Les Alg�riens sont d�finitivement f�ch�s avec le personnel politique et ils le font savoir chaque fois que s�organisent des �lections. En mai dernier, ils �taient deux sur trois � bouder les urnes d�o� devait sortir un nouveau Parlement et ce jeudi 29 novembre ils r�cus�rent majoritairement (60%) les listes appel�es � leur donner des administrateurs locaux. En moins de 6 mois, ils auront par cons�quent censur�, d�abord, le pouvoir d�Etat qui d�s 1999 a �privatis� les libert�s politiques en les manipulant selon ses objectifs ponctuels ; ensuite les appareils qui, pour la plupart, se sont pr�t�s � la compromission. Le pluralisme a d�sormais v�cu apr�s ce second round fatal. Apr�s la prometteuse d�cennie � 1989-1999 � au cours de laquelle se multipli�rent les clubs politiques, le temps du cr�puscule vient de sonner. Au-del� de l�apologie d�une �poque joyeusement libertaire, nous savions tous que cette parenth�se devait n�cessairement d�boucher sur une d�cantation qualitative. Sauf que nous avions oubli� la main lourde de l�appareil d�Etat qui allait emp�cher l��mergence de p�les significatifs, capables eux d�approfondir la d�mocratie. Il leur pr�f�ra des appareils aux ordres qui devaient lui servir de cordon sanitaire afin de se perp�tuer. Il est vrai que la d�multiplication pagailleuse des ann�es 1989-1990 portait en elle les germes de tous les discr�dits. Les 60 hizb sataniques que l�on agr�a alors �taient la n�gation m�me du pluralisme f�cond pour la d�mocratie. D�ailleurs, c��tait ce que souhaitait le syst�me qui encouragea cette foire de mauvais bateleurs juste pour convaincre l�opinion que les libert�s publiques signifiaient d�sordre de l�Etat. Quelque part il y parviendra, lorsque apr�s 1999 il s�attela � l�asservissement des partis dont l�ancrage social �tait r�el. Progressivement le huis clos politique s�imposera avec pour cl� � la survie la n�gociation des quotas dans les fonctions �lectives et si, affinit�s et plus, l�accession au �casting� de l�ex�cutif. En somme un enr�lement g�n�ralis� pour alimenter un th��tre d�ombres dans l�espace politique. Ces cinq ou six chapelles qui mobilisent tant les plumes des commentateurs en pr�tendant �tre les d�positaires du pluralisme, alors qu�elles ne sont que des �l�ments d�un d�corum, doivent aujourd�hui dig�rer les d�saveux de l��lecteur. Elles qui passivement ou par app�tit des privil�ges se sont fourvoy�es dans la proximit� du syst�me ne sont plus en mesure de convaincre l�opinion du contraire. Elles ne sont notoirement identifi�es que comme des leviers de man�uvre dans des situations de haute strat�gie �lectorale. Pas plus ni mieux que la tro�ka qui g�re les affaires publiques, le PT ou le RCD et m�me le FFS ne peuvent pr�tendre qu�ils sont des affranchis. Bon gr� mal gr�, ils continuent � n�gocier leur visibilit� avec, d�abord, le r�gime rendant accessoire la parole des urnes. Les consultations �tant ce qu�elles furent toujours, �quid� alors de leurs v�ritables surfaces politiques que seules des urnes transparentes �talonnent ? Quand, malgr� l�impopularit� notoire des relais partisans qui g�rent mal le pays, ceuxl� continuent � occuper les premi�res places dans les assembl�es, l�on ne peut que conclure que nos votes continuent � �tre truqu�s sauf � croire en la stupidit� du rare �lecteur. C�est � cet �tat de fait que l�on reconna�t la persistance des vieilles pratiques et l��ternelle marque de fabrique du r�gime. Dans le m�me temps, l�on peut s��tonner que les courants qui tirent leur respectabilit� de la seule posture d�opposants aient pu croire un seul instant que les urnes sont encore un recours pour sanctionner un pouvoir � bout de souffle. Si ce n�est pas de la d�solante na�vet� de leur part il ne reste qu�� les soup�onner d�aimer, secr�tement et par-dessus toutes les apparences doctrinales, les miettes du pouvoir. Les voil�, donc, ces rescap�s majeurs de notre multipartisme cens�s pr�server notre maigre capital d�mocratique. Peu ou prou ils ont encore une fois accept� de jouer avec des d�s truqu�s une partie �lectorale o� tout �tait distribu� par avance. Jouir d�une visibilit� � l�ombre du pouvoir s�appelle depuis longtemps de l�entrisme m�me lorsqu�on affiche pour la galerie des professions de foi diff�rentes de celle du r�gime. Pr�f�rant les conjoncturelles rentes � la poursuite d�un combat inachev�, ils participent dans les occasions �lectorales � la restauration d�un vieil �difice institutionnel qu�ils pr�tendent paradoxalement vouloir d�truire. Le pr�sident avait saisi tr�s t�t le b�n�fice qu�il y avait � tirer d�un pluralisme lequel, au fil des ann�es, a oubli� le patient travail de sensibilisation de l�opinion au point d�en �tre r�duit � un t�te-�-t�te avec le pouvoir. L�app�tit de �respectabilit� officielle faisant le reste, il sombrera dans les petites compromissions qui l��loigneront d�finitivement de l��lectorat et le rapprocheront un peu plus de la lumi�re glauque du pouvoir. Insidieusement, le pi�ge se refermera sur lui jusqu�� appara�tre aujourd�hui sous les oripeaux de �petite main� � la solde des strat�gies du sommet. C�est ainsi que ces partis, dont leurs consistances doctrinales se sont dilu�es dans les calculs d�int�r�ts et leurs visibilit�s militantes r�duites � quelques gesticulations de campagne, ont cess� d�int�resser le pays r�el. Les uns apr�s les autres, ils furent frapp�s d�obsolescence et inspir�rent � la soci�t� l�ex�crable sentiment qu�ils ne sont finalement que des officines de chenapans trop accord�s aux projets des pouvoirs pour faire accroire qu�ils sont l�alternative que r�clame depuis presque 20 ans, les Alg�riens. Pour avoir oubli� ce pourquoi Octobre 88 a eu lieu et surtout pour s��tre mal acquitt�s de leur vocation de contradicteurs hostiles radicalement � la perp�tuation du syst�me, ils ont affaibli les libert�s publiques bien mieux que ne le fit la haute administration. A chaque mascarade �lectorale, le constat � leur encontre est le m�me. Il est implacable.