Colère n Des travailleurs de la Sntf dans plusieurs wilayas ont rejoint, depuis hier, le mouvement de protestation. Les grévistes ne comptent pas suspendre le débrayage jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. En dépit de la décision de la justice qui a ordonné, hier, aux conducteurs de trains et agents de maintenance relevant de la Société nationale de transport ferroviaire (Sntf) de suspendre leur débrayage, les grévistes persistent dans leur mouvement de protestation. «Nous avons tenu une assemblée générale juste après la décision de la justice. Nous avons convenu de poursuivre l'arrêt de travail jusqu'à la satisfaction de nos revendications socioprofessionnelles. Tous les travailleurs sont déterminés à faire valoir leurs doléances et rien ne peut les arrêter», nous a affirmé, ce matin, un délégué syndical. La paralysie quasi totale de la circulation ferroviaire continue. Visiblement mécontents du verdict de la cour de Sidi M'hamed, les grévistes estiment que leur affaire a été traitée à la hâte en raison, disent-ils, de «pressions qui auraient été exercées sur une partie». D'ailleurs, l'avocate désignée par le bâtonnat pour défendre la cause des travailleurs s'est retirée au beau milieu de l'audience à la suite du refus de sa demande relative au report de cette dernière. «Nous n'avons pas compris les raisons qui ont poussé l'avocate que nous avons pourtant payée de notre poche, à se retirer. Le juge lui a dit qu'il ne pouvait reporter l'audience que d'une heure, arguant le fait que l'affaire a déjà été reportée dimanche. Ce n'est pas normal. Des pressions auraient été exercées pour liquider l'affaire», s'indigne notre interlocuteur. Intransigeants et décidés à se faire entendre, les cheminots comptent durcir leur protestation «en faisant appel à tous les moyens possibles» afin d'atteindre leurs objectifs, à savoir l'augmentation des primes de kilométrages et de déplacements. D'autres travailleurs ont rejoint, depuis hier, le mouvement de protestation. Il s'agit, selon notre interlocuteur, des employés du service d'Exploitation d'Alger (chefs de trains, contrôleurs, chefs contrôleurs, KDTR, KPTR et agents de gare) ainsi que des travailleurs de la Sntf dans certaines wilayas du pays. «Agacés par la sourde oreille des responsables de la Sntf et l'indifférence de la Fédération nationale des cheminots (FNC), les travailleurs de Tlemcen, Souk Ahras, Annaba, Mohammadia (Mascara), Jijel, Tebessa, Biskra, Skikda, Constantine, Chlef, Bordj Bou-Arréridj, Beni Mansour, Thenia, Blida, Khemis Miliana et Béjaïa ont rejoint la grève. Les autres employés suivront également notre mot d'ordre», précise, confiant, le délégué syndical, rencontré à la gare de Belcourt. «Nous n'allons pas suspendre la grève, si les responsables ne daignent pas améliorer nos conditions de travail», ont souligné, à l'unanimité, les autres grévistes. l Pour permettre la continuité de la circulation des trains, la direction de la Sntf a procédé au remplacement des travailleurs grévistes par d'autres employés. «La Sntf a fait appel aux chefs de traction (C-TRA), chefs de traction principale (C-TRAP) et chefs de réserves (C-RES) pour conduire les trains et non pas les retraités comme ont rapporté certains journaux. Mais ces derniers conduisent seuls, ce qui met les voyageurs en danger permanent. «Imaginez qu'un conducteur soit victime d'un malaise. ça sera une véritable catastrophe car il n'y a personne pour arrêter le train», a souligné un syndicaliste. La société a, selon lui, même fait appel à des manœuvres et d'autres ouvriers qui n'ont aucun lien avec la conduite. «C'est une infraction flagrante de la réglementation en vigueur», s'indigne un autre gréviste, rappelant l'erreur commise, samedi, par le conducteur de la ligne Oran-Chlef. Ordonné de continuer jusqu'à Alger, ce conducteur ne s'est pas arrêté à Romina (Aïn Defla). « Et si le train d'Alger-Oran s'était déplacé, une collision entre les deux trains aurait été inévitable et…ça aurait été la catastrophe», ajoute le syndicaliste.