En quarante années, il n'a pas connu de travaux d'extension d'envergure. Si après quarante années d'indépendance, aucune étude fiable n'a été enregistrée pour l'extension du port avec la plage de la Salamandre, que le troisième bassin ne semble pas encore voir le jour, ou encore le travail de dragage entrepris n'a pas atteint les objectifs escomptés, par l'absence d'une vision réfléchie, et que des dizaines de milliards ont été engloutis, sans pour autant parvenir à approfondir le bassin selon les normes, il n'en demeure pas moins que l'histoire de la construction du port de Mostaganem mérite d'être signalée, et nous démontre, si besoin est, que la volonté des hommes a eu raison de la force des vagues, des cataclysmes, et des guerres qui se sont succédé pour la réalisation de cet important ouvrage. Ni les Romains ni les Turcs ne s'étaient préoccupés de croire en le port de Mostaganem. La crique au nord de la Salamandre avec la baie des pirates à l'ouest de Kharrouba, formaient les seuls abris bien précaires, utilisés par les pêcheurs turcs pour gagner la côte. A cette époque, à Mostaganem, n'existait qu'une plage de sable au milieu de laquelle coulait l'oued Aïn Sefra. Les navires mouillaient à quelque distance du rivage, et reprenaient le large au moindre indice de mauvais temps. Dès 1847, les premiers travaux destinés à faciliter le trafic maritime aux abords de Mostaganem furent entrepris sous la forme d'une jetée débarcadère. En 1848, alors que le trafic s'élevait déjà à 23.000 tonnes, un ingénieur avait fait des études hydrogéographiques soulignant «le rivage de Mostaganem, formé de falaises rocheuses, dont le pied est çà et là, revêtu de sable, n'offre aucune crique, aucune infrastructure prononcée, dont on puisse tirer parti pour la création d'un port: il est battu par tous les vents du large et se trouve exposé aux vents dominants du Nord-Ouest.» Suite à ces données, on se contenta au début, de construire une jetée débarcadère, dirigée d'Est en Ouest, de 80 m de longueur, 4 m de largeur et une cale de halage. En 1852, le projet de cet ingénieur fut élaboré, visant à prolonger la jetée et à protéger le talus par une digue de blocs artificiels de 14 m3. En 1867, le prolongement de la jetée fut commencé, la longueur portée à 300 m. Dès 1885, la construction du port de Mostaganem fut décidée. Là, la jetée est prolongée à 830 m, ainsi qu'un terre-plein protégé par des enrochements, pour la construction de blocs devant recevoir la gare maritime, et servir de dépôt de marchandises. En 1914, deux jetées ont été achevées, et le principe de l'extension du port vers la Salamandre a fait son chemin, n'était la Première Guerre mondiale qui interrompit ce projet. En 1925, un premier dragage a été entrepris afin d'approfondir le bassin à 8 m, et l'extension de la superficie à 14 hectares. Alors que le port de Mostaganem allait prendre la place qui lui convenait, une fois de plus, d'autres éléments vinrent se mettre au travers de ces projets. Le 26 décembre 1927, à l'issue de plusieurs pluies torrentielles, l'oued Aïn Sefra grossit démesurément par les avalanches d'eaux, arrêtées dans leur course à la mer par l'obstruction de sa canalisation, crevant ce barrage accidentel qui se rua vers la ville sur le port qu'il remblaya dans toute sa partie-Est causant de sérieux dommages.Quarante années de travaux anéanties par ce cataclysme, en l'espace de 48h, mais cela n'a été nullement décourageant, puisque les travaux reprirent en 1928, et la jetée a été prolongée à 160 m de large, de 7000 m² de terre-plein, et une construction de 312 m de mur de quai. En 1940, la jetée a été prolongée à 650 m avec la construction d'un deuxième bassin. Un nouveau port d'une superficie de 30 hectares, un cercle d'évitement de 300 m, protégé par une jetée transversale de 700 m, et des silos de 18.000 tonnes ont été édifiés. A titre d'illustration, à cette époque, le mouvement des navires atteint quelque 1600 navires, avec 374.000 tonnes de marchandises, dont 125.000 tonnes importées et 248.000 tonnes exportées. La vitalité du port de Mostaganem a été nettement mise en relief, durant les années 50. Aujourd'hui il est à se demander les raisons pour lesquelles, en 40 années, il n'a pas connu de travaux d'extension d'envergure.