Dimanche dernier, lors de l�installation du Syndicat national des enseignants de l�enseignement sup�rieur affili� � la Centrale syndicale, le premier homme de l�UGTA, en l�occurrence Abdelmadjid Sidi Sa�d, n�a pas manqu� de tirer � boulets rouges sur les syndicats autonomes. Des syndicats, a-t-il estim�, qui �vont perdre du temps en ayant recours � la gr�ve au lieu d�aller vers le dialogue�. Sidi Sa�d a relev� �galement que pour sa part �la grille des salaires avec tout ce qu�elle comporte comme insuffisances est un acquis pour tous les travailleurs.� Ce qui n�a pas maqu� de faire r�agir les syndicats autonomes. Des r�actions des plus �virulentes �. Pr Zidouni, pr�sident du Syndicat national des professeurs et docents en sciences m�dicales (SNPDSM ) : Nous ne sommes concern�s ni de pr�s ni de loin par les d�clarations du secr�taire g�n�ral de l�UGTA. Nous sommes et resterons un syndicat autonome et nous avons la libert� d�action parce que nous sommes un syndicat agr��, reconnu et respectueux de la loi. Et notre seul souci est de d�fendre les int�r�ts des professeurs en m�decine de ce pays qui sont loin d��tre consid�r�s � leur juste valeur � l�instar de nos voisins imm�diats. Nous sommes d�termin�s � mener jusqu�au bout nos actions pour l��laboration d�un statut digne et d�un r�gime salarial et indemnitaire qui correspond � ce que doit �tre notre place dans la soci�t�. Toutes ces mesures de r�cup�ration nous laissent insensibles car nous ne sommes pas concern�s par cette agitation. Il s�agit d�un r�veil trop tardif pour �tre cr�dible. Dr Djidjiki R�da, pr�sident du Syndicat national des ma�tres-assistants en sciences m�dicales (SNMAM) : L�UGTA ne repr�sentera jamais les enseignants du sup�rieur de mani�re g�n�rale ni les hospitalo-universitaires en particulier. Nous consid�rons que c�est de l�agitation et de la surench�re et nous ne sommes pas concern�s ni de pr�s ni de loin par ce qui s�est pass� hier, (dimanche, ndlr), au niveau de l�UGTA. C�est un �piph�nom�ne. Et nous pensons que ces gens-l� ne travaillent pas pour l��lite alg�rienne mais pour les autorit�s alg�riennes. Ils ne les repr�sentent pas et ne travaillent pas pour leur int�r�t. Au moment o� douze syndicats se sont r�unis pour d�noncer la grille des salaires et que les hospitalo-universitaires ont tenu une journ�e de protestation, la t�l�vision alg�rienne m�diatise l�installation d�une petite cellule des enseignants du sup�rieur affili�s � l�UGTA. C�est un grand point d�interrogation. Redouane Osmane, secr�taire g�n�ral du Conseil des lyc�es d�Alger (CLA), non agr�� : Je trouve honteux pour un syndicaliste qui se pr�tend d�fenseur des int�r�ts moraux des travailleurs de laisser d�shabiller les travailleurs par une grille de salaires ind�cente. Pour preuve, les travailleurs de cat�gories 1 � 7 n�ont pas eu d�augmentation car ils ont une prime diff�rentielle. Leur salaire de base est au-dessus du SNMG. Idem pour les autres cat�gories et les hors cat�gories. Il s�agit d�une fausse augmentation de salaire. Et qu�en est-il des salaires des hauts fonctionnaires qui ont quadrupl� ? Hachimi Karim Keddour, secr�taire national du Syndicat national des v�t�rinaires (SNV) : Cette d�claration de Sidi Sa�d n�engage que lui-m�me et nous, les syndicats autonomes, sommes d�cid�s d�agir dans le cadre de la loi pour retrouver nos droits. Les textes de la R�publique nous ont agr��s et reconnus et nous allons user de ces textes pour imposer notre participation dans toutes les discussions qui engagent les fonctionnaires. La contestation sur le terrain n�est pas uniquement du c�t� des