Comme redout�, les Verts ont c�d� devant le pi�ge guin�en. Par trop plein de pression, de confiance ou en raison de la carrure de l�adversaire ? Peut-�tre le tout � la fois. Une chose est certaine, l�Alg�rie n�a pas �t� de la f�te samedi soir. Sa s�lection n�est pas certaine d��tre de la f�te de Ghana-2008. Le �Peuple� �tait pourtant l�, au stade du 5-Juillet plein � craquer par la d�ferlante de supporters venus t�t le matin, de partout. Le bain de foule que se sont offert Meniri et ses jeunes �quipiers subjugu�s par l�ambiance, une heure et demie avant la rencontre, laissait penser le contraire. La d�faite de ce samedi a-t-elle un lien avec les effets � retardement du match du Nou Camp devant l�Argentine ? Serait-ce la ran�on que notre jeune s�lection doit payer pour esp�rer ses heures de gloire ? Des questions et d�autres encore que les Alg�riens, presque tous, se sont pos�es au sortir d�une confrontation qui pouvait remettre en marche le train du football alg�rien. Le match en lui-m�me n�en �tait pas un pour les joueurs de Cavalli. Ceux-ci devaient composer sur des param�tres qui, apparemment, n��taient pas envisag�s par le staff technique national. La d�concentration g�n�r�e par le retard pris par l�engagement de la partie, la sortie pr�matur�e de Abderaouf Zarabi, le poteau qui repousse le tir pointu � bout portant de Mehdi Meniri, puis ce but assassin de Mansar� sur la premi�re s�rieuse attaque des avants du Sily National. Les pri�res de nos joueurs d�avant-match ne trouvaient pas d��cho aupr�s des dieux du temple olympique qui laissaient quand m�me un brin d�espoir quand Hadjaoui rate sa sortie sur une balle anodine et offre � Souleimane Youla l�occasion d�achever, d�s le 1er half, l�EN, n��tait le poteau qui repoussera l�essai de l�attaquant de Lille. La suite ne fut que cauchemar pour Belhadj et Ziani qui manquaient toutes leurs balles arr�t�es qu�ils avaient bien r�ussies dans d�autres circonstances et en d�autres lieux. La pelouse du 5-Juillet serait-elle redevenue maudite pour le club Alg�rie dont la derni�re d�convenue � Alger est intervenue face au Maroc, en 2001, lors des �liminatoires du Mondial nippocor�en. Ce jour-l�, rappelons-nous, les Verts ont d� faire face aux bourdes de� Meniri, lequel offrit l��galisation aux Lions de l�Atlas, puis de Meza�r qui encaissera un butgag suite � un long d�gagement qui ira se nicher dans la lucarne droite de ses bois. Samedi soir, c�est une autre approximation de la d�fense alg�rienne, t�lescopage entre Meftah et Bougherra, que Feindounou r�ussira, � dix petites minutes du terme des d�bats, � ajuster le portier des champions arabes, Hadjaoui. Le destin des poulains de Cavalli venait de prendre une nouvelle tournure. D�une joyeuse soir�e de f�te, Sa�fi, qui a rat� tout ce qu�il a entrepris, et ses camarades allaient sombrer dans un cruel drame. Un g�chis que personne n�a pr�vu, du moins n�entendait pas parler depuis que l�Alg�rie �tait all�e � Barcelone d�fier Messi et ses fr�res argentins. 25 ans plus tard� L�histoire est un �ternel recommencement. Au petit d�tail pr�s. 16 juin 1982, l�Alg�rie faisait son entr�e � la f�te du football mondial en affrontant la RFA de Rummenigge, Breitner, Kaltz, etc. Une �premi�re� qui a marqu� la phase finale du Mondial espagnol. Madjer, Belloumi, Dahleb, Korichi, Merzekane, Mansouri Fawzi, Zidane Djamel et autre Cerbah ont fait plier l�ogre allemand. L�Alg�rie �tait en transe lorsque le referee p�ruvien Labo ordonnait aux 22 acteurs de rentrer d�finitivement dans les vestiaires. L�EN venait de frapper un grand coup de ma�tre son premier coup d�essai. Les Alg�riens r�vaient, r�vaient et ne faisaient que de beaux r�ves. Certains pensaient que ce Mondial-82 �tait promis aux Verts. Mais, le