Quelque part, dans la somme de ses travaux d�historien, Mohamed Harbi n�h�site pas � conclure que le FLN avait tr�s t�t cess� d��tre un creuset f�d�rateur des sensibilit�s nationalistes pour se muer en complot, avec sa part de sectarisme et son lot de sombres r�glements de comptes. Bien avant l�accession � la souverainet� de ce pays, il �leva l�exclusion au rang de m�thode de r�gulation jusqu�� confondre �thique de la lutte et �puration physique. Car, sans le moindre scrupule et surtout en marge du fonctionnement formel des institutions, cens�es diriger le combat, il d�signa les dirigeants et stigmatisa ceux qu�il voulut �carter. Bref, dans l�excellence anti-d�mocratique, il fut un pr�curseur. Ce qu�il confirma par la suite lorsque les p�rip�ties de notre histoire firent de lui le parti unique que l�on a subi, c�est-�-dire le r�gent exclusif de la pens�e politique globale et le tuteur sans partage des institutions de l�Etat. Un demi-si�cle plus tard, il est toujours ce qu�il avait �t� � travers cette culture quasimafieuse de �l�ennemi de l�int�rieur�, avec ce que cette parano�a politique implique comme anath�mes. En d�pit des mutations violentes qu�a connues le pays, il n�a, � aucun moment, renonc� au legs historique. Ce novembrisme qu�il revendique comme une g�n�alogie historique alors qu�au mieux, il est dans une usurpation de sigle. Malgr� le reflux de son influence � partir de 1988 et des multiples d�saveux �lectoraux qui lui co�t�rent, un moment, sa pr�-�minence il r�cup�rera cependant son r�le de vigie du syst�me � la faveur du changement de pouvoir op�r� en 1999. Mieux encore, l�ann�e 2004 et sa pr�sidentielle lui redonneront un avantage d�finitif dans la proximit� avec le sommet et cela au d�triment de tous les autres alli�s. Moins doctrinaire et � la fois moins autonome que tous ses pr�d�cesseurs, Belkhadem est justement l�arch�type du bureaucrate politique dont a besoin, ces temps-ci, un chef d�Etat r�solu � ne pas c�der le pouvoir, malgr� la nature censitaire de la loi fondamentale. La r�vision constitutionnelle, dont parle si mal ce secr�taire g�n�ral du ... parti du pr�sident, trahit, une fois encore, cette constance du complot qui n�a pas quitt� le FLN. Le dispositif qui est en train de se mettre en place aussi bien � l�int�rieur de ses structures qu�� travers la r�activation des r�seaux dormants, entre deux op�rations moyennes, ne remet-il pas en m�moire la mani�re qui fut la sienne depuis l��norme faillite du CNRA au printemps 1962 ? Comme par le pass�, il est toujours le seul � d�cr�ter que le bien du pays ne peut �tre dissoci� du destin de son concubin du moment. D�o� son agressivit� � vouloir amender n�importe quelle loi pourvu qu�il en soit le ma�tre d��uvre. Bien moins qu�� l��poque o� il �tait pourtant le parti- Etat et l�alpha et l�omega des options nationales il appr�hende les r�sistances d�aujourd�hui, avec une morgue qui illustre bien le retour de son monopole. Une mainmise semblable � celle qu�il connut sous la �glorieuse� f�rule d�un Messa�dia, par exemple. Paradoxalement, une pluralit� partisane de fa�ade n�est pas sans int�r�t pour sa mise ne sc�ne. Elle serait m�me la bienvenue pour ent�riner un processus sans avoir l�air de l�imposer du dehors et contre l�avis des institutions �lues. Le patient remodelage du Parlement, entam� en 2002 et paraph� en mai 2007 est justement la cl� ma�tresse pour d�verrouiller la Constitution en conformit� avec l�esprit et la lettre des dispositions l�gales. En d�autres termes, le FLN est plus que jamais � l�aise dans �l�isolement� que lui pr�tent les commentateurs quand ils s�efforcent de mettre en contre-point son ind�cent forcing et les h�sitations discursives de ses traditionnels alli�s. Par ailleurs, le fait que l�illustre concern� tarde � s�exprimer clairement sur le sujet n�est pas le signe d�une quelconque incertitude mais plut�t celui de la s�r�nit� quant � l�aboutissement de son plan. Que celui-ci soit mis en route dans un mois ou retard� jusqu�� l��t�, rel�ve uniquement du timing de sa campagne et jamais de quelques imaginaires blocages �manant des cercles r�put�s encore influents. Depuis sa r��lection en 2004, le rapport de force qu�il entretenait avec certains d�entre eux, a tourn� � son avantage, ce que n�ignore pas l�appareil du FLN qui relaye exclusivement les nouvelles ambitions du pr�sident, allant jusqu�� prendre un malin plaisir � brocarder l�expectative des �partis amis�. En effet, ce sont bien le RND et le MSP qui d�couvrent l�impasse apr�s l�attentisme calcul�, condamn�s par avance � devenir de modestes sous-traitants du FLN s�ils veulent garder le contact avec le premier cercle, ils seront appel�s � r�viser � la baisse leurs app�tits. La fin d�une association r�put�e jusque-l� paritaire pr�figure, d�ores et d�j�, de ce que sera la R�publique et les m�canismes du pouvoir � partir de 2009. En s�opposant � la reconduction de la formule du partage �quitable des responsabilit�s, le FLN voudra, en toute logique, gouverner seul et acc�der au privil�ge de l�intercoluteur de r�f�rence avec le pr�sident. Celui-ci lui devant tant pourra difficilement s�y d�rober. Le �sultanisme populaire� (1) que Bouteflika incarnera apr�s l�in�vitable pl�biscite de 2009, ne pourra plus se passer d�un appareil de propagande que lui-m�me a contribu� � revivifier. A quelques nuances d�su�tes, il sera contraint de revenir aux modalit�s anciennes d�s lors que ce sanctuaire partisan lui fera sentir sa pesante pr�sence en r�duisant sa marge de man�uvre. Malgr� sa l�gendaire capacit� � se r�am�nager des contrepoids pour �chapper au jeu des influences, il n�est pas dit que cette fois-ci il y parviendra face � une officine plus revancharde que jamais. C�est avec ce FLN, requinqu� par l�absence d�opposition, que le futur imm�diat se r�organise � travers la reconfiscation rampante des v�ritables instruments de l�arbitrage d�mocratique. Et c�est, h�las, � cette terrible machine � g�n�rer les complots que reviendra la mission de soldes, vingt ann�es plus tard, les acquis d�octobre 1988. Bien avant que n�officie le fossoyeur de nos libert�s publiques, la messe et d�j� dite par la classe politique qui, au moindre souffle de menace s�est couch�e devant un gourou tyrannique. Sans coup f�rir, le FLN s�appr�te � accomplir un �ni�me forfait contre la d�mocratie. B. H. - 1 - C�est ainsi que l�ex-ministre Rahabi qualifie l�apr�s-2009 dans une contribution publi�e par El Watan du samedi 19/01/2008.