Les droits de l�homme sont-ils au mieux en Alg�rie, un pays secou� depuis maintenant pr�s de deux d�cades par une crise s�curitaire des plus aigu�s ? La tr�s officielle Commission nationale consultative de d�fense et de promotion des droits de l�homme de Me Ksentini n�est pas un organisme � y peindre volontiers un noir tableau. L�infatigable militant des droits de l�homme, le pr�sident d�honneur de la LADDH, Abdenour Ali Yahia, lui, en revanche, ne rechigne pas devant la t�che lorsqu�il s�agit de voler au secours de l�homme qui souffre, atteint dans sa dignit�. Un livre, La dignit� humaine , paru aux �ditions INAS, pour ponctuer un itin�raire militant fort riche en positions et en autant de controverses. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le soir) - Dans son nouvel ouvrage d�di� � la d�fense des droits de l�homme, Abdenour Ali Yahia s�est voulu rester int�gral dans sa conviction. Il ne renie rien de ses positions pass�es, celles qui lui ont valu bien des animosit�s politiques et des leviers de boucliers m�diatiques. Au fil des pages, il donne � saisir qu�il a toujours le doute solidement chevill� au corps quant aux versions officielles de certains des faits sanglants que consigne la d�cennie noire. A sa mani�re, dans son langage propre, le militant des droits de l�homme consigne le �qui tue qui ?�, m�me s�il se d�fend de proc�der par parti pris. Cela ne lui vaudra pas que des amiti�s, politiques s�entend. Il le sait. Peu lui chaut, � l��vidence : il a une conviction et il l��tale. Pour lui, l�interruption du processus �lectoral en 1992 est un coup d�Etat, la trag�die v�cue par le pays n�est que cons�quence de cet acte ; �le coup d�Etat militaire a �t� une faute politique grave�, page 63. Et d�s lors qu�ainsi il appr�cie l��v�nement, il jettera le m�me regard sur ce qui en d�coulera. A-t-il tort ou raison ? Abdenour Ali Yahia sait pertinemment que son sacerdoce ne fera pas l�unanimit�. Il ne s�est pour autant pas d�courag�. Il brocarde autant le r�gime politique qui, pour lui, s�est impos� par la force en 1962 et qui, cons�quemment, s�est arrog�, usant du m�me instrument, le droit de disposer du peuple. Il fait de m�me de certains de ses confr�res, Me Miloud Brahimi, entre autres, auquel il renouvelle le reproche de ce qu�il a choisi, au moment de la cr�ation de la Ligue des droits de l�homme, de fr�quenter le pouvoir et le s�rail pour f�conder une ligue parall�le tout ce qu�il y a d�officiel. Une ligue dont la cheville ouvri�re a �t�, selon Ali Yahia, le duo Larbi Belkheir et El Hadi Khediri, � l��poque respectivement chef de cabinet de la pr�sidence de la R�publique et ministre de l�Int�rieur. Il ne m�nagera pas aussi Ali Haroun coupable, � ses yeux, d�avoir accept� d��tre ministre des droits de l�homme et d��tre rest� sans voix devant l�instauration des camps d�internement administratifs. Car, pour Ali Yahia, les camps du Sud o� furent intern�s les militants de l�ex- FIS sont une atteinte grave aux droits de l�homme. Dans son livre, qui se d�cline par certains chapitres comme un pamphlet politiques, parle de la torture, des ex�cutions sommaires, consignant des t�moignages de supplici�s devant les tribunaux. Il �voque aussi les dures �preuves � laquelle la presse fut soumise et l�arbitraire subit par certains confr�res. Un arbitraire qu�il a choisi d�illustrer par les cas Benchicou et Benaoum. Mais cela ne le prive pas de dire tout le mal qu�il pense de la presse, de celle qui ne lui consacrait des manchettes que pour le vouer aux g�monies. On ne le sent pas cependant ruminer la rancune. Conclaviste � Sant�Egidio, Ali Yahia Abdenour ne semble pas renoncer au Contrat national. Il ne se fait pas ap�tre pour autant de la charte pour la paix et la r�conciliation nationale du pr�sident Bouteflika. Pour lui, �l�amnistie propos�e n�est qu�une man�uvre politique pour innocenter les militaires et les civils coupables de crimes (�)� page 230.