Le tribunal d�Alger a ordonn� hier aux travailleurs (conducteurs et techniciens) de la Soci�t� nationale du transport ferroviaire de rejoindre leurs postes de travail et de mettre fin � une gr�ve ill�gale. Pass�e en r�f�r�, l�affaire des cheminots a �t� vite exp�di�e par le juge. Rosa Mansouri - Alger (Le Soir) - L�avocate qui a �t� d�sign�e, en urgence par le b�tonnat pour assurer la d�fense des travailleurs s�est retir�e au milieu de l�audience, apr�s le refus du juge de lui accorder une heure de temps pour mieux pr�senter l�affaire. Furieux, les syndicalistes ne comprennent pas le retrait de leur avocate. Certains, croient m�me savoir que des pressions sont exerc�es sur la justice afin de liquider l�affaire. En tout �tat de cause, les cheminots, r�unis � leur sortie du tribunal, ont d�cid� de tourner le dos � la d�cision de justice et de poursuivre la gr�ve. Pire, le travailleurs ont endurci leur mouvement et entament � partir d�aujourd�hui une gr�ve de la faim illimit�e. A Alger, ils sont au total 580 conducteurs et techniciens. 88% d�entre eux ont adh�r� � ce mouvement de protestation. Les trains ne reprendront-ils plus les rails ? Ne pouvant plus compter sur les organisations syndicales dont le message port� � l�attention des pouvoirs publics reste � chaque fois sans �chos, les cheminots se sont organis�s sans faire de bruit, avant de se donner le mot d�ordre pour la gr�ve. Au troisi�me jour du d�brayage, hier, la section syndicale qui a ralli� le mouvement des travailleurs, a �t� appel�e � compara�tre devant le juge pour s�expliquer sur l�objet de la plainte d�pos�e par la direction de la SNTF. Les travailleurs se sont pr�sent�s par dizaines au tribunal Abane-Ramdane. L�audience qui �tait pr�vue pour la matin�e a �t� report�e au d�but de l�apr�s-midi, pour permettre aux travailleurs d��tre appuy�s par un avocat. Rencontr�s sur place, les gr�vistes ne cachent pas leur ras-le-bol. Ils s�exprimaient tous � la fois au point qu�il nous �tait parfois difficile de saisir le contenu de l�ensemble des revendications expos�es. L�effervescence enregistr�e t�moigne d�un grand malaise ressenti dans cette profession. Qui sont au juste les cheminots ? Ce sont des Alg�riens d�vou�s au service de leur nation. Ils sont confront�s � un danger quotidien que les politiques ne connaissent pas. L�h�catombe du rail est semblable � celle de la rue. Les cheminots sont agress�s par des bandes de malfaiteurs, des voyous et des terroristes. Les conducteurs des trains et leurs techniciens encourent tous les dangers. En contrepartie, ils r�coltent le m�pris, l�indiff�rence et encore pire la justice. Le soul�vement des cheminots est, en effet, motiv� par la d�gradation permanente de leurs conditions de travail. Ils sont priv�s des diff�rentes primes qui leur sont attribu�es dans le cadre de la loi, comme les primes de risque et d�astreinte. Les heures suppl�mentaires ne sont pas vers�es syst�matiquement dans les salaires. Malgr� tous les risques pris, ces derniers restent en d��� des attentes des travailleurs. La F�d�ration des cheminots, cr��e il y a 18 mois pour jouer son r�le de partenaire social, n�a malheureusement apport� aucun soutien aux revendications des cheminots. �Nous sommes pour le pacte social et �conomique, mais celui-ci ne doit pas �tre exploit� au d�triment des travailleurs �, nous raconte un membre de la f�d�ration qui a rejoint le mouvement de gr�ve. L��tat de sant� d�un nombre important de conducteurs de train et leurs collaborateurs m�rite une attention particuli�re. Le choc �motionnel auquel sont confront�s les conducteurs lors des diff�rents voyages d� � des accidents, intrusion des malfaiteurs et terrorisme, sont � l�origine de l�apparition chez le personnel, de certaines maladies chroniques comme la tension, le diab�te et l�asthme. Aussi, une longue carri�re dans le m�tier de cheminot ne se termine pas, par ailleurs, sans une baisse sensible de l�audition. Le comble, c�est que toutes ces maladies ne sont pas d�clar�es comme �tant des maladies professionnelles. �Nous sommes en train de mourir � petit feu dans l�indiff�rence totale des pouvoirs publics. Nous menons un combat depuis 1997, pour faire entendre nos probl�mes, en vain�, a signal� le secr�taire g�n�ral de la section syndicale, M. Hamadache. Les bas salaires des cheminots (entre 9 000 DA et 22 000 DA), pour les diff�rentes cat�gories du personnel, ne permettent pas � ces derniers de se soigner et de vivre dignement. Ainsi, les travailleurs qui prennent quotidiennement le train ne sont pas pr�s cette fois-ci de renoncer � leurs revendications. Le tournant pris par les cheminots risque d�avoir des cons�quences catastrophiques au niveau social. Le transport des marchandises et des produits �nerg�tiques notamment est ainsi mis en p�ril. Cette gr�ve peut provoquer des perturbations dans l�acheminement de la marchandise par voie ferr�e. L�approvisionnement des grandes villes de l�Ouest et de l�Est, en bl�, carburants, engrais et autres produits est menac�.