Trois personnes, dont deux policiers, ont �t� tu�es. Vingt-trois autres personnes, parmi elles onze policiers, ont �t� bless�es. Tel est le bilan officiel du dernier attentat kamikaze perp�tr� contre le si�ge de la BMPJ (Brigade mobile de la police judiciaire) de Th�nia, localit� situ�e � une dizaine de kilom�tres du chef-lieu de la wilaya de Boumerd�s. Ce bilan risque, malheureusement, de s�alourdir. Les terroristes du GSPC, affili�s � l�organisation g�nocidaire Al-Qa�da, ont une nouvelle fois frapp� pour commettre un carnage. Hier, � l�aube, un kamikaze s�est fait exploser, au centre-ville de Th�nia, � bord d�un v�hicule utilitaire bourr� d�explosifs et identifi� par une source polici�re comme �tant de type Renault Trafic. Il �tait 6h28 � l�horloge de la fa�ade du si�ge de la da�ra de Th�nia a �t� bloqu�e par le souffle de la d�flagration � l�heure indiqu�e � lorsque l�explosion a �t� entendue � plusieurs kilom�tres. Cet attentat visait l�unit� de la BMPJ, pas loin du si�ge de la s�ret� urbaine de la da�ra de Th�nia, qui a �t� install�e dans l�ancien b�timent des Galeries alg�riennes. Les obstacles mis en place ont emp�ch� le kamikaze de butter contre le b�timent des policiers. Visiblement le commanditaire connaissait les lieux o� il aurait s�rement fait, au pr�alable, un rep�rage pour �tudier le passage aboutissant � l�endroit vis�, puisque en apparence, il est venu par la rue des Fr�res-Talamali parall�le � la rue Mellal- Salah o� a eu lieu l�explosion. Pour rejoindre cette derni�re rue, le kamikaze a emprunt� un passage laiss� par des b�tisses d�truites par le s�isme de 2003 et non reconstruites. Vers 6h40, la rue Mellal �tait un champ d�horreur. Les secouristes s�activaient dans l�obscurit� � l�aide de torches �lectriques pour d�gager plusieurs victimes dont certaines ont �t� ensevelies par les fa�ades des habitations tomb�es et les meubles qui ont �t� souffl�s par la d�flagration. Les services de s�curit� ont eu du mal � contenir la vague de jeunes accourus, qui pour voir le drame, qui pour apporter leur aide aux secouristes. De nombreuses ambulances ont imm�diatement converg� pour �vacuer les bless�s vers l�h�pital de la ville, se trouvant � quelques centaines de m�tres. La foule est rest�e calme mais l�indignation �tait palpable parmi les citoyens de la ville martyre. Au niveau de l�h�pital, l��quipe m�dicale de garde a �t� rapidement rejointe par les m�decins, les infirmiers et les inifirmi�res qui habitent la ville pour apporter leur aide. Vers 7h10, le corps m�dical a v�cu une sc�ne insoutenable. L�une des filles de Hamadache Ali, 52 ans, p�re de 6 enfants, vient d�apprendre que son p�re est d�c�d�. Le d�funt, la seconde victime de l�explosion, est fils de chahid. Il est mort, selon une source m�dicale, suite � un arr�t cardiaque, choqu� par l�attentat. Ali �tait tr�s actif au sein de la famille sportive de la municipalit� et tr�s estim� en ville. Quelque temps apr�s, le lever du jour a permis aux citoyens de d�couvrir l�horreur et l�ampleur des d�g�ts. Les immeubles o� r�sident les familles Allalou, Triaki, Bourahla, Hamadache et Ma�che ont �t� partiellement d�truits mais, heureusement, ne se sont pas �croul�s. La poste de la ville d�truite en 2003, reconstruite et inaugur�e en 2006, a subi des dommages importants. Les murs de s�paration de la b�tisse de la BMPJ se sont �croul�s. A environ 100 m�tres du crat�re, plusieurs autres b�tisses commerciales ont �t� diversement touch�es. A