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Préhistoire, quand le désert était vert et humide...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 08 - 2017


Par Messaouda Benmessaoud(*)
Durant les temps préhistoriques, l'Ahaggar (région de Tamanrasset et ses environs) a connu des climats qui ont permis à l'homme de s'y installer et de fabriquer des outils de chasse. Ces outils sont taillés sur de la roche disponible dans la nature. Ainsi nous pouvons voir dans les collections et les ensembles d'outils issus de ramassage ou des fouilles archéologiques, une grande variété de pierres, telles que le basalte, le quartz, le quartzite, la phonolithe, le granite, le gneiss, le silex, le jaspe, le marbre, etc., toutes issues d'une très ancienne activité volcanique.
Pendant le Paléolithique ancien ou l'âge de la pierre taillée, entre 500 000 et 120 000 ans avant le présent, des environnements fortement favorables avaient été développés dans les hauteurs des massifs montagneux de l'Ahaggar, en particulier sur les bordures d'anciens lacs et anciennes rivières.
Les études archéologiques sur ce territoire ont dévoilé la présence de plusieurs sites qui témoignent de la présence de très anciennes civilisations préhistoriques, en bordure des actuels oueds, souvent avec des outils en pierre, dont les plus anciens attribués à la période dite acheuléenne. Cette période se caractérise par la présence des premiers outils sur pierre tels que des galets aménagés, des bifaces et des hachereaux, les premiers outils utilisés par l'homme. Aux environs de Tamanrasset, à plus de 240 km nord-est, se trouve Idelès, ce village connu par sa fructueuse cueillette agricole en raison de sa terre riche, fertile et étendue sur une importante nappe phréatique.
Nous avons découvert une multitude de sites préhistoriques sur les bordures des actuels oueds.
Ce territoire a récemment offert à la suite d'une fouille archéologique, un ensemble d'informations, très important, sur la présence très ancienne d'un réseau de rivières aujourd'hui disparu.
L'abondance de l'eau dans l'Ahaggar remonte à la Préhistoire où l'oued Idelès débordait sur un réseau hydrographique, un des plus importants en Afrique du Nord. L'histoire de l'installation des réseaux des rivières et leurs affluents dans ces contrées, jadis verdoyantes, est très impressionnante, elle s'est faite progressivement et pas uniquement à Idelès, mais dans tous les massifs montagneux de l'Ahaggar.
Quand les empilements de laves ont commencé à se soulever vers 2 à 3 millions d'années, ils ont provoqué des grandes fractures et un volcanisme explosif qui a considérablement modifié la topographie de la région et a provoqué l'établissement d'un réseau de vallées, accentué par des énormes érosions éoliennes successives, ce qui a renforcé le creusement d'un réseau hydrographique, même sous les coulées volcaniques.
Ces vallées sont bien marquées dans les régions montagneuses puis s'élargissent en se collectant dans les grands déserts périphériques, puis elles disparaissent où aucune crue ne peut les alimenter.
Tous les oueds qui alimentent ces vallées divergent depuis les hauteurs de l'Atakor et se propagent dans toutes les directions jusqu'aux falaises tassiliennes du nord. L'un des réseaux hydrographiques sahariens les plus connus en Ahaggar est celui de l'oued d'Igharghar.
Il prend naissance depuis l'Atakor, la zone la plus culminante dans l'Ahaggar, et se renforce plus au nord du village Idelès par l'adjonction de l'oued Tarouda, aussi arrivé de l'Atakor et de l'oued Téguert parvenu de la région de l'Alekssod.
Ce grand réseau coule vers le nord de l'Ahaggar où les altitudes sont plus basses. Il s'étendait pendant les périodes préhistoriques jusqu'au rebours de la Saoura, dans l'Atlas saharien, au Sahara nord-occidental algérien. Cette orientation lui permet de donner des cours d'eau très rapides, provoquant de violentes crues. Sa plus importante crue remonte à 1957, elle est arrivée jusqu'à Amguid, à plus de 400 km au nord de Tamanrasset.
L'oued Idelès, qui est un affluent montagnard de l'oued Igharghar, couvre toute la partie de l'Arechoum, la Téfedest, la Torha et l'Amadghor (voir carte). Il se divise en plusieurs bras et s'étale sur un petit delta intérieur qui va jusqu'à 400 km de son origine. De la jonction Idelès-Igharghar convergent d'autres bras hydrographiques, l'oued Taramert n'Akh qui draine la partie ouest de la Téfedest, et à l'est, se trouve l'oued Tedjert qui ramasse les eaux de la plaine de l'Amadghor dans la région de l'Egéré.
