Mostaganem vivra en 1927, d�s les premiers jours d�octobre, un automne des plus rudes avec � la cl� la brume, le froid et de fr�quentes averses d�une rare densit�. Ce qui, � l��vidence, ne tardera pas � contribuer � une nette augmentation du d�bit de l�oued A�n Sefra qui, dans la foul�e, charriera ainsi toutes sortes de substances dont l�obstruction partielle entravera le drainage du tunnel. Cet oued qui traverse encore de nos jours une partie de la ville avait �t�, vers les ann�es 1835-1840, couvert en ne laissant qu�un tunnel pour l��coulement des eaux de pluie notamment et ce, avant de se jeter � la mer, tout pr�s du port. Il y a 80 ans, durant la nuit d�un certain 26 novembre 1927, Mostaganem v�cut un des cauchemars les plus atroces de son histoire. La ville ce soir-l� fut bel et bien inond�e et une partie d�un quartier emport�e par des eaux en furie... Entre minuit et 6h du matin a eu lieu alors la catastrophe. La veille, soit le 25 du m�me mois, la ville fut d�clar�e en �tat d�alerte. Le niveau des eaux augmentait all�grement et le tunnel de l�oued s�encombrait de plus en plus alors que le pont des Citronniers �tait d�j� submerg�. Ainsi, la matin�e du 26 s�annonce des plus rudes et rien ne pr�sageait alors des moments d�accalmie pour le reste de la journ�e. La pluie se faisait de plus en plus dense. Vers 16h, l�eau commence � envahir la place Gambetta et une brusque coupure de courant �lectrique ne tardera pas quelques heures plus tard � plonger toute la ville dans une totale obscurit�. Il n�y avait point de plus triste pr�lude � un v�ritable sinistre que ce d�cor et cette sensation de peur et d�angoisse qui donne autant de frissons dans le dos. En effet, vers minuit, ce fut la catastrophe. Le rempart en amont du tunnel finit par c�der sous la pression des eaux qui traversaient l�oued. V�ritable fleuve en folie sur au moins quatre m�tres de hauteur qui vint frapper de plein fouet le march� couvert et les immeubles avoisinants dont plusieurs seront emport�s par des eaux pour le moins d�vastatrices. Plusieurs locaux commerciaux et un caf� maure s��cras�rent � leur tour sous le poids de la d�ferlante. 100 � 170 vies humaines auraient p�ri ce soir-l� entre Europ�ens et musulmans. Des familles enti�res seront sous le poids des eaux. Du fond des t�n�bres se dessinait alors un v�ritable spectacle de d�solation, d�horreur et de profonde angoisse. Que de d�g�ts tant humains que mat�riels ont d� �tre d�plor�s ce soir-l�. Dans les parages du sinistre, un vieil homme surpris par le d�sastre �lira refuge sous un arbre providentiel. Transi par le froid, il y passera toute la nuit. Un des rares rescap�s de la catastrophe... Alors que le restaurant La Sir�ne avait �t� ras�, le port un peu plus bas ne fut gu�re �pargn� ; envahi qu�il fut par la vase et des mat�riaux de toutes sortes. Les chalutiers amarr�s au petit quai furent s�rieusement ab�m�s sur la terre ferme. C�est � cet endroit, d�ailleurs, qu�on allait d�couvrir bon nombre de victimes... Des morts mais �galement des disparus. Combien de disparus en fait ? On ne le saura jamais car parmi les h�tes du bain maure, certains venaient des douars de toute la r�gion pour prendre part au march� hebdomadaire du samedi. Le 28 novembre, Mostaganem enterra ses morts. Ainsi, cette partie de la ville changera compl�tement d�aspect. La place Gambetta disparut et les remparts furent ras�s. L�oued A�n Sefra fut am�nag� � ciel ouvert et trois ponts furent jet�s plus tard pour relier le centre-ville au vieux quartier de Matemore. La vie repris ses droits et Mostaganem, 80 ans plus tard, s�en souvient encore... (Source : archives chez une vieille famille mostagan�moise)