r�ve ne dure qu�un temps. Cinq jours plus tard, loin du Stadio El Molinon de Gijon, � Oviedo pr�cis�ment, Khalef et sa bande se faisaient rattraper par la r�alit�. L�Autriche progermanique de Harald Schmidt se venge. Froidement, Schachner et Krankl ex�cutent l��quipe d�Alg�rie qui n��tait plus la m�me que celle qui a mis � genoux Hrubech et Schumacher. Merzekane ne planait plus, Madjer et Assad avaient du plomb dans les jambes et Cerbah ne faisait que regarder les balles fuyantes siffler � l�int�rieur ou � c�t� de ses bois. Les Alg�riens d�couvraient que le football est cet art qui fuit l�artiste � la moindre d�concentration de celui-ci. L�inspiration du jour n��tant plus en mesure de se reproduire le lendemain. Fin de l��pisode de 1982. 25 ans plus tard, � quelques jours pr�s, le football alg�rien se fait rattraper par son pass�. L�Argentine nous donne l�occasion de se mesurer � Messi, Tevez, Cambiasso, Ayala et d�autres stars de grands clubs europ�ens. Le gala se tient au Camp Nou qui fait r�ver tous les petits et grands footballeurs du monde. Belle architecture, bon �clairage, belle pelouse, bonne ambiance et au bout une d�faite qui a pris le costume de la� f�te. Cavalli, ses joueurs et tous les observateurs ont jubil� malgr� les d�faillances, les imperfections et les �tats d��me de certains joueurs qui comptaient mieux briller sur le ciel catalan. Tous �taient conscients que c�est ce genre de rendezvous qui peuvent rendre au football alg�rien son aura, sa virginit�. Et tous pensaient que tout �tait � faire. La r�f�rence du renouveau de la s�lection nationale �tait ce nul ramen� de Praia face au Cap- Vert. Cavalli �tait conscient qu�apr�s un tel exploit, les Verts avaient trac� leur avenir dans ces �liminatoires et plus loin encore. Durant la conf�rence de presse d�avant-match, le technicien fran�ais insistait sur le fait qu�il ne redoutait pas la Guin�e et cet adversaire viendrait en Alg�rie pour jouer le match de sa vie. C�est pourquoi, il a averti ses joueurs et mis au parfum les supporters et les observateurs de ne pas consid�rer le match amical contre les Albicelestes comme la r�f�rence de la s�lection qu�il a constitu�e en une ann�e de travail. Cavalli pr�cisait qu�il a d�sir� jouer contre l�Argentine pour un double objectif. Personnel, car, estimait-il, ce n�est pas tous les jours qu�il aura la chance d�affronter une s�lection qui a tout gagn� depuis qu�elle a �t� constitu�e il y a plus de 100 ans. Collectif, puisqu�il assurera qu�une telle confrontation allait conserver un certain dynamisme chez les joueurs qui sont, pour la plupart, en vacances depuis fin mai. M. B. FICHE TECHNIQUE Alger, stade du 5-Juillet, temps lourd, terrain bossel�, �clairage satisfaisant, affluence record �valu�e � 70.000 spectateurs, arbitrage de M. Guezzaz assist� de MM. Mohamed Ayoub et Driss Haraki (Maroc). 4e arbitre : Cha�bane Ma�mar (Alg�rie), commissaire au match : Sancho Khaled (Tunisie) Buts : Fod� Mansar� (43�) et Feindounou (82�) Guin�e Averts. : Souleimane Youla (45�) Guin�e, Ziani (90�+3�) Alg�rie Alg�rie : Hadjaoui- Zarabi puis Bezzaz (8�)- Yahia puis Deham (46�)- Bougherra- Meniri- Mansouri- Belhadj- Amri puis Ghilas (65�)- Sa�fi- Ziani. Entr. : Cavalli Guin�e : Diarso- Zayatte puis Kalabane (76�)- Daouda Djabi- Mamadou Diallo- Sylla Confor�- Ciss�- Ibrahima Camara- Souleimane Youla puis Kaba Diawara (90�+1�)- Ismail Bangoura puis Ibrahima Bangoura (81�)- Feindounou- Mansar�. Entr. : Nouzaret