Le réseau du haut Igharghar couvre près de 63 000 km2, dont une partie est souvent arrêtée par des accumulations de dunes. Au nord d'Amguid, l'Igharghar est encadré par la falaise tassilienne d'Ahellakane sur 80 km, il se divise ensuite par des bras multiples et se perd dans une vaste plaine de sable.
Un climat plus clément...
Pendant ces temps, le climat était complètement différent de ce qu'il est à présent. Grâce à la géologie et à la géomorphologie, l'Ahaggar nous a révélé l'existence de plusieurs périodes d'assèchement coupées de longues périodes d'humidité durant toutes les ères géologiques et jusqu'au Quaternaire.
Le Sahara n'était pas une zone désertique, des bois silicifiés daté entre 40 et 25 millions d'années ont été trouvés à la base des plus anciennes coulées volcaniques au centre de l'Ahaggar. La structure de ces bois fossiles permettait de dire que ces arbres avaient vécu sous un climat tropical à saisons alternativement humides et sèches, comparable à celui de l'actuelle savane boisée, de l'Afrique sub-saharienne.
Dans la région volcanique de l'Atakor se trouvent des dépôts d'une désagrégation des basaltes datés entre 20 et 16 millions d'années, ces dépôts se sont transformés du basalte à une argile rouge ou brune, ce qui caractérise la présence d'un climat tropical humide. Aussi, une présence de concentration de fer observée dans certains paléosols indiquait l'existence d'une saison sèche, observée vers le sommet de ces dépôts.
Les recherches dans ce domaine ont montré des altérations produites sous des climats nettement plus secs entre 13 et 12 millions d'années. D'autres activités de pédologie en parallèle confirmaient l'existence de climats chauds et humides, entre les régions tropicales humides actuelles (zone subsaharienne) et l'Ahaggar durant la première moitié du Tertiaire, entre 7 et 2,5 millions d'années.
Une autre explication vient confirmer le climat humide qui régnait dans le Sahara pendant le Tertiaire, il s'agit de la mobilité de la plaque africaine. La moitié sud du Sahara se trouvait à environ 8° plus au sud de l'équateur entre 40 et 25 millions d'années. Le déplacement de cette plaque africaine est aussi une des causes de l'installation du désert, suite de son affrontement avec la plaque eurasiatique.
Vers l'Oligocène, 33 millions d'années, la moitié nord du Sahara était déjà située sous le tropique du Cancer. Les spécialistes indiquent que cette position est l'une des causes de l'apparition des conditions arides et de l'existence du désert et que de cette même époque, datent des dépôts calcaires en forme de dalles, appelés hamadas, situés au nord du Sahara, dans des plaines assez basses.
Ces dépôts en forme de buttes à sommet plat sont mis en relief par l'érosion postérieure, il y a quelques dizaines de millions d'années. Les plus anciennes remontent à l'Eocène, avant 40 millions d'années, contiennent des mollusques indicateurs de milieux lacustres.
Une seconde dalle calcaire, déposée vers 20 millions d'années, contient d'autres mollusques vivant dans des lacs d'eau douce. Ces hamadas sont contemporaines à des cuirasses ferrugineuses (argiles durcies) dans le sud du Sahara, qui s'étendent sur tout le Sahara septentrional. Les calcaires de ces hamadas contiennent des grains de sable éolisés, du gypse ou des argiles magnésiennes, formées dans des milieux à forte évaporation.
Ces sédiments ont été comparés avec ceux qui se déposent aujourd'hui dans les lacs temporaires de l'Afrique australe, où les cours d'eau déposent une boue calcaire en saison de pluies alors qu'en saison sèche, l'eau s'évapore et le vent charrie des sables éolisés. Or, dans ces milieux semi-arides, il existe une saison des pluies incompatibles avec l'idée d'un véritable désert, même parvenu à sa position actuelle sous le tropique. Le Sahara a été plus souvent semi-aride qu'aride durant les derniers 12 millions d'années. Les seuls indices existants proviennent des sondages des argiles effectués dans l'Atlantique. Ces argiles marines contiennent des sables éolisés qui peuvent indiquer selon les spécialistes que des transports de poussières à la suite de tempêtes de sable venues du continent africain. Lorsque les relations ont été interrompues avec l'océan Atlantique, pendant le Quaternaire vers 6 et 5 millions d'années, la mer Méditerranée s'est asséchée et les pluies qui alimentaient le Sahara parvenaient de la zone tropicale. Cela signifie que les premières manifestations du désert sont apparues au nord de l'actuel Sahara.
