Quand on p�n�tre au village Souidani- Boudjema�, commun�ment appel� Haouch El Gros, rien n�indique que cette localit� avait pay� cher pendant la d�cennie noire. Les habitants y vaquent � leurs occupation dans une relative s�r�nit� quoique le souvenir de Antar Zouabri y est toujours vivace. Mais cette qui�tude v�cue aujourd�hui par les uns et les autres n�est pas venue par le fait du hasard. Derri�re, des hommes se sont sacrifi�s. Ce sont les patriotes. Les retrouver � Haouch El Gros n�a pas �t� pour nous une t�che facile car des 120 patriotes mobilis�s en 1997, il n�en reste que 24 aujourd�hui. Pour les approcher, il nous a fallu un guide. C�est Djillali de Boufarik qui a accept� cette mission. Lui-m�me patriote de la premi�re heure, mari� et p�re de deux enfants qu�il fait vivre avec son salaire de 11 000 DA, il n�arrive pas � comprendre le pourquoi de sa marginalisation. D�embl�e, il nous m�ne vers l�unique caf� de Haouch El Gros. �G�n�ralement, c�est l� o� se rassemblent les patriotes�, nous fera savoir Djillali. Manque de pot, il n�y en avait aucun, except� un ex-patriote qui refusa de nous parler. A Souidani- Boudjema�, celui-ci est appel� Moho. En insistant, il nous dira qu�il refuse de se rem�morer les moments difficiles v�cus pendant sa mobilisation pour combattre le terrorisme et que son exclusion de la corporation l�accable aujourd�hui. Il rejoindra sa place dans le caf� sans rien dire de plus. Continuant notre recherche des autres patriotes, l�on finira par nous en montrer un. Il travaille au noir chez un entrepreneur. Muet comme une carpe, il ne d�cidera de parler qu�apr�s avoir obtenu l�assurance qu�on ne citera pas son nom. Il �voquera le retour de la s�curit� dans la localit� sans pour autant reconna�tre que le danger persiste toujours. Lui, il attend toujours la promesse du ministre de l�Int�rieur de r�gulariser leur situation. S�il reconna�t que le d�sarmement de certains patriotes � partir de 1997 �tait justifi� du fait qu�un grand nombre d�entre eux d�tenaient des magasins ou ont pris leur retraite, il d�plore toutefois le d�sarmement �sans motif� de quelques patriotes. Sans dire plus, il nous sugg�re d�aller voir le plus vieux des patriotes de Haouch El Gros. Ici on l�appelle �mi Bena�ssa. Arriv�s chez lui, nous l�avions trouv� en train de cr�pir le mur de sa maison. D�s que nous l�avons abord�, il commen�a � se lamenter et dira du premier coup qu�il a �t� l�s�. �Comment ne pas �tre d�sol� quand je r�alise qu�apr�s 14 ans de lutte sans r�pit contre la horde sauvage, je continue � percevoir une mensualit� de 11 000 DA et sans assurance de surcro�t. Si demain je meurs, mes enfants n�auront absolument rien�, tonnera �mi Bena�ssa. Pour lui, la lutte aujourd�hui contre le terrorisme doit se concevoir autrement. C�est la restauration d�abord de la confiance et de la conviction. Sans ces deux param�tres, �mi Bena�ssa conjecture une paix incertaine. Dans la foul�e, il dira qu�il est pein� de voir des terroristes repentis b�n�ficier de certains avantages alors que pour son sacrifice et celui de ces compatriotes on n�a r�serv� aucune gratitude. �Quand je vois que certains patriotes n�ont m�me pas de quoi acheter du pain, je trouve cela est affligeant.� Notons enfin que notre tentative d�approcher la veuve de Sellami Mohamed, patriote � l�avant-garde de Haouch El Gros tu� le 19 d�cembre 1995, a �t� vaine, cette derni�re �tant alit�e.