�Beaucoup d�attente et une grande d�ception� ou encore : �Tout cela pour �a ?�, ainsi pourrait-on r�sumer les nombreux commentaires de la presse et opinions de formations politiques, ou observateurs, qui ont suivi la reconduction du gouvernement au lendemain des l�gislatives (lundi 4 juin 2007). Est-ce surprenant ? Est-ce d�cevant comme on se pla�t � le dire ? Certainement pas. Seule une forte dose d�optimisme b�at ou d�ang�lisme stupide, pouvaient conduire ceux qui sont atteints de ces maux, � penser que le changement des hommes et des femmes appel�s � exercer des fonctions minist�rielles serait la r�ponse du premier magistrat du pays, � l�abstention � rejet du syst�me et ceux qui l�incarnent � de plus de 18 millions d�Alg�riens le 17 mai 2007 (l�gislatives). Hormis les ex-ministres des Affaires �trang�res (Mohamed Bedjaoui) et de la Jeunesse et des Sports (Yahia Guidoum) qui ont demand� � �tre d�charg�s de leurs fonctions et � partir, comme l�ont rappel� Echourouk El Youmi et El- Khabar, de la semaine �coul�e, il �tait absolument attendu que tous les autres soient reconduits, quand bien m�me certains d�entre eux ont chang� de secteur, ou que d�autres ont h�rit� de minist�res aux missions �largies. Dans le langage des enfants cela s�appelle le �jeu des quatre (4) coins�, dont la r�gle principale est de ne jamais demeurer au milieu tandis que quatre joueurs occupent chacun un coin et proc�dent � des changements entre eux. Durant ce laps de temps tr�s court, celui du milieu doit rejoindre en courant tr�s vite, un coin qui se vide. L�illusion est de croire qu�il y a du changement alors que la partie peut durer dans le temps entre les m�mes joueurs. Toujours les m�mes. Et les ministres comme les enfants sont in�puisables � ce jeu. Ainsi, est-il vain de se demander pour quelles raisons celui-ci passe de la Communication � la Jeunesse et aux Sports ? Celui-l� du minist�re de la Ville � la Communication ? L�autre du Tourisme � l�Habitat, etc. Ce serait en effet inutile car il n�y a pas de r�ponses logiques � des situations qui ne le sont pas. Ou tout au moins il n�existe qu�une seule r�ponse : L�autoritarisme avec lequel M. Bouteflika a entendu exercer ses pouvoirs depuis 1999 a fait que son souci majeur d�appara�tre omnipr�sent, omniscient, indispensable, l�a convaincu qu�il pouvait d�cider seul, sur tout et pour tout sans que quinconque s�y oppose. Cela a �t� d�autant plus ais� pour lui qu�il n�a cess� jusqu�� ce jour de concentrer entre ses mains les trois pouvoirs, les instrumentalisant � sa guise, sans qu�il rencontre la moindre opposition. Cette fois-ci, comme celles qui l�ont pr�c�d�e, il a d�cid� que ses �hommes� et leurs deux coll�gues femmes seraient reconduits au gouvernement avec le m�me Belkhadem, il l�a fait. La presse gouvernementale et celle proche de la pr�sidence ont entendu nous convaincre dans des �ditoriaux dithyrambiques naus�eux, que cette reconduction �tait motiv�e par le souci du premier magistrat du pays de maintenir la continuit� dans l�ex�cution de son programme. Comment avaler ces grosses couleuvres lorsqu�on se souvient des affronts publics auxquels furent soumis plusieurs ministres reconduits, lorsqu�ils eurent � subir les col�res publiques elles aussi, de leur pr�sident usant et abusant � leur �gard de l�injure et de l�outrage ? Quel spectacle affligeant que ces ministres humili�s par leur pr�sident oublieux, quant � lui de la retenue et de la r�serve qu�exigent ses hautes fonctions ! Ces shows pr�sidentiels fortement m�diatis�s nous aurons tout de m�me appris que le chef �tait particuli�rement m�content de son �quipe. Reconduit-on �une �quipe qui perd� ? (Hakim Laalam). Avec Abdelaziz Bouteflika on peut r�pondre par l�affirmative. S�il avait entendu en effet lancer v�ritablement et s�rieusement les grands chantiers des r�formes qui l�en aurait emp�ch� ? Rien ni personne hormis sa volont� politique r�elle de mettre sous le coude les rapports des commissions �ducation et justice, �labor�s par des hommes et des femmes aux comp�tences av�r�es. Le marasme �conomique et social d�une Alg�rie gangren�e par la corruption est all� en s�aggravant sous le r�gne de Bouteflika. Aussi, pour se disculper et nier que l�immobilisme dans lequel est plong�e l�Alg�rie est son fait � lui, sa responsabilit� et sa faute rien de mieux que de reconduire une �quipe �d�incomp�tents� �d�incapables� � ainsi pr�sent�e et qualifi�e � par Abdelaziz Bouteflika pour lui faire porter le chapeau de