�En mati�re de r�pression contre les journalistes, les escalades, au Maroc, sont toujours particuli�rement inattendues, fulgurantes et brutales. Samedi 4 ao�t 2007 en fin de journ�e, tout allait encore bien : Nichane �tait en kiosque, TelQuel sous presse et leurs deux �quipes en cong� apr�s un bouclage difficile (�) 48 heures plus tard, les deux magazines avaient �t� saisis et d�truits sur ordre du Premier ministre et du ministre de l'Int�rieur. Tous les journaux ne parlaient que de �a et j'�tais moi-m�me, apr�s avoir �t� tr�s longuement interrog� par la police, inculp� du plus grand crime qui soit en mati�re de presse au Maroc : l'offense au roi� �crit Ahmed Benchemsi, le jeune directeur de l�hebdomadaire TelQuel dans le num�ro hors-s�rie dat� du mois d�ao�t. Ce journaliste, � la plume acerbe un tantinet irr�v�rencieuse, mais jamais insultante � l��gard du Palais, compara�tra en justice le 24 ao�t. Il risque une peine de cinq ans de prison et une amende de 100 000 dirhams ! Censures, amendes disproportionn�es, peines de prison ferme ou avec sursis pour les journalistes, prennent l�allure d�une offensive g�n�rale contre les m�dias du royaume. Comme l�Alg�rie, la monarchie alaouite a mal � sa presse. Le Syndicat des journalistes marocains, l�AMDH (Association marocaine de d�fense des droits de l�homme) et les ONG de d�fense de la libert� de la presse � la FIJ, le Comittee to protect journalists, RSF � s�inqui�tent de la tournure prise par la situation. Le proc�s d�Ahmed Benchemsi aura lieu apr�s celui intent� le 7 ao�t aux journalistes du quotidien arabophone Al Watan al-An pour avoir publi� un dossier class� secret d�fense intitul� : �Les rapports secrets derri�re l��tat d�alerte au Maroc�. Selon les avocats de la d�fense, l�auteur de ce dossier, Mustapha Hormatollah, sous les verrous depuis le 24 juillet avant d��tre condamn� le 15 ao�t dernier � 8 mois de prison ferme, n�a en rien enfreint la loi puisque les faits rapport�s n�avaient rien de secret : ils ne faisaient que confirmer l�existence d�une menace d�attentats islamistes au Maroc. Cette condamnation constitue le premier cas depuis l�emprisonnement en 2003 d�Ali Lemrabet, aujourd�hui contraint � l�exil en Espagne o� il exerce sa profession dans El Mondo. Quoi qu�il en soit, ce durcissement soudain contre les m�dias �tonne dans un pays qui se voulait � l�avant-garde de la d�mocratie et du respect des droits de l�Homme au Maghreb. Ceci expliquant sans doute cela, ces attaques contre la presse surviennent � l�approche des �lections l�gislatives du 7 septembre. En effet, en mettant la pression sur la presse d�mocratique, le pouvoir marocain cherche-t-il � l�emp�cher de r�v�ler des faits qui feront le jeu des islamistes ? Sans doute. Aujourd�hui le Marocquotidien proche du Palais accuse dans un article publi� dans son �dition du 21 ao�t, l�organisation Transparency Maroc de �servir la soupe au PJD� (Parti de la Justice et du d�veloppement, islamiste). �Les partis apparaissent g�n�ralement comme scl�ros�s et faiblement organis�s, incapables de produire et de porter des initiatives politiques significatives au sein du Parlement (�) Leur capital de confiance au sein de la population para�t faible� �crit l�ONG qui souligne a contrario le dynamisme des islamistes ! En effet, ces derniers sont donn�s favoris par les sondages. Troisi�me formation politique du royaume, apr�s l�USFP (socialistes) et l�Istiqlal (islamo-nationaliste), le PJD pourrait devenir la premi�re force politique au Parlement � l�issue du scrutin du 7 septembre. Car il ne fait aucun doute que Adl oual Ihsane de Cheikh Yassine, formation interdite, mais tol�r�e, beaucoup mieux implant�e parmi les couches populaires que le PJD, donnera en sous- main des consignes de vote en faveur de leurs �fr�res� du PJD. De ce fait, mettre la pression sur la presse et les journalistes ne sert absolument � rien. Le v�ritable enjeu est ailleurs.