Un attentat kamikaze a ciblé hier matin le siège de la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) de Thenia, à 15 km à l'est de Boumerdès. L'attentat a fait trois morts et une quarantaine de blessés. Un policier est décédé sur le coup, un autre, grièvement atteint, a succombé à ses blessures en début d'après-midi à l'hôpital de la ville et un occupant d'une maison avoisinant le commissariat est mort dès son admission à l'hôpital. Celui-ci ne portait aucune blessure apparente mais se plaignait toutefois de douleurs provoquées par l'effondrement d'un mur de sa maison. Parmi les blessés, l'on compte un policier dans un état grave, qui a été évacué vers un hôpital de la capitale et une douzaine d'autres citoyens transférés vers l'unité des urgences médico-chirurgicales de Boumerdès et l'hôpital Zemirli à Alger. Le bilan officiel fait état, de 23 blessés. Il était 6h30 lorsqu'un terroriste au volant d'une voiture qu'on n'a pas encore identifiée (les habitants parlent d'une fourgonnette) a tenté de foncer sur la porte du garage du commissariat. Il sera contraint par les tirs du policier qui assurait la garde de se faire sauter à une quinzaine de mètres de ladite entrée, selon des témoignages concordants. N'était la vigilance de ce policier, les dégâts auraient été beaucoup plus importants, car le kamikaze se serait rapproché davantage de l'édifice ou aurait carrément défoncé le portail pour se retrouver au sous-sol. Sur place, nous avons constaté que l'explosion a fait un grand cratère sur la chaussée et provoqué la destruction partielle du bâtiment de la police. Tous les bâtiments situés dans un rayon de 50 m au moins ont été sérieusement endommagés. Des citoyens qui dormaient encore ont été blessés et d'autres qui étaient dans leur commerce, les cafés essentiellement, ont aussi été touchés. L'on compte parmi les blessés une dizaine de femmes de tout âge. Les enfants, eux non plus, n'ont pas échappé à cet enfer. Une rumeur persistante rapporte qu'il s'agirait d'une femme kamikaze, mais aucune source crédible n'a pour l'instant clairement confirmé cette information. Ce qui est certain, c'est qu'il faisait encore noir lorsque l'attentat s'est produit et que les terroristes ont profité d'un passage laissé ouvert depuis que les institutions de l'Etat ont toutes décidé d'ériger des barricades tout autour de leurs sièges. Du véhicule, il ne reste que des débris ne pouvant permettre une identification immédiate du corps du kamikaze dont il ne subsiste pratiquement rien. Les riverains du siège de la BMPJ ciblé nous diront que l'explosion a été d'une très grande force. Elle était tellement forte qu'elle a arraché tout Thenia de son sommeil. Les policiers, à bout de nerfs, ont interdit tout accès aux photographes de presse et ils ne les ont autorisés à photographier le site que lorsque ils ont fini de déblayer l'endroit et de recouvrir avec des bâches en nylon la façade du bâtiment. De même pour les journalistes qui n'étaient pas là au début de la matinée. Tout accès dans le périmètre de sécurité était interdit. L'attentat d'hier rappelle ceux de Si Mustapha et Dellys l'an dernier et celui de Naciria il y a un mois dans la seule wilaya de Boumerdès. Le modus operandi est pratiquement le même : bourrer un véhicule d'explosifs et foncer sur un siège d'un corps de sécurité. Ainsi, c'est tous les corps de sécurité engagés dans la lutte antiterroriste qui auront été ciblés et touchés : gendarmerie, ANP, police et BMPJ. Ce dernier attentat est interprété comme une autre tentative de diversion des groupes terroristes harcelés par les forces de sécurité et qui enregistrent des pertes très importantes. L'offensive des forces de sécurité s'est en effet soldée par l'élimination d'un grand nombre de chefs terroristes dont 2 émirs depuis le week-end dernier à Souk El Had et Tidjelabine. Le coup le plus dur reste le démantèlement d'une cellule spécialisée dans les attentats à l'explosif dans la région de Boumerdès. Mais cet autre acte signifie aussi que l'ex-GSPC se transforme et s'adapte et ne compte pas sur une seule cellule. Car l'attentat d'hier a été perpétré moins de 48 heures après le démantèlement de ce réseau (lire El Watan d'hier).