Un �gogo� comme il se dit trivialement. Il est vrai qu�il fut un temps o� l��lecteur basique d�posait son bulletin � chaque convocation et m�me, quand il s�en abstenait, la main secr�te de l�administration le faisait � sa place. Les votes � l�alg�rienne se r�sumaient nagu�re � cela lorsqu�il n�y avait pas besoin des subtiles s�ductions des candidats pour bourrer les urnes. Mais, nous dit-on, les pratiques ont chang� puisque, depuis les derni�res l�gislatives, le pouvoir a pris le parti de la transparence. C�est ainsi que l�abstentionnisme, cet euph�misme qualifiant le boycott et la d�sob�issance civique, est r�v�l� et m�me interpr�t� paradoxalement comme une �avanc�e d�mocratique�. Hier l�on se moquait de la stupidit� collective de l��lectorat mais aujourd�hui l�on commence � craindre son indiff�rence. 3 millions de lettres standards adress�es � ceux qui auraient oubli� d�accomplir leur �devoir� n�ont finalement m�rit� qu�un dixi�me de justifications. Terrible d�saveu pour un appareil d�Etat qui, sous couvert d�actualisation des listes �lectorales, avait orchestr� une op�ration de conditionnement. L�abstention lors du scrutin de jeudi prochain est par avance annonc�e. Mieux m�me, elle est d�j� �seuill�e� autour de deux millions de r�fractaires. Non seulement le pays se porte mal �conomiquement mais plus encore le personnel politique cafouille d�sesp�r�ment m�me quand il s�agit de plaider sa propre cause. Spectacle d�solant d�une campagne de sensibilisation qui tourne � la farce � l�image de Ouyahia d�couvrant les vertus du scepticisme ou bien d�un Soltani qui se lave les mains des �checs notoires de la gouvernance jusqu'� l�in�narrable Belkhadem dont la rh�torique se r�sume � quelques formules tir�es du lexique de la pens�e unique. Cependant il faut, par scrupule, distinguer la part de sinc�rit� chez certaines personnalit�s. Mais celles-l� sont peu nombreuses pour faire changer d�avis le corps �lectoral. Trop de col�res couvent dans ce pays pour attendre de celui-ci qu�il accorde le moindre sursis � son �lite politique. C�est sous le r�gime actuel que tous les vecteurs de la d�mocratie ont �t� d�voy�s. Partis politiques, parlementarisme, presse et jusqu�au suffrage universel ont connu depuis 1999 un implacable harc�lement jusqu�� les r�duire � des faire-valoir apparents, tout juste utiles pour conforter un pouvoir personnel. Qu�est-ce � dire si ce n�est que les travers d�un r�gime ont fini par d�courager le plus sage des Alg�riens qui ressent, � travers le d�pouillement des quelques libert�s conquises � partir de 1988, une sorte de trahison. Que la classe politique batte, ces jours-ci, campagne ne le fera pas revenir lui � meilleures dispositions d�esprit. Celle-l� est ironiquement qualifi�e de s�rail de charmeurs de serpents � peine diff�rente du grand ma�tre. Or, celui-ci est pr�cis�ment nu parce que sans bilan positif � 15 mois de l��ch�ance des pr�sidentielles. L��lecteur per�oit de cette fa�on cette agitation surr�aliste pour cr�dibiliser un scrutin de plus. C'est-�-dire un vote inutile. C�est justement � cet improbable votant du 29 novembre, parce que lucidement d�senchant�, qu�il faut exposer ce dilemme. Entre renoncer � un droit constitutionnel afin de signifier son divorce ou bien l�accomplir mais en sanctionnant tous les r�seaux de proximit� du pouvoir. Entre autres, l�alliance tripartite de pi�tre r�putation. Sur ce second aspect, il prendra alors le risque de faire confiance � la neutralit� de l�administration dont, � l��vidence, il n�a pas encore v�rifi� sa r�alit�. A lui le grand cocu historique de trouver la bonne r�ponse le jour fatidique. Sachant qu�il fut de tout temps le �magnifique� tromp� de la com�die des urnes, n�est-il pas en droit de poser comme pr�alable � cette nouvelle esbroufe qu�elle ne finisse pas par renforcer ceux qui sont en place, voire leurs semblables. Ceux que l�on appelle g�n�riquement la p�pini�re du syst�me. Il est vrai que la multiplication des consignes et la multiplicit� des voix qui l�invitent, le d�routent. Que faire de son bulletin alors que le scepticisme est de r�gle ? Tant que la question est pos�e en ces termes, il y a lieu de croire qu�en Alg�rie il y a de moins en moins de �gogos� et de plus en plus de citoyens vigilants. Une soci�t� d�faite et douteuse ne change-t-elle pas l��lecteur jadis craintif en contestataire d�livr� de sa peur ? Celui-ci refuse d�sormais de souscrire � une d�mocratie de pacotille, � une r�publique de larrons, � des parlementaires muets et conciliants et s�rement pas � des voyous comme maires de leurs douars. Mais en face de lui que pr�tendent incarner ces candidats au sacre d��diles ? De quelles s�rieuses promesses s�appuient-ils pour capter l�int�r�t et par voie de cons�quence les bulletins ? De cette campagne qui s�ach�ve l�on aura peu vu ces �politiques� en herbe prendre de fa�on autonome la parole. Chaperonn�s par leur leaders d�appareil, ils n�ont finalement fait que de la figuration en s�en remettant docilement � la toute-puissance de l�administration laquelle, le jour venu, corrigera les r�sultats et �quilibrera les quotas afin que, lorsqu�on change les hommes, l�on ne change rien aux �quilibres anciens. Dans ces conditions-l�, voter ou ne pas voter n�a toujours pas de sens et le mieux serait de s�en abstenir pour �viter le d�sagr�ment de la tromperie le jour d�apr�s. M�me si des �lections locales n�ont pas la m�me importance que les l�gislatives, elles constituent cependant un test significatif pour mesurer l�impopularit� d�un r�gime. Ainsi, il suffirait que la d�fection du 17 mai (l�gislatives) soit amplifi�e jeudi prochain pour faire douter le sommet et le pousser � reconsid�rer certaines de ses vell�it�s. Quand un pays se d�tourne progressivement de ses dirigeants, il ne reste � ceux-l� que le digne renoncement � leurs ambitions. L�on ne r�gente pas sur de trop longues dur�es un peuple contre son gr�. A moins de� A moins de recourir � la tyrannie solitaire.