Pour la première fois une approche pragmatique de la question amazighe. «La crise» qui perdure en Algérie a au moins le mérite de réhabiliter, en le faisant émerger, un débat d'idées sans histoire indique en substance Abderrezak Dourari, Dr d'Etat en linguistique. L'idée aujourd'hui n'est pas que pure abstraction, puisqu'elle a un prolongement pragmatique immédiat. C'est ainsi, que selon lui, La crise d'identité qui touche notre société dans ses différentes couches, demeure le défi lancé maintenant depuis une décennie et que la société algérienne a montré, par ses écrits, ses luttes, par ses sacrifices et par ses martyrs, qu'elle est une société qui bouge, qui ne veut pas se soumettre aux caprices des tendances «rétrogressives». Elle lutte pour s'émanciper de ces entraves, même si la modalité n'est pas encore suffisamment éclairée, pour aller résolument vers un horizon de modernité et de progrès où l'Algérien devient un citoyen respecté dans une société démocratique, débarrassée de la haine de soi et revendiquant son socle culturel amazigh millénaire, son plurilinguisme, sa langue algérienne véhiculaire autant que les autres symboles d'intégration, tout en adhérant aux horizons de démocratie, de liberté et de modernité, souligne Dourari. Concernant la dialectique de l'un et du multiple qui fait le fil conducteur entre les différents articles destinés à susciter la réflexion sur des questions que l'auteur estime être de la première importance pour faire sortir la société algérienne du marasme et des turbulences dans lesquels elle s'est jetée sans ménagement. Dourari, après «un travail de fourmi» a examiné plusieurs thèmes jusque-là traités superficiellement. Dans ce contexte, l'auteur a contribué à cette réflexion par plusieurs écrits dont, Les malaises linguistiques et identitaires en Algérie, Les variétés de tamazight, Savoir et pouvoir en Algérie... abordant la problématique de la question berbériste sous ses divers angles. Pour l'auteur, «les études ayant trait aux langues et cultures populaires amazighes ou non, ont longtemps été frappées d'interdits sous divers prétextes liés aux étapes historiques que notre pays a traversées. Par moment, c'était des considérations d'ordre tactique qui étaient invoquées ou des considérations liées à «l'unité nationale menacée» ou la diversion par rapport à la réalisation prioritaire d'un projet socio-économique... Cet ostracisme a fait que cette question fut prise en charge par des pays étrangers. Ce sont donc, en dehors de la France, les pays comme le Danemark, l'Italie, la Grande-Bretagne, les USA ou l'ex-URSS qui sont montés au créneau depuis les années 1960. Abordant un essai sémiotique social, l'auteur Dourari notera qu'une société moderne «se doit de toujours augmenter ses capacités rationnelles, dans une visée téléologique claire : économiser toujours davantage et dans tous les domaines (le temps, l'argent, les vies humaines, les matières premières...». Finalement pour l'auteur, Les malaises de la société algérienne doivent être abordés d'une manière où les problèmes importants, dont impérativement ceux de l'école et de l'université ne font peut-être pas consensus. Il demeure toujours vrai que «mépriser le savoir, c'est mépriser l'avenir». Rappelons que le professeur Abderrezak Dourari est titulaire d'un doctorat d'Etat en linguistique de l'université de la Sorbonne et actuellement, est professeur de l'enseignement supérieur en sciences à l'université d'Alger.