La sc�ne �tait horrible et personne ne comprenait ce qui se passait. En un laps de temps, la grande kermesse s�est transform�e en cauchemar. Les mar�es humaines qui s��taient entass�es sur les deux bordures, le long du boulevard principal de la ville de Batna pour participer au traditionnel � accueil populaire � du chef de l�Etat se sont d�cha�n�es d�un seul coup, sans que la plupart d�entre ces �mes soit exactement au fait de ce qui arrivait. Les lanc�s assourdissants de baroud �taient pour quelque chose dans cette confusion g�n�rale, mais aussi subite. Une bombe de forte intensit� venait d�exploser � moins de vingt m�tres du lieu o� le pr�sident de la R�publique devait fouler le sol batn�en apr�s une journ�e de visite relativement sereine � Oum- El-Bouaghi. L�art�re est assaillie par des centaines de personnes courant dans tous les sens macul�s de sang pour certains. Tous �taient � vrai dire dans un �tat que l�on ose qualifier d�hyst�rique. Il �tait 17 heures et dix minutes exactement. L�explosion s�est produite � la rue Larbi-T�bessi adjacente au grand boulevard et � seulement une vingtaine de m�tres du premier point de visite du pr�sident � Batna. S�agissant d�un bain de foule comme les aime Bouteflika et pendant lesquels il est tr�s souvent impr�visible, le kamikaze aurait pu facilement atteindre le pr�sident et caus� beaucoup plus de d�g�ts. Les journalistes qui �taient en avance sur le cort�ge pr�sidentiel de quelques minutes ont d�, au milieu de la panique g�n�rale qui a suivi l�attentat, quitter leurs moyens de transport et se m�ler � la foule. L�un des bus qui leur �tait r�serv� s�est d�ailleurs charg� de transporter des bless�s � l�h�pital. Sur les lieux, ils assisteront � des sc�nes d�horreur indescriptible. Des corps mutil�s par le souffle de l�explosion gisaient encore au sol, alors que des bless�s s�rieusement atteints, attendaient encore les secours. L�on pouvait, sans r�serve, imaginer que le bilan macabre allait �tre plus important que celui qu�on allait donner soit � l�h�pital soit par les canaux officiels. �l�ments de la Protection civile, agents de l�ordre charg�s du cordon de s�curit� et citoyens de diff�rents horizons participeront � l�op�ration de secours qui aura �t� un exemple en mati�re de solidarit� et d�entraide. Premiers t�moignages Les premiers et non moins rares t�moignages recueillis sur place plaident tous en faveur de la piste d�attentat kamikaze qui ciblait en premier lieu le pr�sident de la R�publique. Comment peut-il en �tre autrement tant le terroriste bourr� d�explosifs n��tait qu�� quelques m�tres du lieu ou Bouteflika devait enjamber sur plusieurs dizaines de m�tres l�art�re o� s��taient entass�s des milliers de personnes dont des femmes, des vieillards et des petits enfants comme il est de coutume pour ces accueils populaires. Il �tait, selon ces t�moignages, attabl� dans un caf� de la rue Larbi-T�bessi guettant le moment propice, soit l�arriv�e du cort�ge pr�sidentiel. Il aurait ainsi attir� les soup�ons d�un citoyen qui a imm�diatement alert� des policiers pr�sents non loin du lieu. En s�approchant de lui, ces derniers attireront � leur tour l�attention du terroriste qui se ruera aussit�t vers une foule dense tentant de se faufiler entre des dizaines de personnes et est prit en chasse par les policiers avant de chuter. Une chute suivie instantan�ment de la d�flagration au milieu d�une mar�e humaine. L�horreur s�en suivra. Des versions peu cr�dibles ont �galement �t� avanc�es �a et l�. Parmi elles, celle sugg�rant que le kamikaze n�aurait jamais �t� soup�onn� par les citoyens s�il n�avait pas �t� reconnu par l�un d�entre eux, d�abord par le fait qu�il s�agissait d�un ancien terroriste qui aurait b�n�fici� des dispositions de la loi portant charte pour la paix et la r�conciliation nationale puis par l�irritation apparente dont il a fait