Sur le sujet, il faut reconna�tre que le chef de l�Etat n�a jamais fait de secret sur ses intentions. Les partis politiques, m�me les moins cot�s � la bourse du compagnonnage, ne pouvaient ignorer qu�� un moment pr�cis de ses mandats, celui-ci verrouillerait les libert�s politiques en l�gif�rant justement au nom de l�assainissement. Maintes fois, il exposa sa doctrine. Il le fit certes d�une mani�re allusive assez souvent mais il n�a jamais d�rog� sur sa conception du parlementarisme en g�n�ral et du r�le qu�avaient � y tenir les courants partisans. Tenant en pi�tre estime les �expressions plurielles� sic) n�avait-il pas �t� p�remptoire dans son appr�ciation des �v�nements d�octobre 1988 ? C��tait quand m�me le m�me personnage qui a d�ni�, � ce moment historique, la paternit� de la d�mocratie. Le qualifiant de �tournant tragique� qui n�avait eu pour cons�quence que de mettre en �p�ril l�unit� nationale � (re-sic). Il n�a jamais manqu� une occasion pour se d�marquer de son h�ritage. En somme, il n�a en toute circonstance retenu de la le�on d�Octobre 88, dont paradoxalement il fut l�un des p�titionnaires appelant � �l�ouverture �, que le caract�re pagailleur. Imputant � la multiplicit� des courants l�affaiblissement de l�Etat, qu�il confond all�grement avec le pouvoir d�un clan, il inspira � son ministre ex�cuteur une s�rie de dispositions restrictives allant toutes dans le sens du laminage progressif de la pr�sence de ceux-l�. Qu�il ait fallu attendre, de la part des partis, huit ann�es et une demi-douzaine d��preuves des urnes pour constater les d�g�ts �tonne plut�t par leur na�vet�. Car, encore une fois, c�est d�eux que vint la faute d�s lors o� ils se pr�t�rent en toute circonstance aux peu glorieux marchandages pour des privil�ges politiques, quand il e�t fallu sommer le pouvoir de changer de m�urs en redonnant � la sanction citoyenne tout son sens. Tous, sans exception, ne pouvaient ignorer que la volont� du pr�sident de recadrer le fonctionnement des libert�s politiques au pr�texte de rendre cette �d�mocratie� plus lisible et cr�dible, n��tait pas d�nu�e d�arri�re- pens�es liberticides. Car, qui pouvait une seule fois pr�ter � ce pouvoir le d�sir sinc�re de requalifier dans un sens positif la confrontation id�ologique et le principe de l�alternance ? Et pour cause, quand ont-ils entendu le premier cercle du r�gime parler positivement de d�bat engageant un projet contre un autre ? Combien de fois l�ont-ils surpris � assumer la transparence des urnes sauf justement pour accuser les partis d�en �tre les fossoyeurs comme ce fut le cas en mai dernier ? En v�rit�, la totalit� des oukases r�glementaires ou sombrement administratifs dont se plaignent aujourd�hui les partis visent � interdire la r�gle du choix dont lui-m�me n�a pas le contr�le en amont. En ignorant d�lib�r�ment la Constitution, laquelle consacre la libert� d�association et d�activit� ind�pendamment d�un quelconque �numerus clausus� de bulletins de vote, le pouvoir s�est arrog� le droit d�y ajouter un amendement- couperet qui a sign� l�acte de d�c�s de multiples courants. Qu�est-ce � dire dans le contexte pr�sent (les �lections g�n�rales du 29 novembre) si ce n�est qu�il interdit au nom de la loi, le mouvement associatif par exemple de conqu�rir les municipalit�s et les conseils de wilaya. De la m�me mani�re qu�il s�est donn� les moyens l�gaux de dissoudre l�opposition farouche et rendre �hors-la loi� toutes les chapelles qui appellent, depuis au moins 2004, � un changement de r�gime. Le proc�d� en marche actuellement est non seulement contraire � l�esprit et � la lettre de la loi fondamentale mais dangereux par les amalgames qui le sous-tendent. En justifiant, il y a quelques mois, ce d�lestage partisan par la n�cessit� d�all�ger les �co�ts de la d�mocratie !