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Election présidentielle au Pakistan
Un scrutin sans surprise
Publié dans El Watan le 06 - 10 - 2007

L'élection présidentielle au Pakistan aura lieu aujourd'hui. Plus précisément, elle peut se tenir après maintes péripéties qui avaient rendu incertain ce rendez-vous.
Cette fois, la Cour suprême de ce pays a autorisé, et à la toute dernière minute (hier), la tenue de ce scrutin mais a interdit la proclamation de ses résultats officiels avant qu'elle ne prononce son jugement, le 17 octobre, sur la validité de la candidature du chef de l'Etat sortant Pervez Musharraf. Et dire que le général président a focalisé sur sa personne toute l'attention de ses compatriotes, et même des pays étrangers impliqués ou tout simplement intéressés par la vie politique de ce pays, fermant les yeux sur les alliances de partage du pouvoir, ou encore le fait que ce scrutin ne réserve aucune surprise. Le président sortant, Pervez Musharraf, a tout organisé, y compris sa succession à la tête de l'armée, qu'il a accepté de quitter s'il était élu. La candidature de M. Musharraf, il y a une semaine, a été saisie de recours de deux autres candidats de l'opposition. Ces derniers estiment, d'une part, que la Constitution impose au général Musharraf de démissionner de ses fonctions de chef des armées avant le scrutin et, d'autre part, que le futur chef de l'Etat ne doit pas être élu par le Parlement et les assemblées provinciales sortantes, lesquels lui sont largement acquis, mais par ceux qui seront issus des législatives prévues début 2008. L'élection se fera toutefois sans la participation de près de 200 élus de l'opposition qui ont démissionné collectivement cette semaine, sur un collège électoral de quelque 1200 membres. M. Musharraf ne semble même pas accorder une quelconque importance à ces plaintes, car, en fin de compte, l'enjeu principal pour l'avenir politique du Pakistan est constitué surtout par les élections législatives prévues début 2008, au suffrage universel direct. C'est dans cette optique que le chef de l'Etat a conclu jeudi soir un accord avec l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto et son influent mouvement, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP), ouvrant la voie à un futur partage du pouvoir. Le camp Musharraf n'était en effet plus du tout assuré de remporter la majorité aux législatives. Ces rendez-vous électoraux seront observés à la loupe par les Occidentaux, en particulier les Etats-Unis, qui ont fait du régime du général Musharraf leur allié-clé dans leur « guerre contre le terrorisme ». Et lui, il semble avoir pris certaines libertés comme son conflit avec la justice du Pakistan, au moment où celui-ci a intensifié depuis deux mois et demi les opérations militaires dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières de l'Afghanistan, où Washington assure qu'Al Qaïda et les talibans afghans, soutenus par des tribus fondamentalistes pakistanaises, ont reconstitué leurs forces. D'ailleurs, le pays, en proie à une vague d'attentats sans précédent qui ont fait plus de 300 morts en deux mois et demi, vit depuis 15 jours sous la menace du jihad, la « guerre sainte », décrétée par Oussama Ben Laden contre M. Musharraf et son armée. C'est pourquoi, dit-on, les Etats-Unis ont préféré fermer les yeux sur les négociations pour un partage du pouvoir entre M. Musharraf et Mme Bhutto, qui s'est dite favorable à des interventions militaires américaines ciblées dans les zones tribales. Jeudi soir, les camps de M. Musharraf et de Mme Bhutto, qui négociaient depuis juillet, ont annoncé leur accord sur un projet de décret de réconciliation nationale, qui prévoit une amnistie pour les responsables politiques, dont Mme Bhutto, sous le coup d'accusations de corruption lorsqu'elle a dirigé le pays. Cette percée ouvre la voie à un accord de partage du pouvoir, au terme duquel Mme Bhutto, qui a dirigé le pays à deux reprises (1988-1990 et 1993-1996), retrouverait son poste de Premier ministre grâce à une alliance entre son parti et celui du général Musharraf aux législatives. Quoi qu'il arrive, Mme Bhutto a annoncé son retour d'exil pour le 18 octobre. Que fait-on alors des élections si le nom du futur Premier ministre est déjà connu ? Là est un autre débat.

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