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DANS "LA FORCE QUI NOUS MANQUE", D'EVA JOLY
A propos de l'Alg�rie, "la corruption de son �lite se lit dans son paysage"
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 07 - 2007

L�ancienne juge fran�aise Eva Joly revient � la charge en publiant un nouveau livre, La force qui nous manque (*), o� elle �voque sa vie et son parcours professionnel, son militantisme inlassable contre la corruption. Elle raconte comment une jeune �tudiante norv�gienne venue en France il y a plus de 40 ans pour un s�jour � Paris comme jeune fille au pair y resta et devint la juge qui fit trembler la classe politique fran�aise et nombre de patrons de grandes entreprises fran�aises. Elle y raconte aussi son s�jour en Alg�rie en mai 2005, � l�invitation du gouvernement alg�rien.
Eva Joly retrace dans ce nouveau livre son parcours : jeune fille au pair, secr�taire, juriste, magistrat, aujourd'hui conseill�re du gouvernement norv�gien. La force qui nous manque est un t�moignage v�cu, m�lant r�cit intime, anecdotes et r�flexions sur la corruption. Pour la premi�re fois dans un livre, Eva Joly se raconte. La petite Norv�gienne �au pair�, devenue la juge c�l�bre qui a fait trembler les patrons fran�ais, a suivi un parcours singulier. Tour � tour conseill�re juridique d'un h�pital psychiatrique, magistrat � Orl�ans puis � Evry, elle s'est occup�e de restructurations industrielles avant d'�tre confront�e aux �crimes d'argent� en instruisant �les affaires�. Dans ce r�cit, Eva Joly laisse para�tre ses doutes devant une justice aux moyens encore bien faibles compar�s � ceux des d�linquants qu'elle poursuit. �Je suis norv�gienne. Pour l'�tat civil, je m'appelle Gro � prononcez Grou � Farseth. Du c�t� maternel, mes anc�tres �taient des producteurs de framboises. Ma famille paternelle �tait une lign�e d'agriculteurs de montagne�. Tout le monde conna�t Eva Joly, mais personne ne sait qui elle est vraiment. Aujourd�hui, elle sillonne le monde, soutenue par le gouvernement norv�gien, mettant son exp�rience � la disposition des pays du Sud principalement, qui veulent s�attaquer � la corruption. Pour elle, �la lutte contre la corruption est une urgence qui ne se r�sume pas � une affaire de morale�. Elle se souvient notamment �d�une escale � Alger, o� marcher sur le tapis rouge m�a paru une �preuve� : invit�e par le gouvernement alg�rien en mai 2005, elle sera re�ue tr�s longuement � trop � son go�t � par le pr�sident Bouteflika. Ce voyage � que nous avons �voqu� dans ces colonnes (**) � l�a marqu�e. �Au printemps de l'ann�e 2005, j'ai re�u un coup de t�l�phone de l'ambassadeur d'Alg�rie � La Haye. Il m'invite � venir donner une conf�rence devant les magistrats d'Alger. Cette id�e est venue apr�s m'avoir entendue parler six mois plus t�t, � l'occasion de la remise du prix Nobel de la paix. Ce jour-l�, pour illustrer les d�g�ts de la corruption dans les pays en voie de d�veloppement, j'ai pris un exemple, l'Alg�rie. �La corruption de son �lite se lit dans son paysage�, ai-je dit. �Et voil� que l'�lite m'invite sur son territoire. Avec l'autorisation de mon gouvernement, je d�cide de m'y rendre.� Puis elle �voque la rencontre avec le pr�sident Bouteflika, entrevue qu�elle d�crit comme tr�s longue, quatre heures, et qu�elle regrette presque d�avoir accept�e. Sachant qu�Eva Joly a men� plusieurs ann�es durant, et dans des conditions tr�s difficiles, l�instruction judiciaire dans l�affaire Elf, grande multinationale p�troli�re, Bouteflika lui affirme �haut et fort que le m�nage est n�cessaire. Mais plus nous parlons de corruption, plus il m�assure que, chez lui, l�industrie p�troli�re est un mod�le de transparence�. Il �voque sa politique de r�conciliation nationale : Eva Joly exprime sa d�sapprobation. Pour elle, �seule la v�rit� juridique gu�rit. L�amnistie est un couvercle pos� sur un pass� encore br�lant� Qu�une simple amnistie ne r�glera rien�. Quand elle lui parle des journalistes alg�riens en d�tention et qu�elle lui sugg�re de les lib�rer, Bouteflika �feint la col�re� Il �vacue le sujet, en promettant vaguement de regarder leur cas�. Cette �promesse� a valu � Mohamed Benchicou de purger sa peine jusqu�au dernier jour de son injuste et arbitraire condamnation !
