Une première convention contre la piraterie a été signée entre l'Algérie et la Norvège au XVIIIe siècle. Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a reçu, hier, Mme Eva Joly, conseillère spéciale du gouvernement norvégien, qui effectue, depuis samedi dernier, une visite officielle de quatre jours en Algérie. A l'issue de cette audience, Mme Joly a tenu à rappeler, dans une déclaration à la presse, qu'une «première convention internationale contre la piraterie a été signée entre l'Algérie et la Norvège au XVIIIe siècle». La conseillère spéciale du gouvernement norvégien a également salué «la force de conviction» des dirigeants algériens quant à la nécessité de venir à bout du fléau de la corruption via l'adoption de plusieurs projets de lois en ce sens. Mme Joly mettra, en outre, l'accent sur l'importance de la place des magistrats dans un pays pour appliquer les lois contre la corruption et le blanchiment d'argent. Il est utile de souligner, par ailleurs, que Mme Eva Joly, remarquable juge d'instruction et jouissant d'une large popularité dans le continent européen, plus particulièrement en France et en Norvège, est beaucoup plus connue pour son engagement sans faille dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent, qu'à travers ses actions au sein du gouvernement. L'on dit au sujet de cette magistrate hors pair que rien que le fait de prononcer son nom fait «vibrer» les milieux politico-financiers de l'Hexagone et du pays où elle exerce actuellement ses fonctions. En France, et à titre illustratif, Eva Joly a plaidé pour une grande réforme dans la magistrature française et a insisté sur la «nécessité de couper les ponts entre les milieux politique et judiciaire». Elle a aussi dénoncé le fait que la France soit le seul pays au monde à avoir nommé ministre une personne condamnée pour blanchiment (le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Varbres, Ndlr). Au sujet de l'ancien ministre français Charles Pasqua, elle s'est dite «profondément choquée» par la désignation de celui-ci au poste de sénateur, alors qu'une enquête à son sujet était en cours. Cependant, la notoriété de Mme Eva Joly avait atteint son paroxysme lorsqu'elle était en charge du dossier ELF jusqu'à 2002. L'affaire ELF a mis à nu sur la place publique les inaptitudes d'une justice qui fonctionne dans un monde dirigé par quelques puissants jouissant d'une totale impunité. Après la privatisation de la société ELF, Mme Eva Joly découvre progressivement la trace de sociétés off-shore, de comptes numérotés, de systèmes de malversations. Au fur et à mesure qu'elle progresse dans son enquête sur le triumvirat le Flock, Sirven, Tarallo, les menaces et les intimidations tombaient sur sa tête. Mme Eva Joly a été également en charge de l'affaire de Bernard Tapie et du Crédit Lyonnais qui ont fait couler beaucoup d'encre dans les colonnes de la presse française. Elle est devenue le symbole d'une justice qui cherche l'égalité devant la loi et ne garantit plus l'impunité aux puissants.