noter aussi qu�une dizaine de v�hicules ont �t� d�truits. Celui de feu Hamadache a �t� compl�tement calcin�. Le crat�re, d�un diam�tre d�environ 3 m�tres sur une profondeur de 1,50 m�tre, laisse penser que le poids de la bombe pourrait d�passer les 500 kilogrammes. Les policiers ont ramass� plusieurs morceaux de ferraille restant du v�hicule du kamikaze. A 150 m�tres du lieu de l�explosion, nous avons vu un amortisseur avant et son support. La violence de l�explosion a fait que l�arbre � cames, pi�ce de l�int�rieur du moteur, a �t� r�duit en petits fragments. Plus tard, les enqu�teurs de la police scientifique d�p�ch�s sur les lieux ont ramass� des lambeaux de chair humaine. Il y a lieu de signaler que ce quartier a subi un attentat, en 1996, � l�aide d�un v�hicule pi�g� qui avait cibl�, � l��poque, la brigade de la Gendarmerie nationale domicili�e dans l�ancien b�timent d�moli depuis pour �riger l�actuel si�ge de la S�ret� urbaine. Les m�mes familles avaient endur� d�importants d�g�ts avant de faire face aux ravages, en 2003, du s�isme. Mais ce qu�a v�cu C. Ismahane, 18 ans, qui se trouvait, ce jour-l�, chez sa grand m�re, est extraordinaire. Et pour cause, lors de l�explosion de 1996, cit�e plus haut, elle avait perdu son grand-p�re. Plus tard les terroristes ont assassin�, � Bordj- Mena�el dans la m�me wilaya, son p�re devant ses yeux. Encore sous le choc, elle nous a parl� p�niblement de ce terrible attentat qu�elle vient de vivre : �Quand l�explosion s�est produite, j�ai �t� projet�e quelques m�tres plus loin. Je n�ai pas pu sortir pour secourir ma grand-m�re. Ce sont les pompiers qui m�ont sortie de sous les d�combres. A ce moment-l�, j�ai vu notre voisin, M. Hamadache gisant parmi les d�combres.� M. Brahim, la cinquantaine et personnage connu � Th�nia pour son franc parler, n�a pu contenir son indignation apr�s les propos de la jeune fille : �Cet acte est le r�sultat macabre de la compromission avec les terroristes et de la politique suicidaire du pouvoir. C�est un mauvais accord qui s�est fait sur le dos et au d�triment de la population.� Attentat � l'actif de katibat El Arkam Ce crime est s�rement � inscrire � l�actif de la katibat El Arkam. En effet, la commune de Th�nia fait partie, selon le d�coupage du GSPC, du territoire qu��cume cette phalange, l�une des plus actives dans la wilaya de Boumerd�s. Elle se compose, selon les sources s�curitaires, d�une trentaine de terroristes qui ont commis de nombreuses attaques � l�explosif contre les services de s�curit�. Le dernier a �t� perp�tr�, vers la mi-janvier, le long de la RN5 au niveau de la commune limitrophe de Th�nia, Souk-El-Had en l�occurrence. Une bombe avait explos� au passage d�un v�hicule des gendarmes escortant des techniciens �trangers qui activaient dans un chantier de la r�gion. Deux gendarmes ont �t� tu�s. Par ailleurs, on parle de deux jeunes de Th�nia qui seraient r�cemment mont�s au maquis. L�un d�eux serait-il impliqu� dans cet attentat ? Pour l�heure aucune identification n�a �t� faite. Par ailleurs, une rumeur avait circul� disant qu�une jeune fille conduisait le v�hicule pi�g�. Mais aucune information n�a fait �tat, bien avant mardi, d�une femme faisant partie des terroristes de la katibat El Arkam. Cependant, la prudence dans ce genre d�assertions est requise. Il y a �galement le risque de vivre d�autres attaques de ce genre dans la wilaya de Boumerd�s �tant donn� que chaque katibat a en son sein un artificier.