Il est conseillé de ne pas tomber en panne au beau milieu de cette côte. En attendant la réalisation des deux trémies de Bab Wahran (La porte d'Oran) qui ont pour objectif de mettre fin aux bouchons des heures de pointe du faubourg Pasteur, dont le goulot d'étranglement se situe sur le pont à sens unique de cette sortie nord de Tlemcen, les Tlemcéniens vivent le calvaire pour entrer dans la vieille ville de Sidi Boumediène. En prenant un taxi des Dahlias, dernier quartier ou cité résidentielle en cours d'aménagement, on peut mesurer les difficultés rencontrées par les automobilistes et même les piétons. Suivons le nouveau trajet. Le taxieur empruntant toujours le chemin le plus court prend la voie de Bab Al Karmadine, vestiges laissés par les Almohades au XIIe siècle. Le premier «bouchon» énerva notre taxieur devant la gare routière des bus plutôt minibus emmenant les voyageurs vers Hennaya et Remchi. Cette gare routière construite à la hâte par l'APC précédant celle de Bereksi est mitoyenne du cimetière juif avec le tombeau d'Enkawa où les Juifs pieds-noirs viennent en pèlerinage depuis ces dernières années. La deuxième attente c'est devant les feux de Babal Kameredine, là les policiers de service préfèrent utiliser le sifflet pour canaliser le nombre de voitures qui augmente à chaque minute perdue. Ce carrefour exigu est devenu par la force des choses la seule issue facile pour les automobilistes, les minibus venant de Hennaya, d'Abou Tachfine, du quartier populeux de Koudia, du nouveau quartier bâti sur les collines d'Oudjelida et sortant de la ville de Chetouane et de la zone industrielle. D'autres difficultés attendent notre taxieur devant le carrefour de la prison civile, la côte à 10% de Dar El Hadit où il faut avoir un bon moteur, sinon il est conseillé de ne pas tomber en panne au beau milieu de cette côte. Fin de parcours cahoteux devant l'auguste grande mosquée des Almoravides toujours aussi belle. Un retraité qui a fait ce trajet de 30 minutes des Dahlias à la place d'Alger me confia: «Tlemcen est une vieille médina du Moyen-Age, les Français l'ont démolie à partir de 1850 pour en faire une ville moderne et ils n'ont pas réussi. Pour ouvrir l'ancienne rue de France actuellement rue de l'Indépendance, ils ont détruit au bulldozer plusieurs vestiges tels que la medersa Tachfniya pour construire leur ´´mairie´´, le palais de Yaghmorassen pour construire les immeubles Melis et Blowd. Bref, d'après moi la solution serait tout simplement de faire sortir toutes les administrations (tribunal-impôts-banques-directions de wilaya, transport, mines et industries) et de les installer dans la nouvelle ville de Mansourah et de trouver les terrains avant que ça ne soit trop tard. Tlemcen est une ville touristique, il faut lui garder ce cachet en lui évitant ce charivari des voitures et bus qui circulent dans tous les sens telle une montre déréglée...». Voilà ce que pensent tous les citoyens amoureux du vieux Tlemcen et toutes les associations qui s'activent à préserver le vieux bâti ou ce qu'il en reste comme l'association de l'ancienne médina qui tente de sauver le quartier Bab Zir, Bab Ali, Sidi El Djebbar, Sidi El Yadoun, mais c'est difficile car toutes les maisons des anciens derbs, derb Messaufa, derb El Koran Kebri et Seghir, Djamaâ Achirfa, Derb Sensla sont en propriété indivise et les héritiers et cohéritiers ne tomberont jamais d'accord sur ce qu'il faut faire de leur ancienne maison «médiévale». Ce sujet a été débattu depuis l'indépendance par toutes les APC qui sont passées et par un colloque sur le thème de l'ancienne médina en 1983 organisé par l'Association pour la protection de l'environnement de la wilaya de Tlemcen (Aspewit). Les recommandations de ce colloque doivent être lues par tous les citoyens aussi par tous les décideurs qui veulent sauver cette cité millénaire. Rendons hommage aux responsables actuels qui ont pris des décisions énergiques telles que la réalisation de ces trémies, celle de Mansourah en fonction est une réussite car bordée par les vieux remparts de la cité mérinide (XIIIe siècle), là les deux civilisations du Moyen-Age et celle de l'Internet se côtoient merveilleusement dans une harmonie parfaite. Patientez habitants du Grand Tlemcen, 2007 c'est demain, ces désagréments sont dus aux grands chantiers en cours, espérons que ces derniers seront fonctionnels avant l'hiver.