Elle persiste et signe : son combat contre la corruption continue !
Eva Joly c�est la juge qui a fait mordre la poussi�re aux arrogants complices de l�affaire Elf. En charge en France des affaires Tapie, Cr�dit Lyonnais ou Elf, elle est devenue le symbole d'une justice qui cherche l'�galit� devant la loi et ne garantit plus l'impunit� aux puissants. Il faut lire son analyse de la corruption en Afrique pour se convaincre que le sujet m�riterait que les citoyens qui se disent sensibles aux probl�mes du d�veloppement se montrent un peu plus cons�quents, par exemple en �vitant de r��lire des hommes politiques condamn�s pour corruption... A titre d�exemple, quand la France donne un euro � l'Afrique, dit-elle, elle en r�cup�re deux, ou plut�t les corrompus en r�cup�rent deux en argent sale... Sans lutte d�termin�e contre la corruption, pas de combat contre la pauvret�. Mais les juges ne se battent pas � armes �gales, � cause de paradis fiscaux. Dans son livre-t�moignage, Eva Joly parle de la sale guerre qu�elle continue de mener avec d�autres � travers le monde gr�ce � la confiance et au mandat que lui ont accord�s les autorit�s norv�giennes. Le leitmotiv du d�but � la fin : combattre la corruption, ici et partout pour combattre la pauvret� ! Et de nous �clairer sur le processus qui l�a conduite m�caniquement, au travers de son exp�rience en France de juge des affaires financi�res, � conclure que la corruption �tait une des principales gangr�nes dans un grand nombre de d�mocraties dites avanc�es, avec pour corollaire l�accroissement de la pauvret� de ceux au d�triment de qui cette corruption s�exer�ait, l�Afrique principalement, avec la complicit� des paradis fiscaux dont nul encore n�a pu entamer l�incroyable immunit� judiciaire dont ils jouissent ! Le lecteur fait connaissance des interlocuteurs rencontr�s durant ses voyages au long cours, chefs d�Etat ou leurs proches, magistrats engag�s dans le m�me combat, fonctionnaires de l�ONU, politiciens de divers calibres pouvant aider � d�gager les barri�res prot�geant corrupteurs et corrompus... Mille anecdotes �maillent le r�cit de ses rencontres, �checs, d�sillusions, victoires, espoirs, soutiens patiemment sollicit�s, commentaires amers, constats sans concession... Le travail que fait la Norv�ge, sous la conduite d�Eva Joly, avec la Zambie est tr�s original. Avec d�autres pays, elle y finance la cellule anticorruption qui est charg�e notamment d�enqu�ter sur la p�riode dictatoriale de Fredrerick Chiluba, chef d�Etat de 1991 � 2001, arr�t� depuis et qui, selon Eva Joly, fait l�objet de 59 chefs d�inculpation �pour abus de pouvoir, vols et d�tournements de fonds publics estim�s � des centaines de millions de dollars� ! La Norv�ge paie les honoraires des avocats charg�s de plaider le rapatriement des fonds saisis et gel�s en Grande- Bretagne. Et au fil des pages, les phrases claquent comme le fouet : �On maintient l�bas des r�gimes assis sur la mis�re, cette longue m�che d�un monde explosif.� Parlant de l�Afrique : �O� que j�aille, je bute sur l�histoire coloniale�(!). Sur le fonctionnement des �changes financiers internationaux : �Sur les bourses du monde, la moiti� des fonds contourne d�sormais la r�glementation...� Sur les paradis fiscaux : �Le combat frontal n�a pas �t� men�. La raison en est simple : les paradis fiscaux n�existent qu�avec l�accord des grandes places financi�res internationales.� Onze chapitres o� l�espoir s�insinue au fil des lignes quand on en vient � d�coder ce titre un peu �nigmatique : �La force qui nous manque�. Cette force que l�on a en nous, dans notre corps et notre intelligence, mais que l�on ne sait pas toujours employer au bon endroit ou au bon moment. Mais l�espoir est l� quand on aper�oit en fin de compte �bouger les lignes� et �que le monde n�est pas fig�.
