Malgré cet échec, la qualification pour le Ghana reste possible pour les Verts. La désillusion aura été totale. «Le match qu'il ne faut pas rater» avions-nous titré dans notre édition de samedi, le jour de ce rendez-vous décisif pour notre équipe nationale de football. Le fait est qu'elle l'a raté complètement et nous a jetés dans les rets de la déception qui nous rappelle que cette discipline continue, plus que jamais, de manger son pain noir. L'heure, aujourd'hui, est à la critique facile qui veut que le mal se trouve en l'entraîneur Jean-Michel Cavalli, coupable de n'avoir pas su mener l'équipe algérienne vers la victoire face aux Guinéens. La même critique visera la Fédération de football en qui on voit celle qui échoue dans sa mission de redressement de la discipline. Comme toujours, on mettra un bandeau sur les yeux pour éviter de voir tous les à-côtés qui ont contribué à mener le sport n°1 du pays, en termes de popularité, à la situation qui est la sienne. On évitera de parler du triste constat d'une élite de notre championnat dirigée par des présidents de club qui n'ont, pour la plupart, que le souci d'user à profusion de l'argent public, pour gérer, sans aucun contrôle efficient et faire entendre parler d'eux dans l'achat et la vente de joueurs sans talent, pour des sommes qui ont largement dépassé la décence dans un pays où le citoyen se bat quotidiennement contre la cherté de la vie. On évitera, bien sûr, de parler d'années d'errement qui font qu'il n'y a pas eu de réelle prise en charge du problème à un niveau politique. Car, lorsqu'on parle d'infrastructures manquantes, de clubs mal gérés, de centres de formation et d'entraînement, inexistants, de cadres sportifs peu ou pas recyclés, cela ne peut être du ressort de la fédération mais bien de l'Etat comme le dicte la loi 04-10 sur le sport. Pour exemple, le match de samedi s'est joué sur une pelouse naturelle pelée, une pelouse qui date de 1980 et qui a subi, d'année en année, des rafistolages. C'est sur elle et dans un stade qui date de 1972 que se dérouleront les prochains Jeux africains. Quand on veut avoir un bel immeuble, avec des fondations solides, parti pour durer dans le temps, il ne faut pas lésiner sur les moyens et suivre pas à pas la construction. C'est la même chose pour une équipe nationale. Si on en veut une qui soit compétitive sur des années, il faut agir au niveau de ses fondations et celles-ci sont représentées par les clubs auxquels il faut donner les moyens d'activer et de se développer mais avec des dirigeants autrement plus compétents que la plupart de ceux qui exercent en ce moment. La réussite passe par là. Tout le reste n'est que de la poudre aux yeux et si l'équipe nationale avait battu celle de Guinée, le problème du football algérien serait resté entier. Une histoire de tactique Mais elle ne l'a pas fait, se faisant renvoyer à ses études par un Onze guinéen dont certains ont pensé qu'il allait être «mangé» tout cru par nos joueurs. La grosse artillerie va être, certainement, utilisée pour «bombarder» le coach national, Jean-Michel Cavalli, auquel il sera reproché de n'avoir pas usé de la meilleure tactique pour battre l'adversaire. Il est vrai que celui-ci a désarçonné l'écrasante majorité des supporters de l'équipe nationale, qui n'arrivait pas à comprendre qu'on puisse aligner chez soi un dispositif en 5-4-1. Même Robert Nouzaret, l'entraîneur français des Guinéens, n'en était pas revenu. «Très sincèrement, je m'attendais à ce qu'il joue en première mi-temps comme il l'a fait en seconde», nous a-t-il dit à la fin de la rencontre. Le système Cavalli a, donc, fait faillite et a mené l'équipe vers le gouffre de la défaite. Chaque Algérien s'est érigé en entraîneur, samedi soir, estimant que Cavalli n'avait pas fait le bon choix. Voila comment le Français, qui croulait une semaine auparavant sous le poids de commentaires élogieux est, subitement, devenu un paria qu'il convenait de congédier. On aurait pu, simplement, se demander ce qui serait advenu de ce Cavalli, si Mehdi Meniri avait mis son ballon de la 40' du match au fond des filets de l'adversaire et non sur le poteau. L'équipe d'Algérie aurait, alors mené au score qui était de 0 à 0 à ce moment-là et se serait certainement dirigée vers la victoire. Le 5-4-1 aurait été superbement ignoré et la fête aurait été totale. «Le football tient à peu de choses, nous a dit, également Nouzaret. Les Algériens mettent un ballon sur le poteau. Deux minutes plus tard, c'est nous qui marquons. La chance et la réussite c'est aussi cela». De son côté, Cavalli fait part de sa