�, le ministre de l�Int�rieur s�est adonn� � une manipulation triviale de la v�rit�. En effet, en ignorant superbement que les libert�s politiques peuvent s�exercer en dehors de toute subvention mat�rielle de l�Etat, il laisse en m�me temps entendre qu�il n�est d�sormais de libert�s l�gales que celles octroy�es et r�tribu�es par l�administration. De plus, le respectable argument de la repr�sentativit� qu�il brandit comme une sanction n�est paradoxalement pas du ressort de la puissance publique mais de l��lectorat. Si tant est qu�en v�ritable d�mocratie, les partis naissent, conqui�rent des segments de pouvoir ou sont disqualifi�s par la seule volont� des urnes. Ce n�est donc pas les �partillons � qui doivent se plaindre ces temps-ci de tous ces tirs de barrages de l�administration, eux qui n�ont eu jusque-l� d�existence que par le fait du prince. Mais les v�ritables courants de pens�e capables de rassembler et f�d�rer contre les desseins inavou�s du r�gime sont ces authentiques avocats du pluralisme qui, depuis 1990, se sont inscrits en faux contre le laxisme ambiant dont seuls les pr�dateurs politiques pouvaient tirer profit. Ni Bouteflika, ni son ministre ne s��taient pench�s assez t�t sur cette question � la fois par la concertation et le consensus alors qu�elle fait d�bat depuis une quinzaine d�ann�es. La loi sur les partis et le dispositif r�glementaire relatif � leur financement n�est pas un probl�me nouveau. Le syst�me en tant que centre nerveux de la cooptation et la corruption s�y est m�me accommod�. Les faux partis politiques, dont l�inconsistance est � la fois doctrinale et sociale, ont eux �galement compris que leur r�le de figurants n��tait pas n�gligeable pour un r�gime quasi-despotique. Leur aptitude � l�all�geance en toute saison �tant le crit�re ind�passable, ils assum�rent cette fonction de suppl�tifs sans trop s�inqui�ter de l�indignit� de leur mercenariat. Combien de fois le pouvoir les a-t-il sollicit�s pour lui faire la claque ? A chaque occasion, ils jou�rent, comme l�on se souvient, aux danseuses du ventre, ridicules jusqu�� l��c�urement. S�il est par cons�quent juste de qualifier ces hochets de nuisibles aux libert�s politiques l�on peut, par contre, reprocher au pouvoir de ne s�vir que maintenant et surtout de se servir de ce pr�texte pour disqualifier arbitrairement des courants r�els et repr�sentatifs d�une sensibilit� politique mais n�anmoins r�fractaire aux praxis malhonn�tes du pouvoir. Autant dire que les scrutins pass�s, parce qu�ils ne sont pas transparents, ne peuvent en aucune fa�on constituer des r�f�rences-�talons. La courte justification avanc�e par la haute administration est non seulement un subterfuge de plus, mais d�note par ailleurs une indigence crasse de la culture d�mocratique de nos dirigeants et surtout de leur inclination � �tre en toutes choses r�ducteurs. En feignant de parapher une nouvelle d�mocratie, le pr�sident ne placarde pas uniquement le d�cor d�une pi�ce d�j� jou�e, il concocte en m�me temps une autre cuisine �pluraliste � dont la docilit� sera sans faille. FLN, RND et MSP semblent �tre le seul alphabet qui agr�e son pluralisme oriental o� il n�est de bonne d�mocratie que celle qui se couche devant le prince et ne critique que les balayeurs des cit�s. Les partis, h�las, n�ont saisi que bien tard cette cruelle et aveuglante �vidence.