Ainsi donc, face � l�abstention, le pouvoir est d�cid� � plus de fermet�, de restriction, d�exercice solitaire de son autorit�. Le constat qu�il �tablit lui-m�me sur les causes de l�abstention le pousse au contraire � les ignorer. Il approfondit sa logique autoritaire, il aggrave son m�pris de la soci�t�, il r�cuse toute id�e de dialogue avec les autres forces pour conjurer les menaces qui p�sent sur la stabilit� du pays et pour desserrer l��tau du d�sespoir qui �treint les familles et la jeunesse. En clair, il veut continuer � servir les seuls int�r�ts des castes qui le composent et dont la richesse en accroissement fabuleux tranche chaque jour davantage avec les difficult�s v�cues par l�arri�re-pays et dans les quartiers populaires. La r�alit� historique est que le pouvoir recule encore l��ch�ance de la construction d�un Etat national repr�sentatif de notre soci�t�, se suffisant d�une administration � ses ordres, une administration partiale qui a perdu, depuis longtemps, la notion de service public et d�impartialit�. Comment pourront alors s�exprimer les contradictions grandissantes qui travaillent notre pays si elles ne trouvent encore moins de cadres d�expression, moins de possibilit� de n�gocier des compromis ? Par le chaos bien s�r, mais le chaos, comme la r�volte, n�est pas la r�volution, il a peu de chance de r�ussir face � tant d�argent et de puissance r�pressive et chacun de ses �checs renforce le pouvoir en place. Il est peut-�tre un choix d�lib�r�, le choix de g�rer ses int�r�ts par s�ismes successifs.