D�une certaine fa�on, on peut consid�rer qu�ici, dans la capitale europ�enne, Pervez Musharraf �volue sur du velours. Personne dans Bruxelles n�ose imaginer le futur proche du Pakistan sans lui. Conscient de cela, le chef de l�Etat pakistanais a ass�n� � ses interlocuteurs europ�ens : �Vous avez mis des si�cles � devenir ce que vous �tes. Laissez-nous le temps de nous rapprocher des valeurs que vous avez fait v�tres.� En d�cod�, permettez-moi de prendre quelques libert�s avec la Constitution et de ne pas permettre aux islamistes de remporter les prochaines l�gislatives. De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari En tourn�e europ�enne qu�il a entam�e, hier, � partir de Bruxelles, le pr�sident pakistanais a, d�j�, �t� re�u par le secr�taire g�n�ral de l�Otan, le Premier ministre belge Guy Verhofstdat et a r�pondu aux questions de la Commission des affaires �trang�res du Parlement europ�en. L�Union europ�enne et l�Otan, principaux soutiens de Musharraf, ne tiennent pas tant � des �lections cr�dibles au Pakistan qu�� son maintien au pouvoir. Personne, ici, n�ose imaginer un Pakistan entre les mains des islamistes par le truchement des prochaines l�gislatives. Si Bruxelles ne tient pas, quand-m�me, � �tre formellement impliqu�e dans une �ventuelle fraude qui maintiendrait l�actuel chef de l�Etat en poste, elle n�appellera pas, pour autant, � guerroyer pour la d�mocratie au Pakistan. Puissance nucl�aire et poste avanc� de la lutte antiterroriste mondiale d�clench�e � partir de 2001 par les Etats-Unis et l�Otan contre Al Qa�da et les talibans, Islamabad est aussi une pi�ce ma�tresse au plan g�ostrat�gique. Voisin de l�Inde, de la Chine, de la Russie, et surtout, prolongement direct et naturel de l�Afghanistan, le pays est une v�ritable poudri�re. L�-bas, dit-on, dans les montagnes majestueuses entre le Pakistan et l�Afghanistan se terre, impuni et parmi les siens, Oussama Ben Laden, le chef du r�seau islamiste mondial le plus sanguinaire et le plus redoutable de tous les temps. Raison suppl�mentaire du soutien am�ricain et europ�en � Pervez Musharraf, maintenant que l��motion qui a accompagn� des semaines durant la mort de Benazir Bhutto est retomb�e. Aussi curieux qu�il para�t, l�assassinat de cet ex-leader de l�opposition a fauss� les calculs de Musharraf et des Am�ricains. Sa mort, quoi qu�aient pu dire des analystes et des m�dias, n�est pas dans l�int�r�t du chef de l�Etat pakistanais actuel, lui qui tablait sur une question bipartite du pays avec Benazir Bhutto. A lui le commandement de l�arm�e, les relations ext�rieures et � elle l�int�rieur et la gestion de la cit� en attendant des jours meilleurs. Aujourd�hui, il est seul face aux talibans et � Ben Laden. Avec le soutien inconsid�r� de washington et de Bruxelles, cela suffira-t-il ? Pour le moment, personne n�a int�r�t � manipuler la question pakistanaise. La presse, ici, dont le nombre �tait impressionnant pour la couverture de la visite de Musharraf, en a, sans doute, bien compris les enjeux. Les questions pos�es furent polies, le ton fort et les critiques bien maigres.