Habiba Djahnine, invit�e de l�association culturelle Igelfan, a pr�sent�, mercredi et jeudi derniers � Bouzegu�ne, son film documentaire Lettre � ma s�ur, r�alis� en 2005. Fruit de 8 ans de r�flexion et de maturation, le documentaire est une r�ponse � sa s�ur Nabila Djahnine, pr�sidente de l�association Thighri N�tmettout (cri de femme) assassin�e � Tizi-Ouzou le 15 f�vrier 1995. De Tizi-Ouzou o� �tait bas�e l�association, Nabila, qui militait activement pour l�abrogation du code de la famille et la libert� de la femme, lui avait �crit une lettre o� elle racontait l�escalade de la violence, la r�pression,l es assassinats, les espoirs si maigres en ces ann�es de plomb. Habiba vivait alors dans une ville du Sud alg�rien. Lettre � ma s�ur est une r�ponse � cette lettre de 1994, dix ans apr�s l�assassinat de Nabila, une mani�re de raconter ce qui s�est pass� depuis dix ans. Habiba est retourn�e sur les lieux pour voir ce que sont devenus Tizi- Ouzou et les gens que sa s�ur connaissait et avec lesquels elle militait. A travers ce film documentaire, Habiba a voulu leur demander pourquoi l�assassinat et le massacre de civils sont devenus les seules r�ponses aux conflits qui opposent les Alg�riens. Durant les riches d�bats, les intervenants, parmi eux de jeunes cin�astes, ont reproch� � la documentariste de ne pas avoir cherch� � poser la question : qui a assassin� sa s�ur et pourquoi ? Habiba, qui a expliqu� la d�marche et la forme cin�matographie qui ont pr�valu pour la r�alisation de son film, a trouv� indigne d�enqu�ter sur l�assassinat de sa s�ur, alors que beaucoup de figures embl�matiques du combat pour la d�mocratie et les libert�s sont tomb�es bien avant elle, soulignant qu�il n�y a pas de r�ponse directe et claire � toute la trag�die v�cue par les Alg�riens, la question �tant ailleurs, le propos �tant de voir l�effet et l�impact de cet assassinat sur son entourage. Son film n�est pas un hommage non plus, Habiba parlant de sa s�ur comme si elle �tait encore vivante. La lettre � outre-tombe raconte aussi ce qu�est devenue l�Alg�rie dix ans apr�s, un pays o� les gens n�arrivent pas encore � construire une action collective. La veille, elle a �t� au rendez-vous du village Ahrik, point de d�part du documentaire o� sa s�ur Nabila avait tenu une m�morable conf�rence- d�bat devant une salle comble. Habiba a rencontr� toutes ces femmes, arpent� les ruelles tranquilles du village, ses potagers et ses douces senteurs qui rappellent sa s�ur Nabila et son combat.