Il ne devrait pas trop se plaindre des attaques personnelles dont il est la cible en cette saison. L�obscur enseignant qui, jadis, ferraillait � Tiaret dans la tristounette JFLN afin de se faire un nom devrait plut�t s�en r�jouir. Lui, que le hasard et la bienveillance de la cooptation propuls�rent � la d�putation en 1976 et que la connivence de 1999 lui fit gravir les plus hautes marches du pouvoir, ne peut que b�nir ses d�tracteurs. Pour se convaincre que ce qui lui arrive n�est que la d�me � payer � sa trop grande visibilit� politique, il lui suffit de se rappeler que celle-ci se mesure justement � l�intensit� de l�adversit� et au nombre des vol�es de bois. Comment, lui, peut-il oublier le rite initiatique de la r�ussite politique ? Celui qui enseigne � tout imp�trant de solliciter en toutes occasions la m�diatisation quitte � ce qu�elle tourne � vos d�pens� �Parlez de moi, m�me en mal, mais surtout n�arr�tez pas de le faire �� Lui qui occupe une position dominante ne devrait donc pas s�en offusquer � demi-mot aupr�s de la presse. Car l�on ne s�accapare pas impun�ment de la fonction de chaman d�un parti politique en vue et l�on ne la cumule pas avec celle de premier janissaire de l�ex�cutif si l�on n�a pas la carapace �paisse. Auquel cas il est pr�f�rable de revenir � l�enchantement du marchand d�alphabet que l�on fut, m�me si dans les manuels de lecture l�hymne national est inconsciemment tronqu�. Pr�tendre servir � la fois le bien public et promouvoir une doctrine partisane ne va pas sans de redoutables passes d�armes ni proc�s d�intention. Mais allez savoir qui ceux-ci visent-ils � travers lui ? En effet, un Belkhadem contest� simultan�ment par les caciques de sa famille (lire l�interview de Bounekraf au Soir d�Alg�rie du jeudi 8 novembre) et les alli�s ext�rieurs, cela ne fait en v�rit� probl�me que pour le pr�sident, contraint de jouer au pompier face au m�contentement qui souffle dans son premier cercle. Autant inviter le porteur d�eau devenu l�homme des nouvelles discordes � ne plus mettre en valeur son r�le fictif en cherchant plut�t � s�en remettre � celui qui fit de lui un diplomate avant de le placer � sa �droite� dans l�ex�cutif. C�est que le bouteflikisme, caract�ris� essentiellement par l�exc�s de calculs, a, cependant, rarement fait des choix heureux en mati�re de premiers ministres. En 9 ans, il en changea cinq fois et pour deux d�entre eux la d�cision ressemblait � la guillotine politique. Publiquement brutale avec Benflis et secr�tement exp�di�e avec Ouyahia. Mais si dans ces deux cas le chef de l�Etat a pu conforter son autorit� en ayant le dernier mot, il n�en serait pas de m�me dans le contexte trouble que vit actuellement le pays. Comment n�gocier le cas Belkhadem sans donner en m�me temps l�impression qu�il obtemp�re � la pression des lobbies internes ? Ce fid�le, trop encombrant d�sormais parce qu�il a en toutes circonstances ex�cut� ses ordres, concentre sur sa personne trop de critiques pour le re-l�gitimer publiquement afin de ne pas s�exposer � son tour � des d�fections dans ses r�seaux. Le travail fractionnel qu�il aurait accompli au sein des instances du parti du �pr�sident � lui vaut d�j� de dures r�pliques de la part du noyau de la direction ; de m�me qu�avec sa casquette dans l�ex�cutif il s�est taill� une r�putation d�impr�voyant, inapte � ma�triser les questions les moins sophistiqu�es. Apparatchik revanchard pour certains militants de son parti, il est en m�me temps un pi�tre intendant chez les technocrates qui le c�toient. Comment donc sauver le soldat BelKhadem, ignorer ceux qui l�ont d�stabilis� et en m�me temps d�samorcer une grogne