Une bombe explose ce matin � Alger, une autre la suit de plus pr�s t�lescopant nos concitoyens en convois de lambeaux de chair et de sang orn�s de lumi�res de gyrophares bleu�tres, de sir�nes stridentes et de d�clarations saum�tres de ministre sans relief ni photog�nie �Il est facile de commettre un attentat�. Tiens donc ! Il n�y a pas si longtemps celui-ci m�me se plaisait � dire avec le m�me calme olympien, que les pluies torrentielles �taient derri�re le faible taux de participation des �lecteurs aux cantonales tout comme, lors des l�gislatives, l�engouement pour la plage l�a emport� sur l�esprit citoyen. Qu�importe, avalons les cachetons que prescrivent les psys pour les moins fous d�entre nous ceux qui au moins les consultent) et comptons nos morts � d�faut de pouvoir compter nos voix, faisons place dans les services d�urgence et �largissons nos cimeti�res. (�) Je le savais, ce matin, en lisant le seul journal du soir qui se lit au r�veil, comme une claque pour dire bonjour : Le Soir d�Alg�rie. Ce matin est un 11 d�cembre, grav� en en-t�te du journal, le chiffre clignotait dans ma t�te, � chaque fois que je tournais la page, � la mani�re d�un feu de d�tresse : rabbi yestar ! Le chiffre est loin d��tre ce porte-bonheur qu�est devenu le 13 dans les jeux de hasard, apr�s avoir longtemps �t� synonyme de malheur dans l��sot�risme chr�tien. Car l��sot�risme salafiste nous a d�finitivement impos� un nouveau chiffre f�tiche dans le sens du f�tichisme sado-masochiste et du satanisme nouvelle �re� Sur ce chiffre au moins notre tr�s comp�tent ministre n�aura rien � en redire, dirions-nous ! Mais si, mais si, on peut le lui souffler : �C�est facile de commettre un attentat surtout si c�est un 11 du mois !� En premi�re page de mon canard ce matin, figurait en gros plan Moussa Touati, un hopni (homme politique non identifi�), mont� par la gr�ce du vote volatile et, peut-�tre bien plus, que le dernier scrutin cantonal imposa en t�te de liste d�une nouvelle 3e force politique du pays. Gros titre : �Dix ans pour un pr�sident, c�est suffisant�. Tr�s instructif, le nouveau venu ose des v�rit�s du haut de la tribune de sa nouvelle posture : �Quand on parle de 19% de taux de vote aux l�gislatives et qu�on le gonfle � 35%, je veux bien savoir qui a profit� des 16% qu�on a ajout�s�. C��tait � l�adresse de celle qui fut un temps la madone de l�opposition et qui est rentr�e aujourd�hui dans le moule des trois quarts de femmes ou hommes politiques : Louisa Hannoune ! Mais aussi en direction du pouvoir � qui il rappelle que le partage des 16% restants �tait finalement in�quitable ! Mais au fait, qu�est-ce ce pouvoir que m�me les politiques autoris�s d�exercer raillent ? Boutef ? Belkhadem ? Ouyahia ? Ou d�autres qu�on ne voit pas mais qu�on devine bien ? Seigneur Dieu ! Mais que l�on ne s��tonne de rien et m�me si cela fait rire aux �clats toutes les chancelleries du monde, entre nous-m�mes comme dirait Khaled, la question m�rite d��tre pos�e car � d�faut de respecter les r�gles, il est aujourd�hui urgent de respecter les non-r�gles ! Serait-ce trop demand� ? Sa majestueuse �Etat d�Urgence� y voit-elle un inconv�nient ? Cela ne consolera pas la m�re qui pleure son enfant, ni la veuve, ni l�orphelin qui pleure son papa qui ne rentrera pas ce soir, la s�ur qui n�embrassera pas en cet A�d, son fr�re. Mais cela s�adresse en r�alit� � nous tous, nous autres citoyens de la m�me patrie o� nous n�avons d�autre alternative que de vivre ensemble et que pour ce faire il nous faut construire la paix sur de solides bases dont la v�rit� est l�arcane essentiel. Cela s�adresse � nous tous qui avons saut� sur le t�l�phone � la mani�re des rescap�s cherchant comme des fous des nouvelles des n�tres pour s�assurer que la mort ne les a pas fauch�s cette fois-ci, pas encore� Appelons d�une seule voix : Rendez-nous nos chiffres ! Les grands comme les petits, ceux qui comptent pour nos morts comme ils comptent pour les survivants d�entre nous, ceux qui comptent pour les voix exprim�es comme ceux qui comptent pour les abstentionnistes. Car l�un comme l�autre il n�y a pire chiffre maudit que celui que l�on nous cache ! Certains par manque de vision diront peut-�tre qu�en critiquant en pareille situation les tenants du r�gime on donne quelque part raison � ces criminels internationaux qui nous saignent. Loin s�en faut ! R�clamons, simplement, qu�on nous rende nos cervelles, enti�res, pour combattre le crime pleinement et efficacement ! Enfin, je ne voulais pas tant monopoliser les lignes de la rubrique �Vox populi� o� s�expriment nombre de vos lecteurs, n��taient ces maudits attentats qui survinrent apr�s qu�en ouvrant le journal � la page 7, je tombai sur un papier que j�avais envoy�, il y a quelque temps : �Ouyahia-Belkhadem� ou �El- Hadj Moussa, Moussa El-Hadj� : r�ponse � Joseph. O� je tra�ais un lien entre les attentats suicides et le ph�nom�ne de harragas de nos jeunes qui font les news que se transmettent sinistrement en guise d�informations sur notre pays les grandes cha�nes de t�l�vision du monde. Car tout le monde en convient : les espaces d�expression oppriment par leur raret� le citoyen tout comme la crise des places de stationnement constitue le facteur essentiel, apr�s les embouteillages, dans l�explosion du ph�nom�ne de tachycardie des automobilistes. Si bien que la ligne bleue, fra�chement trac�e sur nos routes, nous dit-on pour faciliter la circulation � autre mensonge dilatoire comme la coloration des chiffres apr�s celle en lignes rouges de la politique � n�est autre qu�un effet placebo recherch� aux fous et malades imaginaires que nous sommes aux yeux de nos dirigeants comme au regard du pouvoir qui a �chou� � soigner notre �cinglitude� d�Alg�riens. Seule libert� qui nous est vraiment autoris�e et dont, tenez-vous bien, nous nous r�clamons. Larbi Ghrieb