preuve pendant qu�il �tait attabl� au-dit caf�. Une th�se qui n�est pas � �carter, s�agissant d�un t�moignage relay� par plusieurs personnes. Tout �tait pourtant ficel� L�accueil populaire que devait avoir Bouteflika � son escale batn�enne ne devrait souffrir d�aucune imperfection autant sur le plan organisationnel que s�curitaire, selon un haut responsable qui a veill� personnellement sur la question. �Mais quand bien m�me notre pr�sident est l�une des personnalit�s les mieux prot�g�es dans le monde, l�on ne peut dans des circonstances de sorties pareilles, devant l�enthousiasme de la population et la disponibilit� du pr�sident d�aller � sa rencontre, pr�voir � 100% ce qui peut arriver�. Les Batn�ens, les autorit�s locales en premier lieu devaient en effet marquer ce passage du pr�sident, ne serait-ce que par un accueil des plus imposants, tant il est vrai que pour son p�riple entam� mardi � l�est du pays, le programme de la halte auressienne, la derni�re de ce p�riple, �tait le moins charg�. Le CHU de Batna envahi par les citoyens Chamboulement total dans le programme de visite du pr�sident � Batna suite � cet attentat qui a endeuill� la r�gion toute enti�re en cette journ�e de jeudi cens�e �tre celle de la grande f�te. Moins d�une heure apr�s le forfait, Bouteflika ira s�enqu�rir personnellement de l��tat des bless�s et les conditions de leur prise en charge au niveau du CHU de Batna. Il y passera pr�s d�une heure de temps, conversera avec des victimes et assurera les responsables de l�h�pital de sa disponibilit� � affecter tous les moyens humains et mat�riels disponibles au niveau des autres h�pitaux du pays et m�me de l��tranger s�il le faut pour la meilleure prise en charge m�dicale et psychologique des bless�s. Et aussit�t sorti de l�h�pital, mis sous haute s�curit� durant la pr�sence de Bouteflika, celui-ci fut envahi par des citoyens � la recherche de proches qu�ils n�arrivent pas � joindre. Une situation qui a fris� la d�g�n�rescence au sein m�me du CHU d�j� d�bord� par la pr�sence de plus d�une centaine de bless�s. Bilan: une vingtaine de morts et 145 bless�s Avant m�me l�annonce par le ministre d�Etat, ministre de l�Int�rieur du premier bilan qui a fait �tat de 14 morts et une soixantaine de bless�s, le CHU de Batna recensait 16 morts et plus de 140 bless�s. Six morts seulement avait �t� identifi�s au alentours de 21 heures. Une liste nominative des morts connus et de 145 bless�s sera affich�e plus tard dans la nuit avant que le bilan ne soit revu � la hausse dans la matin�e d�hier puisque trois bless�s d�c�deront durant la nuit. Les trois blocs op�ratoires �taient en effet occup�s sans rel�che jusqu�au matin du vendredi. Bouteflika d�cide de rester L�annonce a �t� faite par Noureddine Yazid Zerhouni lors du point de presse tenu au si�ge de la wilaya de Batna. Bouteflika qui s��tait d�j� exprim� devant les cam�ras de la t�l�vision et les moudjahidine qu�il devait rencontrer au si�ge de la wilaya au deuxi�me point, sa visite avait donc d�cid� de passer la nuit � Batna qu�il devait en principe quitter aux environs de 21 heures. C�est en signe de solidarit� avec la population de Batna et les familles des victimes que le pr�sident a pr�f�r� rester, avait justifi� le ministre de l�Int�rieur qui n�a pas annonc� par ailleurs que Bouteflika poursuivra dans la matin�e de vendredi le programme de visite pr�vu dans cette wilaya. Un programme qui sera prolong� davantage puisque le pr�sident de la R�publique s��tait rendu � la mi-journ�e � la mosqu�e du 1er- Novembre o� a eu lieu la pri�re des morts apr�s celle sacr�e du vendredi. Il y pr�sentera ses condol�ances aux familles des victimes. N�anmoins, il est � signaler que les escales d�hier, quatre au total, ont eu lieu dans une atmosph�re pesante et un silence qui en dit long sur le drame que venait de vivre la r�gion. K. G.
