Le musée du Bardo accueille, depuis la mi-mars, une impressionnante exposition consacrée à l'Algérie dans la préhistoire, notamment à travers les découvertes des archéologues de la postindépendance. Depuis les fouilles menées par la chercheurs français durant la période coloniale, un long chemin a été parcouru jusqu'à aujourd'hui, grâce au travail de formation entrepris dès l'indépendance, pour que les découvertes liées au passé lointain du pays soient exclusivement algériennes. L'exposition «l'Algérie dans la préhistoire», qui se poursuit jusqu'à la fin de l'année 2016, se veut d'ailleurs un hommage à tous ces archéologues qui ont permis, ces vingt dernières années, la mise en place d'une gigantesque base de données historiques et muséales, sur des périodes aussi reculées que le paléolithique et l'Acheuléen. Réparti sur plusieurs volets chronologiques, ce voyage dans le temps fascine surtout par la somme d'objets très bien conservés, collectés durant les récentes fouilles dont celles menées dans six sites archéologiques algériens : Aïn El Hanech (Sétif), Errayah et Oued El Hadj (Mostaganem), Tighennif (Mascara), grotte de Taza (Jijel) et Tin Hanakaten (Djanet). Allant de la simple pierre taillée servant à découper le gibier jusqu'à des pièces de poterie raffinées, en passant par les ossements d'animaux aujourd'hui disparus, l'exposition reste fluide et accessible au grand public, malgré l'impressionnante quantité d'informations qu'elle propose et ce, grâce à une scénographie à la fois sobre et attrayante ainsi qu'à l'équilibre entre le jargon technique et le langage visuel qui tend à vulgariser les découvertes en question. Fossiles, outils de chasse, restes humains, instruments de culture, fragments de poterie et de bijoux, etc. le périple va crescendo jusqu'à arriver à la mandibule quasiment intacte de l'homoerectus de Mauritanie et, enfin, au fameux crâne de la femme de Taza, cet homosapiens représentante de l'homme ibéromaurusien dont la civilisation remonte à 700 000 ans avant J.C. Par ailleurs, des écrans diffusent différentes vidéos dont une consacrée à la reconstitution de procédé de fabrication des outils en pierre ainsi qu'un mini-reportage sur les recherches menées par de jeunes diplômés de l'Institut d'archéologie. Par ailleurs, un espace est aménagé pour le jeune public, avec des reproductions à l'identique de pièces paléolithiques et un circuit permettant aux enfants d'apprendre de manière ludique. Ils sont invités en effet à toucher aux différentes pièces et à feuilleter les manuels pédagogiques mis à leur disposition. A souligner enfin que le Musée du Bardo, en collaboration avec le ministère de la Solidarité, a également mis à la disposition des non-voyants des guides pratiques en braille.