Le spectacle du baroud, qui agrémentait autrefois les fêtes traditionnelles dans les Aurès, a malheureusement disparu depuis les derniers événements qui ont endeuillé le pays. L'interdiction des armes à feu lui a porté le coup de grâce et a obligé les habitants et les gens férus à s'en passer. Désormais, il n'est plus pratiqué. Autrefois, il n'y avait pas une fête organisée dans les Aurès où les gens ne s'adonnaient pas à ce show. Maintenant une seule association, Shab El Baroud, de la ville de Batna se livre régulièrement à la pratique de cette activité pour la préserver de l'oubli, la maintenir et la transmettre aux générations futures. jonglerie Ce spectacle a été présenté au public sur la scène de l'antique théâtre romain à la clôture du Festival international de Timgad (Batna) le 23 juillet 2004. Cette représentation, à elle seule, était un véritable festival. Le chanteur Ihab Tewfik, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, le wali de Batna et le public, étaient ébahis et se souviendront encore de cette belle nuit passée avec Shab El Baroud. L'exhibition du maniement des armes était époustouflante. Les exécutants se sont livrés à une véritable manipulation des armes rivalisant avec les bonnes gâchettes. Les fusils lancés en l'air étaient saisis au vol et les doigts sur la gâchette donnèrent libre cours aux cartouches enfouies dans leurs loges qui explosèrent à leur sortie et emplirent l'atmosphère de l'odeur du baroud (soufre), du papier et de la poussière. Les exécutants suivirent cette démonstration d'une autre jonglerie plus envoûtante. L'index sur la gâchette, les fusils tournèrent comme des roues, puis dans une maîtrise parfaite, les fusils s'arrêtèrent et une salve emplit le décor. atmosphère de fête Une réelle jonglerie réalisée avec une dextérité inouïe ! Cette démonstration de la maîtrise des armes était pratiquée plus d'une heure sans que le public s'en lasse. Puis c'était au tour des grands fusils de donner plus de spectacle à la fête. Des gestes longs, ils tournèrent la bouche du canon de l'arme à feu contre le sol et ensemble ils appuyèrent sur la gâchette. Une explosion très vive de baroud enveloppa la vue d'un nuage de poussière. Une salve de youyous lui répondit dans ce tourbillon de poussière. Autrefois, dans les douars, « el forja » était plus attrayante par sa chorégraphie. Alors que la fête battait son plein, « Lebardia » (les bons fusils) entraient sur scène ou « terha » (place), allant d'un bon pas. Ils sortaient les cartouches et armaient leurs fusils. Arrivés à la taille de la danseuse, ils relevaient légèrement les canons et laissaient parler leurs armes. Durant toute cette démonstration, les salves de youyous n'en finissaient pas et ce dans une atmosphère de fête.