En art, le profane, souvent, aime (ou n'aime pas) spontanément. Les œuvres de l'artiste peinture Abla Benbaïbèche ne vous laissent pas insensible, devant tant de beauté. Entre Abla Benbaïbèche et l'art, c'est une longue histoire qui remonte à l'enfance. Native de Jijel, sur la côte du Saphir, elle a grandi à Alger. Depuis l'enfance, donc, Abla Benbaïbèche adorait les couleurs et avait une capacité d'imagination extraordinaire. Son professeur de dessin au CEM, qui avait remarqué ce don, lui prédit «un très bon avenir» si elle choisissait la spécialité du dessin. «Mais comme j'étais encore enfant, je n'avais pas pris les choses au sérieux même si ses encouragements m'avaient fait très plaisir et sont restés à ce jour ancrés dans ma tête. Je n'avais alors que 11 ans», se rappelle-t-elle. Nous lui avons demandé comment ce prof avait détecté ce don. «Comment mon prof de dessin avait détecté ce don ? Une fois, il nous a demandé de reproduire le dessin du paon à la maison. Je me suis appliquée. Je l'ai dessiné mais spontanément, je me suis retrouvée en train de créer des formes tout autour... Une sorte de décoration que personne ne m'a apprise. Le prof était émerveillé par ce travail et m'a demandé qui m'a aidée dans ce travail car, selon lui, il y avait beaucoup d'imagination et de créativité et qu'un enfant ne pourrait pas faire ça seul», réponda-t-elle. Malheureusement, malgré les encouragements du prof, il n'y avait pas eu de suite à l'époque. La future artiste était trop occupée et absorbée par ses études de médecine. Heureusement que parfois, tous les chemins mènent à l'art. «Ce n'est qu'en entamant ma spécialité en infectiologie, je me réveille un jour avec une envie folle de peindre et je ne savais même pas quel matériel utiliser ni quoi faire, ni des idées... J'avais juste envie de m'exprimer par la peinture et avec des couleurs», expliqua-t-elle. Elle décide alors de faire le premier pas et comme ont dit de «commencer par le commencement», c'est-à-dire l'achat du matériel dans son cas. Elle s'est présentée donc à la boutique qui vend le matériel de peinture à côté de l'Ecole des beaux- arts d'Alger. Le gérant de la boutique, qui est très connu des «bozaristes», lui montre des toiles et tout en l'encourageant, il l'a orientée et conseillée. Alors, plus d'hésitations. Abla Benaïbèche acheta une grosse quantité de toiles, des pinceaux, des couteux, des couleurs et tout ce qu'il faut pour dessiner. Sa méthode de travail est originale. «Au début et à ce jour, je ne prévois pas ce que je vais dessiner. Mais dès que je commence, je suis dedans dans le lâcher-prise. Mon conscient est mis en veille, il n'y a que mes émotions, mon imagination et mon subconscient qui guident mes émotions. Je peins au feeling. Ça m'arrive de dire et de décider que je vais peindre aujourd'hui. Mais sans le feeling, je ne fais rien, je reste bloquée. Ça m'arrive aussi de dire que je ferais ça et ça mais une fois que j'ai commencé, je me retrouve en train de faire autre chose, et vous voyez mes toiles...». Au début, elle offrait ses toiles à ses amis, sans penser à animer des expositions. C'est bien plus tard qu'elle a eu l'idée d'exposer ses œuvres. Aujourd'hui, la peinture représente tout pour elle. «C'est mon monde à moi. Il n'y a pas de limites, ni d'interdit, ni de contraintes, ni de règles à suivre comme dans la vie professionnelle et sociale. Et dans la peinture, je suis absorbée corps et âme. La peinture c'est mon ‘‘Moi'' réel. Je suis moi-même dans ce lâcher-prise et une sensation d'un bien-être extraordinaire me saisit comme dans la méditation», révèle-t-elle. Dans certains tableaux (même les semi-abstraits), on voit des Touareg, des symboles touareg et des reproductions des produits de l'artisanat des hommes bleus. Un voyage au Sahara est à l'origine de ce «coup de foudre en plein désert» pour la culture et l'art des Touareg. «Je ne connaissais rien sur cette belle et merveilleuse culture. Une fois, une amie à moi qui est journaliste m'avait incitée à faire un voyage à Tamanrasset avec elle. Là, c'était le déclic marquant ! La beauté de la région m'a saisie et a éveillé en moi des émotions et des sensations merveilleuses qui m'inspirent toujours pour les toiles des Touareg.» Abla Benaïbèche, qui penche plutôt pour l'abstrait, commence à faire du «semi-figuratif» depuis environ une année. Dans ce style aussi, les œuvres de cette artiste peintre qui est docteur en médecine, spécialiste en maladies infectieuses exerçant ce métier à Alger, sont tout aussi belles.