syndicats autonomes mais �galement des militants de l�UGTA se plaignent de cette grille des salaires. Ali Lemdani, secr�taire national � l�information et la communication au Conseil national autonome des professeurs de l�enseignement secondaire et technique (Cnapest) : La d�claration de M. Sidi Sa�d n�a pas surpris les professeurs. C�est le contraire qui nous aurait �tonn�s. L�activit� syndicale on la juge au suivi de son mot d�ordre et � la mobilisation g�n�rale. De 2003 � ce jour, ce sont les syndicats autonomes qui investissent le terrain. L�UGTA a cess� d��tre un syndicat revendicatif en 1963. Il y a une diff�rence entre un syndicat qui d�fend les privil�ges et celui qui d�fend les int�r�ts moraux et mat�riels des travailleurs. Le Cnapest a toujours privil�gi� le dialogue et la m�diation et nous sommes pour une confrontation intellectuelle. La grille des salaires est une supercherie et un leurre. M. Meriane, secr�taire g�n�ral du Syndicat national des professeurs de l�enseignement secondaire et technique (Snapest) : Lorsque nous avons des int�r�ts personnels � d�fendre, il est normal de r�agir comme l�a fait le secr�taire g�n�ral de l�UGTA. Nous, nous d�fendons, avant tout, les int�r�ts des travailleurs pas les individus. Ainsi, les syndicats s�unissent pour d�montrer que l�UGTA n�a pas le monopole et ne peut �tre le seul interlocuteur des pouvoirs publics. Il est imp�ratif que le multisyndicalisme suive le multipartisme. Et l�UGTA donc doit accepter la comp�tition avec tous les syndicats autonomes. Pourquoi refuse-t-elle la comp�tition ? Dr Yousfi, pr�sident du Syndicat national des praticiens et sp�cialistes de sant� publique (SNPSSP) : Pour nous, la d�ontologie syndicale est sacr�e. Et nous n�avons pas de comptes � r�gler avec l�UGTA. Toutefois, cette derni�re, nous l�avons d�j� dit, ne peut nous repr�senter puisqu�elle ne peut conna�tre les sp�cificit�s de tous les secteurs. Nous sommes des syndicats agr��s et repr�sentatifs et l�UGTA ne peut parler en notre nom. C�est pour cela que nous avons demand� � �tre associ�s aux dossiers qui concernent la Fonction publique. Nous, nous sommes plut�t outr�s par les r�actions des pouvoirs publics. La preuve : 12 syndicats autonomes se sont d�plac�s pour �tre re�us par le chef du gouvernement, mais n�ont pu le rencontrer. Par correction nous aurions au moins d� �tre re�us par son chef de cabinet. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? Quand il s�agit d�une action de l�UGTA, m�me les �quipes de la t�l�vision se d�placent. Nous d�non�ons cela et si on nous donne des agr�ments qu�on les respecte ! Ceci, d�autant que la majorit� des fonctionnaires sont affili�s aux syndicats autonomes. Cela est particuli�rement le cas pour les universitaires. M. Keddad, pr�sident du Syndicat national des psychologues (Snapsy) : La paix sociale ne se n�gocie pas � huis clos, surtout pas. Nous n�avancerons certainement pas quand les syndicats autonomes sont foul�s au pied. Nous, en tant que syndicat, pensons qu�une revalorisation des salaires qui ne prend pas en compte la r�alit� v�cue par les fonctionnaires n�a aucun sens. Ceci surtout alors que les citoyens font face � la hausse des prix sur le march� et � une baisse drastique du pouvoir d�achat. La d�claration de Sidi Sa�d est une v�ritable fuite en avant. Il est anormal que l�Etat alg�rien donne des agr�ments � des syndicats et les mette par la suite de c�t�. Sidi Sa�d ainsi au lieu de d�fendre les syndicats autonomes d�fend l�administration qui ignore les droits des travailleurs. Propos recueillis par Meriem Ouyahia et F.-Zohra B.