Zerhouni : "aucune piste n'est � �carter" Le ministre d�Etat, ministre de l�Int�rieur qui a tenu un point de presse jeudi soir, peu de temps apr�s le terrible attentat kamikaze qui a cibl� le cort�ge pr�sidentiel dans la ville de Batna, n�a pas exclu le fait que les convoitises ext�rieures que suscitent le march� alg�rien pouvaient avoir un lien direct avec cet attentat. Sans le vouloir peut-�tre, Zerhouni �tait emmen� � sous-entendre que cette attaque terroriste ciblait effectivement le pr�sident de la R�publique. �Cet attentat est intervenu � un moment o� l�Alg�rie conna�t des mutations profondes en mati�re de d�veloppement au point que ses ressources suscitent les convoitises de nombreux pays et firmes. De ce fait nous n�excluons pas le fait que cet attentat puisse avoir un lien direct avec des int�r�ts �trangers. � L�attentat � la bombe est probablement l�acte le plus facile pour les terroristes de par l�impact m�diatique qu�il peut avoir, ce qui prouve, pr�cis�ment, selon Zerhouni, l�agonie des groupes terroristes de par le recours � ce proc�d�. Ce n�est pas la premi�re fois que le ministre de l�Int�rieur penche vers cette lecture en justifiant que seul l�impact m�diatique importe pour les criminels qui recourent � ce type d�attentat. Zerhouni n�a pas cependant r�fut� la th�se de l�attentat kamikaze apr�s avoir lui-m�me remis en cause cette appr�ciation, quelques jours seulement apr�s l�attaque perp�tr�e contre la Palais du gouvernement le 11 f�vrier dernier. Pis encore, le ministre de l�Int�rieur qui a, � chaque occasion, tent� de minimiser la capacit� de nuisance des groupes terroristes, affirm� � partir de Batna qu�il n�a jamais exclu une telle audace de la part des terroristes, ni � Batna ni dans une autre wilaya. En fait, Zerhouni n�a �cart� aucune th�se s�agissant de cet acte barbare, notamment en avan�ant qu�il pourrait �tre l��uvre de groupes terroristes activant encore dans la r�gion tout en affirmant que le nombre de terroristes encore en activit� ne d�passe pas les 700. K. G.
L'h�ro�sme d'un inspecteur de police A priori, aucun doute ne p�se sur l�intention du kamikaze auteur de l�attentat de jeudi dernier. Selon une source s�re, un v�ritable carnage qui aurait probablement atteint l�int�grit� physique du pr�sident de la R�publique, tout son entourage, de hauts responsables de l�Etat qui l�accompagnaient, sa garde rapproch�e et des milliers de citoyens pr�sents sur les lieux o� il devait justement fouler le sol pour les saluer, a �t� �vit� de justesse. Le kamikaze aurait lui-m�me actionn� le dispositif manuel de l�engin explosif qu�il portait sur lui, incrust� � l�int�rieur d�une ceinture et un large gilet qu�il portait et ce, au moment o� il allait �tre neutralis� par un inspecteur de police en civil. Notre source pr�cise exactement comment ce terroriste avait �t� rep�r� et c�est au moment o� tout �tait mis en �uvre pour sa capture qu�il s��tait rendu compte de sa filature par le policier en question. Il aurait m�me �t� approch� au toucher pour v�rifier qu�il cachait sous ses v�tements un corps suspect. Ce qui fut fait. M�me le t�moignage des citoyens qui ont cru voir le kamikaze attabl� dans un caf� pr�s du lieu du drame peu de temps avant la d�flagration est confirm� par notre source. Le terroriste, apr�s s��tre rendu compte qu�il avait �t� rep�r�, s�est ru� vers la foule sans r�ussir � se faufiler puisqu�il a �t� rattrap� par l�inspecteur de police et mis � terre alors qu�il se d�battait pour actionner le d�tonateur de l�engin explosif. Et c�est � ce moment l� que le policier, dans un geste de bravoure inou�, l��touffera � m�me le sol afin d�amortir la port�e de la d�flagration. Le kamikaze r�ussira tout de m�me � faire exploser sa bombe qui d�chiquettera l�inspecteur de police. Des parties du corps de la victime seront retrouv�es sur plusieurs m�tres � la ronde ainsi que sa carte professionnelle. La d�flagration �t�tera le kamikaze dont le corps sera ramass� en lambeaux. Des tests ADN seraient d�j� en cours � l�effet d�identifier le terroriste, soutient notre source qui est rest�e convaincue que le kamikaze, en prenant autant de risques pour r�ussir son m�fait, n�envisageait certainement pas d�autres desseins que celui de viser le cort�ge pr�sidentiel. Tous les d�tails avanc�s corroborent en effet avec certains t�moignages recueillis sur les lieux du drame. M�me le ministre de l�Int�rieur qui relatait les premiers �l�ments en sa possession lors du point de presse tenu jeudi soir au si�ge de la wilaya de Batna, ne s��tait pas �loign� de cette th�se.