A chaud� JEAN-MICHEL CAVALLI �Les Guin�ens �taient efficaces� "Je pense que l'Alg�rie n'a pas trahi son match. On a jou� face � une �quipe class�e 22e mondiale, il ne faut pas l'oublier. Les Guin�ens �taient plus efficaces que nous. Sur trois tirs cadr�s, ils en ont marqu� deux, alors que de notre c�t�, nous avons rat� deux buts en 1re mi-temps qui auraient pu changer les donn�es du match. A l'issue des matches de cette journ�e, les quatre �quipes du groupe 8 ont des chances de se qualifier. Maintenant, une victoire alg�rienne en Gambie est imp�rative pour esp�rer se qualifier." ROBERT NOUZARET �Les Alg�riens ont jou� facile� "On a adopt� la tactique des contres qui a port� ses fruits. Le fait d'avoir marqu� en 1re mi-temps, nous a �norm�ment aid�s puisqu'il a mis la pression sur notre adversaire. C'est une victoire pr�cieuse certes, mais rien n'est encore assur� pour nous. On doit en effet gagner notre prochain match � domicile face au Cap- Vert pour assurer notre qualification. Je crois que l'Alg�rie est entr�e quelque peu dans la facilit� surtout apr�s le grand match r�alis� face � l'Argentine".
ILS �TAIENT PLUS DE 70 000 SUPPORTERS A INVESTIR LE 5-JUILLET Choc populaire La contre-performance du onze national, samedi soir � Alger, a g�n�r� une �norme d�ception pour les supporters alg�riens. L�espoir pour ces milliers de supporters qui ont investi le temple du 5-Juillet, et des millions qui �taient branch�s � leurs transistors et petit �cran s��tait brutalement estomp� au moment o� Feindounou ex�cutait un ma�tre-tir � l�entr�e des 18 yards qui �chouera dans le petit filet du coin droit des bois de Hadjaoui. A ce moment, le stade olympique d�Alger se vida progressivement. La consternation et le d�pit se lisaient sur tous les visages. Les jeunes ne retenaient plus leur col�re et les moins jeunes se rem�moraient les moments durs travers�s par le football national depuis les m�morables ann�es 1980. Hakim, cadre dans une banque, se f�che, se l�che. �Je ne pensais pas revivre les moments cruels d�un pass� r�cent qui m�avait chass� des stades. J�esp�rais cette fois revivre les d�lices que procurent les joies des victoires de notre football. Hier (vendredi, ndlr), j�avais souffert avec mon club pr�f�r�, le MCA, qui est quand m�me pass� en finale. Mais, aujourd�hui, ma souffrance n�a pas de limite. Je ne peux m�expliquer cette nouvelle humiliation.� Humiliation, le mot est fort. Tellement fort qu�un vieil homme aussi nostalgique que Hakim le banquier l�interpella pour le raisonner. �Voyezvous, c�est le football. Un jour on gagne et l�autre pas. Mon fils, la vie est autrement plus d�licate qu�une partie de football. La pomme de terre est � 70 DA et rares sont ceux qui osent approcher les �tals d�une boucherie ou d�une poissonnerie. Nous aimons notre pays, ses jeunes et ses vieux. Nous devons travailler et ne pas compter sur le fruit des autres�� Les plus jeunes qui assistaient au �d�bat� n�ont pas manqu� de livrer leurs sentiments. �Moi, j�ai jou� dans un petit club (Bouzar�ah), o� nous n�avions m�me pas des ballons pour pouvoir accomplir le travail technico-tactique. J�ai alors tent� ma chance au sein d�un club hupp�, le MCA, mais � mon grand d�sappointement, j�ai �t� rabrou� avant m�me de franchir le portail du stade de Bologhine. Aujourd�hui, l�EN paie les d�rives des clubs. Elle est compos�e de joueurs form�s en France dont le niveau du championnat n�est pas terrible. Nous avons, certes, Belhadj, Ziani, Anthar Yahia, Amri et Bougherra et derri�re qu�est-ce qu�il y a ? Sa�fi est proche de la retraite, Deham ne joue plus depuis le mois de janvier, Meniri �volue en D2, comme Matmour, Ghilas. Je ne dis pas qu�ils ne sont pas bons. Je pense sinc�rement que leur niveau ne peut �tre meilleur que celui de Hadj A�ssa, Bougu�che, Hamlaoui et beaucoup de joueurs de notre championnat national. Je suis persuad� que si Cavalli se donne la peine de leur accorder leurs chances, ils prouveront ce dont ils sont capables�, confie-t-il. Il fait tard, et les cohortes de voitures