l��chec. Peu importe les secteurs confi�s aux ministres, peu importe leur changement de tel minist�re � tel autre �de toutes les mani�res ils ne r�ussiront pas�, nous dit le chef de l�Etat. Ce n�est absolument pas dans un souci de maintenir une �quipe �rod�e� aux missions et fonctions qui lui sont confi�es qu�il a d�cid� la reconduction. C�est pour maintenir l�immobilisme d�sesp�rant d�une Alg�rie qu�on nous dit riche et en excellente sant�. Sans doute pour ceux d�en haut puisque ceux d�en bas ne voient que ses maladies. De la m�me fa�on que de par ses visites dans les wilayas effectu�es dans un silence total par le pr�sident (pas de discours, pas m�me de recommandations et plus de col�res publiques) au lendemain des l�gislatives pour faire endosser la responsabilit� de l�abstention aux partis politiques, la reconduction des membres du gouvernement signifie �ce sont eux ce n�est pas moi�. Les ministres ne travailleront pas plus demain qu�il ne l�ont fait hier parce qu�ils ne le peuvent pas avec un chef de l�Ex�cutif qui les t�tanise, les humilie (et tant pis pour eux) se m�le de tout et consid�re qu�ils sont eux et leur chef du gouvernement des �ex�cutants� si tant est qu�ils aient des choses � ex�cuter. Pourtant, il faut bien reconna�tre que cette reconduction attendue a �t� l�occasion pour le premier magistrat du pays de faire durer �un semblant de suspense� en retardant l�annonce officielle du gouvernement mais pis encore : en cr�ant un v�ritable imbroglio juridique. Qu�on en juge : 1) Le 31 mai 2007 par d�cret pr�sidentiel n�07/166 il met fin aux fonctions des ministres s��tant port�s candidats � la d�putation (17 au total en sus du pr�sident de l�Assembl�e nationale). Or � cette date-l�, le gouvernement par le biais de Abdelaziz Belkhadem n�avait pas encore d�missionn� (suite aux l�gislatives). Les ministres-d�put�s ont �t� donc purement et simplement �licenci�s� par leur pr�sident avant la d�mission de toute l��quipe. Sans m�me passer devant une commission de discipline et sans le recours � l�Inspection de travail ! Tr�ve de plaisanterie ! Le d�lire ne s�arr�te pas l�. Le m�me jour : 2) C�est-�-dire le 31 mai, un second d�cret n�07/167 nomme le chef du gouvernement et quelques ministres int�rimaires avec mission de remplacer donc leurs coll�gues �licenci�s� Et c�est ainsi que Abdelaziz Belkhadem l�islamiste a h�rit� de l�Education nationale. Toute une symbolique et un message fort de Abdelaziz Bouteflika nous signifiant : Voil� l�Ecole que je veux et le projet de soci�t� dont je r�ve pour l�Alg�rie. L�Alg�rie a donc �t� plac�e en �int�rim� sans que cela choque �hormis le CCDR qui s�est exprim� dans la presse � les formations politiques et autres observateurs. 3) Le 1er juin 2007 : Un troisi�me d�cret n�07/168 met fin aux fonctions des �int�rimaires� et autres membres suite � la d�mission du gouvernement � ou ce qu�il en reste � par Abdelaziz Belkhadem, avec missions �de g�rer les affaires courantes en attendant la d�signation d�un nouveau gouvernement� (article 2 du d�cret) et d�assurer bien entendu l�int�rim dont ils ont �t� charg�s. Du 1er juin au lundi 4 juin, l�Alg�rie a subi l�int�rim. Enfin 4) le 4 juin 2007 � l�exception de l�ancien ministre de l�Habitat non reconduit (d�put�), des ministres des Affaires �trang�res et de la Jeunesse et des Sports (d�put�) partants � leur demande, les ministres �licenci�s� par leur pr�sident avant m�me la d�mission du gouvernement ont tous �t� reconduits (r�int�gr�s serait plus juste). Pourquoi donc ces juridismes inutiles lorsqu�on sait que le gouvernement aurait pu d�missionner avant m�me l�installation de l�APN sans qu�il y ait recours � un int�rim de nature � entamer s�rieusement la cr�dibilit� des institutions ? Pourquoi donc tout cela lorsqu�on sait que le chef de l�Etat �tait d�cid� � reconduire le m�me gouvernement strictement le m�me ? Pour une raison tr�s simple non juridique celle-l� : Abdelaziz Bouteflika s�est piqu� une fois de plus � son jeu favori : �Je fais ce que je veux comme je le veux et au moment o� je le veux�. Les Alg�riens attendent le gouvernement ? Je les ferai attendre. Ils veulent des visages nouveaux, des comp�tences ? �Je reconduis les m�mes parce que ce que vous voulez ne m�int�resse pas. Seul m�int�resse ce que je veux�. �Et ce n�est pas � moi que le peuple a dress� son message d�abstention, c�est aux partis politiques�. �Donc je n�entends rien, je ne vois rien� et vive la fuite en avant !... petit changement tout