Sa rencontre avec le pr�sident de la Banque mondiale
Elle �voque tr�s longuement ses efforts pour rencontrer le pr�sident de la Banque mondiale afin de lui parler de ce qui est urgent � ses yeux : �Emp�cher les paradis fiscaux d�abriter des structures qui favorisent la dissimulation des fonds provenant de la corruption, de l�exploitation des pays en voie de d�veloppement, du d�tournement de fonds publics et de la fraude fiscale.� Il �tait tr�s difficile pour elle de solliciter Paul Wolfowitz qui �fut l�un des plus virulents partisans d�une guerre contre l�Irak d�s le lendemain des attentats du 11 septembre�, �crit Eva Joly. Elle lui �sugg�re deux actions pr�cises et symboliques. Un : que la Banque mondiale renonce aux paradis fiscaux. Elle y a recours, comme de nombreuses institutions, pour optimiser ses fonds. Deux : �tudier la possibilit� d�exclure des appels d�offres que lance la Banque pour les chantiers qu�elle finance toute entreprise bas�e dans un paradis fiscal�. Et sur la lanc�e, Eva Joly propose � Wolfowitz de venir travailler 15 jours � la Banque mondiale, avec son �quipe, �pour �chafauder un r�el plan d�action� ! On lui annoncera plus tard que la Banque mondiale a mis en place une commission �pour r�fl�chir � un programme d�aide au rapatriement des fonds pour les pays pauvres�. Victoire pour Eva Joly, suivie d�une terrible d�sillusion : Paul Wolfowitz, le tr�s puissant pr�sident de la Banque mondiale, �est au c�ur d�un scandale� de n�potisme (affaire �voqu�e � plusieurs reprises ces derni�res semaines dans les colonnes du Soir d�Alg�rie). A ce sujet, Eva Joly consid�re qu��il est �vident que dans une croisade contre la corruption il faut �tre irr�prochable�. Elle raconte aussi dans son livre comment elle a b�ti en 2005, avec l�aide de son gouvernement, un r�seau (le �Network�) de procureurs, de juges, de policiers qui luttent contre la corruption afin de relier entre elles des �nergies, tisser une toile serr�e, forger un bouclier. Ce groupe de travail informel, dont les membres sont en contact permanent, se r�unit deux fois par an. �Nous sommes pour l�instant une vingtaine, venus de tous les continents. Le Network est une fa�on de se rencontrer, d��changer, c�est un forum d�apprentissage, un outil pr�cieux, qui permet l�entraide et la visibilit�, �crit Eva Joly. Tout un programme pour contourner et bousculer les inerties internationales. �Travailler sous pression� est le th�me de la 5e session de ce Network qui s�est tenu � Paris en f�vrier 2007 : il fut question �du harc�lement politique, hi�rarchique, m�diatique�. Eva Joly explique qu��ensemble nous avons r�fl�chi au moyen de r�sister�. Elle consid�re que �s�attaquer au pouvoir est toujours p�rilleux��, surtout dans les pays en voie de d�veloppement, et que ces menaces �sont d�cupl�es pour les hommes et femmes en premi�re ligne� dans ces pays. Ce sont aussi les propos qu�elle m�a tenus lors d�une rencontre en octobre 2004 au Kenya, invit�s par le nouveau gouvernement � une conf�rence internationale contre la corruption : je lui avais dit que ce serait une bonne chose qu�elle vienne en Alg�rie pour y parler de son exp�rience. Ce qu�elle fit en 2005 dans les conditions �voqu�es plus haut. Puis je la revis en octobre 2006 � Oslo o� j��tais invit� par le gouvernement norv�gien au 3e Congr�s de �l�Initiative pour la transparence dans les industries extractives� (***) rencontre o� elle a �t� tr�s active. Un autre combat tr�s difficile mais prometteur qui contribuera certainement au rassemblement de nouvelles forces contre la corruption. �La force qui nous manque� encore est � port�e de main m�me si le chemin pour plus de progr�s est encore long � parcourir�
Djilali Hadjadj
(*) A lire et faire lire : La Force qui nous manque par Eva Joly, avec la collaboration de Judith Perrignon, �ditions Les Ar�nes, Paris, 2007.
(**) Lire dans Le Soir d�Alg�riedu 6 juin 2005 (espace Corruption) l�article intitul� �Les v�rit�s d�Eva Joly ne sont pas du go�t des autorit�s alg�riennes�, article que les lecteurs peuvent consulter sur le site : www.lesoirdalgerie.com
(***) Lire le compte rendu de ce congr�s dans Le Soir d�Alg�rie du 16 octobre 2006 (espace Corruption).