mass�es pr�s des parkings du complexe Mohamed-Boudiaf se frayaient difficilement un chemin. La route du retour � Oran, BBA, Constantine, Tlemcen et les autres contr�es du pays est longue. Apr�s une d�faite, les kilom�tres sont plus durs � avaler. Les supporters de la capitale choisissaient d�ouvrir une autre page. Celle de la finale de coupe entre le Mouloudia et l�USMA. M. B. TEMPS D'ARR�T Faut-il croire au miracle ? L�EN a courb� l��chine le jour o� tout le monde s�attendait le moins. A domicile et � l�occasion d�un anniversaire qui a marqu�, 25 ans plus t�t, le vrai d�part du football alg�rien sur la sc�ne internationale. Perdre est antagonique au sens vaincre, mais la victoire n�est jamais promise. Comme les guerres, elle est � arracher au prix de multiples batailles, de sacrifices et de souffrances. L�Alg�rie de 2007 pensait avoir assez souffert de son pass� tumultueux fait de bricolages et de d�voiement des principes. Elle a repris confiance en ses footballeurs qui, en moins d�un an, ont r�ussi � attirer les regards. Ici plus qu�ailleurs. Ziani, Belhadj et d�autres accrochent la vue et arrachent l�estime des recruteurs. Gr�ce � leur parcours en club, mais aussi aux appoints r�colt�s au sein de la s�lection nationale d�Alg�rie. Cette derni�re en berne forc�e depuis Tunisie-2004 et l��pop�e de Sousse a retrouv� l��me des grandes. Conqu�rante, elle l��tait depuis l�arriv�e de Jean- Michel Cavalli que, il y a un an, personne n�a appr�ci� le recrutement par une f�d�ration en manque de sous. La FAF a n�goci� avec Troussier, Trapattoni et de nombreuses autres pointures pour finalement jeter son d�volu sur un inconnu. A force de vouloir prouver quelque chose � ses d�tracteurs, le Corse s�est donn� la force mentale n�cessaire pour r�ussir son examen qui passait par celui de la s�lection de tout un peuple. Avant le d�but des �liminatoires, le club Alg�rie avait du mal � montrer son nez. Cavalli qui n�avait pas beaucoup de temps pour mettre en place son groupe en pr�vision du d�placement, d�s septembre, � Conakry pour croiser le fer au favori de la poule 8, abandonnera brutalement ses prospections. Pour lui, Ghana- 2008 sera un chemin qu�emprunteront les joueurs les plus comp�titifs. Sans �tats d��me, il optera pour la l�gion �trang�re form�e d�un petit noyau qui a fait l�exp�dition de 2004 et qui a �t�, aussi, derri�re le ratage de l��dition d�apr�s. Les locaux ont fait de br�ves apparitions contre le Soudan et la Libye, deux matches amicaux disput�s � Alger. Les expatri�s en ont accapar� les tests amicaux (Burkina Faso, Gabon et Argentine) jou�s dans l�Hexagone et en Espagne respectivement. Les r�sultats de la s�lection aidant, Cavalli et son staff pouvaient donc b�n�ficier de l�appui de la f�d�ration, de la sympathie et du soutien des supporters. En quatre sorties dans ces �liminatoires de la CAN-2008, le bilan du technicien fran�ais �tait irr�prochable, ou presque. Quelques fausses notes ont failli disloquer l��difice fra�chement consolid�. Brahami, Ziani, Cherrad, Hadj A�ssa, et re-Ziani ont �t� autant de �p�pins� qui ont fait grincer � un moment ou un autre la machine des Verts. Ceux-ci faisaient aussi les frais du bras de fer aigre-doux entre le MJS de Yahia Guidoum et la FAF de Hamid Haddadj. Face � la Guin�e, tout �tait balay� et rien ne semblait, enfin, perturber la marche vers la gloire de Amri et compagnie. Apr�s le match face au Cap-Vert, Cavalli disait que �Nous avons appris � marcher et qu�il nous fallait maintenant apprendre � courir�. L�Argentine �tait un croche-pied amical sans frais. Mais, la marche d�apr�s aura �t� fatale pour les Alg�riens. Le r�ve d�escalader les �chelles tient d�sormais � un fil : provoquer le miracle � Banjul. Un miracle � l�Alg�rienne.