Vers 3,5 millions d'années le Sahara a connu des phases tantôt arides, tantôt pluviales, cette instabilité expliquée est due à l'avancée de l'inlandsis (un grand glacier) de l'hémisphère Nord qui s'est dispersé sur plusieurs continents. Les documents palynologiques (cellules et organismes microscopiques organiques) ont montré que pendant cette période, une augmentation drastique des taxons steppiques en particulier Artemisia (armoise) et Ephedra (plante désertique à tiges), a duré jusqu'au dernier million d'années, dans l'Afrique du Nord, aussi une activité éolienne intense a été enregistrée à la même époque. Une synthèse générale sur les observations et les analyses faites sur les pollens montre que le Sahara au Paléocène (65 à 56 Ma) était une couverture de forêt équatoriale, puis des espaces boisées ont apparu pendant l'Eocène (56 à 35 Ma), ensuite en savane au Miocène (23 à 6 Ma) puis du désert à la limite Plio-Pléistocène (5 Ma à 12 000 ans).
D'autres analyses sédimentaires ont montré que les changements climatiques dans l'Ahaggar n'ont pas eu les mêmes effets en plaine qu'en montagne, et que chaque épisode climatique a connu des séquences qui vont du pluvial frais à l'aride chaud, en passant par un pluvial froid et un semi-aride chaud. Dans d'autres recherches sur le climat du massif de l'Ahaggar, des résultats des analyses polliniques effectuées ont apporté des renseignements sur l'évolution climatique de la région. Pendant les deux derniers pluviaux, pénètrent jusqu'au cœur du massif central des espèces d'origine méditerranéenne, dont certaines sont Ficus (figuier), Olea (olivier), Cupressus (cyprès). Les enregistrements palynologiques couvrent pour la plupart, les périodes les plus récentes : l'Holocène et la dernière déglaciation, vers 21 milliers d'années jusqu'aujourd'hui. D'après l'étude géomorphologique de la région de l'Atakor (Ahaggar central), une présence de trois terrasses est signalée. Ces terrasses indiquent des changements climatiques dans toute la région de l'Ahaggar. Il s'agit d'une haute terrasse à gros galets volcaniques peu altérés, reposant sur des formations lacustres villafranchiennes datant entre 5,5 Ma et jusqu'à 900 000 ans. Elle renferme un mélange de faune tropicale et de flore pontique (climat tempéré), qui indique le passage d'un climat humide à un climat froid, au Villafranchien supérieur ; d'une deuxième terrasse moyenne graveleuse qui renferme des pollens d'une végétation steppique, même en montagne avec quelques rares survivants de la flore pontique. Les graviers ont été transportés par les ruissellements au cours d'une phase sèche, qui correspond à la période paléolithique inférieur. Enfin, une basse terrasse qui constitue l'élément économiquement le plus intéressant puisqu'elle offre les seules terres cultivables de Ahaggar, résulte de l'entraînement des sols qui étaient formés au cours de la phase chaude et relativement humide du Néolithique (à partir de 10 000 ans BP). Cette dernière phase a laissé dans les plaines des dépôts de lacs et de marais tourbeux, autour desquels la civilisation néolithique s'est développée et étendue depuis le Soudan jusqu' à l'Atlantique.
Les découvertes de restes d'anciens animaux dans de nombreux sites paléolithiques et les représentations de l'ancienne faune révélées dans les peintures et gravures rupestres correspondent à la faune de l'actuelle savane africaine. Cette savane est passée progressivement à des types steppiens ensuite à des espèces désertiques parfaitement adaptées. Au Sahara, tout est lié aux chutes de pluie qui ont progressivement diminué et à l'accentuation de l'évaporation qui a privé les végétaux d'humidité. Le climat actuel de l'Ahaggar est fortement influencé par sa position en hauteur. Les bordures est, ouest, nord et sud se situent vers 500-800 m d'altitude. Les plaines de la partie centrale s'élèvent jusqu'à 1 000-1 100 m d'altitude. Le bourrelet central de l'Atakor à plus de 2 500 m, dont le mont Tahat, 2 990 m.
M. B.
* Dr Préhistoire-anthropologie-ethnologie. Conservatrice du patrimoine à l'ONPCA-Tamanrasset.


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