En France, une grande partie de la justice n'est pas ind�pendante et la presse n'est pas libre
L'ancienne juge d'instruction fran�aise, rendue c�l�bre par l'affaire Elf, publie La force qui nous manque, r�cit o� s'entrem�lent vie intime, vie publique et r�flexions sur la corruption, la pauvret�. A 63 ans, Eva Joly partage sa vie entre la France et la Norv�ge o� elle est conseill�re du gouvernement pour la lutte contre la corruption et le blanchiment. De l'affaire Elf � son d�part de la magistrature en 2002, elle est devenue l�ic�ne du combat contre la corruption dont les effets ruinent les d�mocraties et enrichissent les pr�dateurs. �Je n'ai pour �crire que l'exp�rience d'une vie, la mienne, celle de Gro Farseth devenue en France Eva Joly�, lit-on d�s les premi�res pages de son livre. Une exp�rience qui lui permet de porter un �double regard� que lui a donn� cette "double culture", celle de l'id�al �galitaire de la Norv�ge et celle de la France f�odale. Elle continue d�observer avec int�r�t la vie �judiciaire� en France et la mainmise de l�ex�cutif sur les tr�s hauts postes de la magistrature. A ce propos, elle s'�tonnait r�cemment � aupr�s de m�dias pour la promotion de son livre � du peu de r�actions sur la nomination, � l'automne 2006, au poste de procureur g�n�ral de la cour d'appel de Paris du directeur de cabinet du ministre de la Justice, ancien conseiller � la justice de Jacques Chirac. �Est-on s�r qu'il n'y a pas de liens qui vont influer sur les choix que ce magistrat fera ?� s�inqui�te-t-elle � juste titre. Pour l�ancienne juge, la d�mocratie se d�finit par des actes comme �la libert� de la presse ou l'ind�pendance de la justice�. En France, �une grande partie de la presse n'est pas libre, une grande partie de la justice n'est pas ind�pendante�, dit-elle. Et, � destination du nouveau locataire de l'Elys�e, le pr�sident Nicolas Sarkozy : �Ce n'est pas parce que vous invoquez Jaur�s que vous �tes d�mocrate.� Dans La force qui nous manque, elle revient sur ces �invuln�rables�, ces tout-puissants de la finance ou de la politique, persuad�s d'�tre intouchables. Les Tapie, Le Floch-Prigent, L�otard ou Tarallo pour lesquels �le grand �dredon des �lites fran�aises a amorti les coups�.
SA VIE ET SON PARCOURS PROFESSIONNEL EN QUELQUES LIGNES
Du c�t� maternel, ses anc�tres �taient des producteurs de framboises. Sa famille paternelle �tait une lign�e d'agriculteurs de montagne. Gro Farseth passe une partie de son enfance dans le quartier ouvrier de Gr�nerl�kka (blanchisseries, boulangeries, meuneries, fabriques de voiles pour bateaux�), et en fr�quente les �coles o� s'apprend la vie humble, organis�e et nourrie de respect d'autrui, indispensable dans les pays septentrionaux. A 18 ans, elle quitte la Norv�ge pour la France, avant d'exercer divers m�tiers : fille au pair, secr�taire chez Eddie Barclay, styliste de mode. Elle devient ensuite conseill�re juridique de l'h�pital psychiatrique d'Etampes puis se marie avec le fils a�n� de la famille qui l'accueillait au pair, malgr� l'opposition de ses futurs beaux-parents issus de familles bourgeoises. A 38 ans, elle fait son entr�e dans la magistrature. En 1981, elle est nomm�e substitut du procureur de la R�publique � Orl�ans. En 1989, elle est d�tach�e au Comit� interminist�riel de reconstructions industrielles (CIRI), organisme rattach� au minist�re fran�ais des Finances, qui �paule les entreprises en difficult� dans les zones sinistr�es, dont elle deviendra la premi�re secr�taire g�n�rale adjointe � ne pas sortir de l'ENA. Nomm�e en 1990 juge d'instruction au p�le financier au Palais de justice de Paris, elle commence � instruire des affaires connues, comme celle de Bernard Tapie (ancien ministre de Fran�ois Mitterrand), puis h�rite du dossier Bidermann, qui conduira via Elf-Gabon � l'affaire Elf, qu'elle instruit avec une autre juge, Laurence Vichnievsky, cette derni�re finira elle aussi par quitter le p�le financier. Le 5 juillet 1996, elle fait incarc�rer le patron Lo�k Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf et pr�sident en exercice de la SNCF, � la surprise g�n�rale. Puis elle ouvre les dossiers de l'affaire des fr�gates de Ta�wan et de l'affaire Dumas-Deviers- Joncour. Elle poussera � la d�mission l'ancien pr�sident du Conseil constitutionnel (le �socialiste� Roland Dumas, ancien ministre des Affaires �trang�res de Mitterrand) en 2000, qui sera condamn� en 2001, puis relax� en appel en 2003. Elle devient c�l�bre, mais aussi menac�e et controvers�e pour sa d�termination � traquer les op�rations financi�res douteuses. En 2002, elle s'est mise en disponibilit� de la magistrature pour devenir conseill�re du gouvernement norv�gien dans la lutte contre la corruption et la d�linquance financi�re internationale, d�plorant au passage la complaisance en France avec les malversations financi�res.


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