Derb-Sidi-Hamed est en quelque sorte le �Tati� des Tlemc�niennes. Ce �souk enssa� situ� au c�ur de la M�dina ne d�semplit jamais, qu�il fasse beau ou qu�il pleuve, il reste le passage oblig� que tout le monde emprunte. Le Derb a acquis une r�putation telle qu�il est devenu par la force des choses le seul endroit o� l�on ne risque pas de souffrir de solitude, mais c�est aussi l�endroit o� les pickpockets font leur apprentissage car les gens sont plut�t occup�s � admirer les fringues pos�es � m�me le sol. Au d�but des ann�es 1980, certains commer�ants d�Alger venaient directement s�approvisionner au Derb. A ce jour, l�argent brass� � longueur de journ�e dans cette place devenue une v�ritable zone franche �chappe bien s�r au fisc. Ce commerce � grande �chelle, bien qu�ill�gal, est plut�t tol�r�, et certains propri�taires de boutiques qui activent dans la l�galit� sont confront�s � cette concurrence qui a ruin� plus d�un. Voyant leur commerce s�effriter, beaucoup de magasins ont baiss� rideau. Le produit local ne peut en effet rivaliser avec les marques import�es de Turquie, de Syrie, d�Egypte et parfois m�me de la lointaine Tha�lande. Cependant, le virus de ce business n�est pas l�apanage des hommes, la gent f�minine s�est impos�e � Sidi-Hamed. En effet, des dames n�h�sitent pas � faire le d�placement jusqu�� Damas, car tout se liquide � Sidi-Hamed. Le go�t de l�aventure et de la r�ussite a plut�t �mancip� la femme. Le trabendo n�est pas une affaire de �machos�. Ni les longs trajets ni les tracasseries de la douane ne peuvent d�courager les �beznassate�. A la fermeture de la fronti�re alg�ro-marocaine, tout le monde pensait que c�en �tait fini du trabendo, mais cette activit� se porte plut�t bien et reste une affaire de professionnels. La l�gendaire El-Kissaria, qui �tait le berceau de l�activit� commerciale � Tlemcen, est en train de dispara�tre peu � peu. Les produits traditionnels sont boud�s, � l�exemple du fameux ha�k et le tapis tlemc�niens qui, tout au plus, �voquent une certaine �poque quand l�artisanat �tait un v�ritable joyau de la capitale des Zianides. Tlemcen, ville d�art et d�histoire, essaye de s�accrocher � son pass� mais pour combien de temps encore ? Sidi-Hamed et la vieille M�dina n�attirent plus de touristes, c�est devenu la chasse gard�e des affairistes. Elle est bien loin cette �poque o� les futures mari�es prenaient d�assaut les magasins d�El-Kissaria pour garnir leur trousseau. Le ha�k et le mendil de nos a�n�es appartiennent d�j� au pass� et c�est bien triste pour une ville conservatrice qui croule sous le poids du trabendo.