s�rieuse tout en s�am�nageant de nouveaux espaces de man�uvre dans la perspective de 2009 et au-del�, si, bien s�r, bilans m�dicaux et affinit�s de clans s�accordaient pour un autre feu vert ? Voil� ce qui est attendu de Bouteflika sous forme de message cod� d�livr� ces jours-ci � partir du FLN ; et cela, de la part de ceux qui croient toujours en son leadership mais refusent de cautionner un seul instant son homme-lige. A l�oppos� de ce qui est arriv� � Benflis et � moindre co�t politique � Ouyahia, l�initiative qui lui est sugg�r�e ressemble plut�t � une mise en demeure. N��tant plus ma�tre du jeu des chaises musicales, dans lequel il a excell�, il se trouve paradoxalement dans l�inconfortable dilemme de c�der tactiquement en le sacrifiant sur l�autel de ses hypoth�tiques ambitions ou bien r�sister � cette exigence et perdre une bonne partie de l��lite �troufi�re� qui l�a accompagn� dans tous ses coups tordus�Ah ! Le putschisme du FLN ! D�un changement � l�autre, les contextes sont, comme on le voit, diff�rents. Ainsi, quand il a fallu remercier Ouyahia il s�y �tait pris au moment o� il y avait le moins de pression si bien que l�initiative lui fut attribu�e surtout qu�il eut sur le moment le trait de g�nie de ne r�pudier que le chef du gouvernement, lui imputant la totalit� des �checs. Avec le SG du FLN, le sc�nario qui reste � �crire sera diff�rent d�s lors que l�hypoth�se de son d�part finira par contresigner sa propre panne. La confiance mise en cet homme sans id�es sinon celle du chef, et droit dans ses bottes jusqu'� ne jamais prendre d�initiatives sans, au pr�alable, en r�f�rer en haut-lieu, r�sume parfaitement l�actuelle inertie de l�appareil d�Etat. Qu�il le remplace et il admettra le constat ou qu�il le maintienne et il s�exposera � ne plus avoir personnellement de projet d�avenir. M�me dans l�hypoth�se de son limogeage, le changement ne sera pas facile � effectuer dans la mesure o� m�me les ministres en place trop longtemps doivent c�der leurs portefeuilles. De plus, en sa qualit� de chef de l�Etat, il est tenu d��laborer une nouvelle feuille de route et faire une nouvelle d�claration de politique g�n�rale. Mais le peut-il lorsque le temps lui est d�sormais compt� ? Dans sa r�cente d�claration � la radio, Belkhadem parle sans trop de conviction d�un possible remaniement minist�riel apr�s le scrutin du 29 novembre. Lui qui a pris l�habitude de multiplier les effets d�annonce n�est que partiellement cr�dible cette fois-ci encore dans la mesure o� en bonne logique institutionnelle l�on ne voit pas de cause � effet entre le renouvellement des institutions d�lib�rantes locales et son impact sur la composante de l�ex�cutif. Car, quand il a fallu proc�der � ce changement surtout dict� par la logique institutionnelle, au lendemain des l�gislatives Bouteflika n�y avait pas vu la n�cessit� jusqu�� reconduire le pr�c�dent avec une d�sinvolture qui a �tonn� sur le moment les observateurs. Ceci pour dire que ce chef du gouvernement plastronne plus qu�il ne gouverne. Pour avoir �t� d�menti maintes fois dans ses assertions tapageuses, il trace � son corps d�fendant la marge �troite dans laquelle l�a confin� El- Mouradia alors qu�il ne cesse de faire accroire qu�il a la bonne oreille du pr�sident. Une illusion que les sph�res dirigeantes du FLN ont fini par admettre jusqu�� s�affranchir de l�omerta interne pour certains d�entre eux. N��tant plus ma�tre de la suite de sa carri�re, Belkhadem ne peut plus que surench�rir sur ses ��tats de service� aupr�s du pr�sident. Mais ce dernier peut-il encore �tre sensible � ses pri�res quand lui joue son destin dans les mois qui restent ?