Deux membres du collectif gréviste devaient comparaître devant le procureur général près le tribunal d'Alger pour arrêt de travail illégal. Les conducteurs de locomotives continuent la grève, jugée illégale par la SNTF, suivie hier, par l'effectif du service exploitation. Selon les grévistes rencontrés hier, “ce débrayage aurai pu être évité si l'administration avait daigné engager un dialogue apaisant”. Au lieu de cela, les sanctions à l'encontre du mouvement de protestation tombent les unes après les autres. Dans le but de le museler, cette dernière a d'abord convoqué le personnel féminin. Dix conductrices de locomotives se sont vues menacées de devoir travailler la nuit au même titre que leurs collègues masculins, alors que le règlement intérieur de la SNTF stipule clairement que, par mesure de sécurité, les femmes n'assurent pas le service de nuit. L'administration, pour bloquer les protestataires, a, de plus, fait appel à des ex-conducteurs, parfois même sans la présence d'un aide-conducteur, pour assurer le trafic ferroviaire. Les grévistes appellent donc “la population à ne pas utiliser ce moyen de transport, tant que la grève continue, et ce, pour des raisons évidentes de sécurité”. À titre d'exemple, les cheminots nous citeront un événement qui date de deux jours et qui aurait pu tourner au drame. Il s'agit d'un train conduit par l'un des remplaçants dépêchés par l'administration des chemins de fer, qui ne maîtrisant pas les procédures, a omis de marquer l'arrêt à la gare de Rouina, dans la wilaya de Aïn Defla où il n'y a qu'une seule voie pour plusieurs trains, d'où la nécessité de l'arrêt. Les cheminots estiment que “si la catastrophe a pu être évitée, c'est par pure chance”. L'un d'entre eux ajoutera : “S'il y avait eu un accident, ils auraient probablement mis cela sur le compte de la volonté de Dieu.” Le collectif était présent hier, à la cour d'Alger, pour soutenir deux de leurs collègues. En effet, ils devaient comparaître devant le procureur général près le tribunal d'Alger pour arrêt de travail illégal. À la surprise générale des travailleurs en grève, l'avocat de la défense s'est retiré de l'affaire à la dernière minute. Il aurait reçu un coup de fil lui déconseillant d'assurer leur défense. Face à cette bizarrerie, le juge s'est contenté de conseiller aux grévistes de reprendre le travail et d'interrompre ainsi le mouvement de grève, ce qu'ils ont bien entendu refusé de faire. Pour rappel, la décision d'entamer ce débrayage était intervenue suite à un sentiment d'injustice. Effectivement, lors de la première phase de la dernière convention de branche, il a été décidé d'augmenter le personnel administratif de la SNTF. La deuxième phase devait concerner le service de traction, à savoir les conducteurs et mécaniciens. Mais cette deuxième phase n'intervient toujours pas, et les cheminots restent sans réponse quant à leurs revendications. Ils demandent, en vertu de l'article 6 du règlement intérieur qui stipule que “tous les travailleurs sont égaux”, de bénéficier de ces mêmes augmentations, dont jouit déjà le personnel administratif de la SNTF. Les grévistes crient à l'injustice en évoquant notamment tous les risques que comporte leur métier. “Nous mettons notre vie en danger quotidiennement et nous ne touchons pour cela que 500 DA par mois. Il y a eu durant l'année 2007 plus de 24 attentats à la bombe visant nos trains, sans parler des agressions, des jets de pierres, et personne ne s'en soucie”, s'insurge l'un des grévistes. Amina Hadjiat