de m�me : l�ancien ministre des Finances se retrouve aux Affaires �trang�res. Secteur d�sormais r�serv�, semble-t-il, � une seule wilaya et aux ministres qui reconnaissent publiquement qu�ils manquent d�intelligence ! Il resterait que ces trois d�crets seraient un excellent exercice dans le genre �casse-t�te choinois� pour des �tudiants en premi�re ann�e de droit que leur soumettrait un professeur de droit constitutionnel de mauvaise humeur en raison d�une crise de gastrite aigu� ou d�une sciatique rebelle � tous les analg�siques. Sourd au message du peuple, le chef de l�Etat semble surtout pr�occup� actuellement d�appara�tre en bonne forme. Pourquoi pas ? Sauf qu�au d�ner offert en l�honneur de Daniel Ortega, il a lu son discours � la vitesse V. Finis les arr�ts pour marteler trois fois la m�me phrase, le m�me mot, finis les grands gestes des mains, les tapotements sur le pupitre ou le micro et les dictons du terroir qu�il affectionne particuli�rement. Ce d�ner retransmis � la t�l� (Informations) avait d�ailleurs quelque chose d�irr�el : un pr�sident �tranger, v�tu d�une veste en cuir, le col de la chemise ouvert, sans cravate, cheveux longs face � son h�te cravat� et fatigu� quoi qu�on en dise, press� d�en finir. Fortement press� d�en finir. Un chef d�Etat (Alg�rien) qui n�a pas entendu commenter l�abstention, ou ce qu�il pense de l�Assembl�e nationale fra�chement �lue. Ou, en sus d�avoir �t� �mal �lue�, il est � souligner le peu de femmes �lues (28 au total) Sur 389 d�put�s, c�est d�risoire. Et plut�t que de nous pr�senter l�une de celles-ci (la d�put�e de S�tif) comme avocate, une certaine presse ( Echourouk notamment) a lourdement insist� sur la beaut� de cette �lue. Parfait exemple de misogynie que celui-ci. Car �tre juriste et �lue c�est excellent. Etre belle ne g�te rien, bien au contraire. Mais de gr�ce Na�ma � c�est le pr�nom de cette d�put�e dont je ne me souviens pas du nom, mille excuses � n�est pas un objet d�attraction ! Elle est femme, avocate et �lue. A-t- on entendu la presse dire d�crire un d�put� comme �bel homme� ? �videmment non. Alors messieurs � vos marques car cette juriste vous �tonnera bient�t par son travail en sus de sa beaut�. Pour quelles raisons, comp�tence et beaut� ne feraient-elles pas bon m�nage ? Toutes deux appartiennent au genre f�minin pourtant : la comp�tence, la beaut�. En tout �tat de cause, il est surtout regrettable qu�il y ait si peu d��lues. Pourtant comment s�en �tonner lorsqu�on sait � quelle place figuraient des candidates pr�sent�es par leurs partis dans certaines wilayas et notamment la capitale ? Sur ce point, on ne peut pas imputer la seule responsabilit� aux autorit�s politiques qui ne font pas pour autant d�effort en direction des femmes alg�riennes. Le code de la famille dont plus personne ne parle en est la meilleure preuve ! Ce qui est absolument certain c�est que bien au-del� d�une reconduction de gouvernement, le malaise est profond. Et au risque de r�p�ter ce que j�ai dit dans une pr�c�dente chronique, je rappellerai que la gr�ve d�cid�e par la famille des barreaux d�Alg�rie le 10 juin est un signe qui ne trompe pas : non pas seulement pour la justice d�une sant� plus que d�ficiente, non pas pour l�avocat qui a des devoirs mais qui a des droits. Cette gr�ve est importante pour le citoyen qui se doit d��tre solidaire avec les avocats, il se doit de comprendre le sens profond de cette protestation. Car �l�avocat est celui qui est l� lorsqu�il n�y a plus personne�, a dit un avocat fran�ais bien connu. Si les droits de la d�fense sont pi�tin�s, que restera-t-il donc des �droits� du citoyen ? Il y en a d�j� si peu ! Une justice qui n�est pas canalis�e dans ses �lans de �machine broyeuse� par la d�fense est une justice qui fait peur parce qu�elle est aux ordres. Une justice que le politique instrumentalise au m�me titre que le l�gislatif. C�est l� toute la signification de la reconduction d�un gouvernement licenci� en partie, int�rimaire en partie, puis rappel� dans son entier aux m�mes fonctions avec le m�me chef d��quipe. Qui a dit que l�Alg�rie se portait mal ? L. A. NB. : Le fils de Ali Benhadj est donc aux c�t�s des kamikazes d�Al- Qa�da. �Tel p�re, tel fils�. Si par hasard sa m�re ne venait qu�� pleurer un jour sa disparition, qu�elle s�che vite ses larmes en pensant � tous ceux que son �poux a endoctrin�s � la mosqu�e Essouna (Bab- El-Oued) et encourag�s � assassiner les d�mocrates et la d�mocratie qu�il avait qualifi�e de kofr.