certitude que sa tactique était la bonne: «Nous l'avons utilisée au Cap-Vert et nous avons inscrit deux buts, puis contre l'Argentine devant laquelle on a marqué trois buts. Même aujourd'hui lorsque je l'ai utilisée, c'est-à-dire en première mi-temps, ce fut la période où nous nous sommes procurés le plus d'occasions de but. Qu'on ne vienne pas me dire alors qu'elle est inefficace». L'erreur stratégique peut aussi être évoquée en ce sens qu'on peut penser s'il était vraiment raisonnable de disputer le match contre l'Argentine. Cavalli y tenait parce qu'il voulait conserver ses joueurs dans un état physique compétitif. Finalement, on l'a fait ce match et malgré la défaite, l'équipe a été couverte de louanges suite à une prestation des plus remarquables. Mais tel le ballon que l'on a trop gonflé et qui finit par éclater le jour où l'on veut le présenter, cette sélection s'est effritée au moment où on attendait le plus d'elle. Des joueurs-clés de cette formation sont passés complètement à côté de leur sujet, des joueurs comme Belhadj, qui n'a été que l'ombre de lui-même, Saïfi, Amri ou Ziani, celui-ci ayant montré quelques bonnes dispositions pendant la première demi-heure avant de s'éteindre. Ajoutons l'extrême fébrilité d'un Hadjaoui qui a raté quelques arrêts pourtant faciles à effectuer et la sortie prématurée de Zarabi. «Elle nous a déstabilisé, nous a dit Cavalli à propos de cette sortie. Nous avions prévu un schéma avec Zarabi pour contrer Feïndouno, malheureusement il n'est resté sur le terrain que 4 minutes (le joueur souffre d'une luxation à l'épaule)». Il ne s'est pas appesanti sur son remplacement manqué par un Bezzaz qui s'est avéré hors du coup et sur le couloir duquel est intervenu le premier but guinéen. La qualification reste possible Le mal est fait, l'équipe est beaucoup plus proche de l'élimination que de la qualification avec cette défaite qu'aucun des 60.000 spectateurs qui avaient envahi le stade olympique n'entrevoyait. Mais même s'il reste une once de chance pour le passage au Ghana, on n'a pas le droit de la dilapider. L'équipe d'Algérie est, en ce moment, seconde de son groupe, par le truchement du goal average, avec le même nombre de points que la Guinée(8). La Gambie, chez qui elle se déplacera au début du mois de septembre prochain, est 3e avec 5 points. Il y a douze groupes de qualification. Le premier de chaque groupe ira au Ghana. Par ailleurs, les trois meilleurs seconds des groupes à quatre équipes (il y en a dix. Seuls les groupe 1 et 12 ne comptent que trois équipes), se qualifieront. Pour l'instant, le second du groupe 4 semble tout désigné pour se qualifier. Ce sera soit le Soudan, soit la Tunisie. Les Tunisiens sont, en ce moment premiers avec 13 points devant les Soudanais qui en comptent 12 et lors de la dernière journée il y aura un Soudan-Tunisie. Dans les neuf autres groupes, la qualification reste ouverte pour tous les seconds. Y compris, donc, pour le groupe 8, celui de l'Algérie. Mais pour espérer rester de la partie, il faudra aux Verts s'imposer en Gambie lors de la dernière journée. Cela leur ferait obtenir un total de 11 points et la qualification dans ce cas serait jouable pour l'un des meilleurs seconds. Evidemment, si les Algériens gagnent en Gambie et que les Guinéens font match nul ou perdent chez eux face au Cap-Vert, ils seront qualifiés directement. Dans ce cas, le match Gambie-Algérie conserve toute son importance. «Nous sommes dans la peau de quelqu'un qui a trahi son public, nous a dit Mehdi Meniri. Nous lui devons une revanche. Nous ferons tout pour le satisfaire en Gambie en arrachant la victoire et la qualification». De son côté, Jean-Michel Cavalli se veut optimiste: «Je ne dis pas que nous avons de grandes chances pour passer, mais il reste un espoir et nous nous devons d'y croire. Nous allons faire en sorte de réagir en nous imposant en Gambie. Pour cela, les joueurs seront regroupés le 15 août prochain, qui est une date FIFA pour un stage ponctué d'un match amical contre un adversaire qui sera désigné ultérieurement. Puis, vers le 4 ou 5 septembre, ils entreront en stage pour préparer le déplacement de la Gambie». Souhaitons que d'ici là, certains malentendus seront levés comme cette histoire d'indemnités journalières des joueurs qui aurait été, une nouvelle fois, évoquée la veille de Algérie-Guinée et le problème lié au poste d'avant-centre qui reste posé.La preuve en est que nous avons appris que Mansour Boutabout était samedi soir au stade du 5 Juillet et qu'il semblerait que tout soit rentré dans l'ordre entre lui et l'entraîneur national.