Un accident ferroviaire unique en Alg�rie est survenu avant-hier vers 5 heures 30 minutes du matin. Un train de 15 wagonsciternes charg�s de carburant (essence et gasoil) est entr� en collision � l�int�rieur d�un tunnel des gorges de Lakhdaria (ex- Palestro) avec une locomotive venant en sens inverse. Selon les premi�res constatations qui nous ont �t� communiqu�es, sur place � la mi-journ�e, par l��quipe de secouristes, � leur t�te le colonel Kherroubi, directeur de la Protection civile de la wilaya de Boumerd�s, des victimes ont �t� d�plor�es. Quatre personnes, probablement les conducteurs et les m�caniciens des deux locomotives, ont �t� bless�es et une cinqui�me est port�e disparue. Le train de 15 wagons-citernes (certains de 20 000 litres), se dirigeant vers la ville de Bordj Bou Arreridj, � 200 kilom�tres � l�est d�Alger, est entr� en collision avec une locomotive venant en sens inverse. L�accident s�est produit sur la voie unique Th�nia-Lakhdaria au milieu du premier tunnel � l�entr�e est des gorges de Lakhdaria sur le territoire de la commune de Ammal, wilaya de Boumerd�s. Un incendie s�est par la suite d�clench� mettant d��normes quantit�s de carburant en feu. A 14h10, l�une des nombreuses explosions a lib�r� un nuage de fum�e �paisse et noire de plusieurs centaines de m�tres de hauteur ! �Au vu de la couleur de la fum�e, c�est l�explosion d�une citerne de gasoil qui vient de se produire sous l�effet de la haute chaleur qui r�gne � l�int�rieur du tunnel�, affirme un sapeur-pompier stationn� � la sortie de Ammal. Durant toute l�apr�s-midi du m�me jour, plusieurs autres explosions, venant de l�int�rieur du tunnel ont �t� constat�es aux deux extr�mit�s de la galerie qui mesure environ 750 m�tres. �Dans la matin�e, nous avions r�ussi � avancer sur une distance de 150 m�tres mais comme nous voyions bien et qu�il y avait un risque d�explosion, nous en sommes sortis�, constate le colonel Kherroubi. Selon nos informations, la SNTF n�a pas en sa possession le sch�ma de ce tunnel. Effectivement, les sapeurs-pompiers �taient encore dans l�expectative dans l�apr�s-midi d�avanthier. Ils attendaient des �quipements sp�ciaux qui seront mis � leur disposition par Naftal. Ils pensaient pouvoir, selon le directeur de la Protection civile, attaquer le feu � l�aide d�engins sur rail en injectant massivement, � l�int�rieur de la galerie, de la mousse pour �touffer l�incendie en le privant de l��l�ment essentiel � savoir l�oxyg�ne. Cependant, hier matin rien n�avait encore �t� fait. Cette option semblait �tre abandonn�e. �Nous attendrons la diminution de l�intensit� du feu et la diminution des risques d�explosion pour entamer la lutte de ce qui reste du feu�, dit le colonel Kherroubi aux responsables de la cellule de crise r�unis hier dans les locaux des gendarmes stationn�s � l�entr�e est des gorges. Selon l�officier sup�rieur, 3 ou 4 jours sont n�cessaires. Pour corser la difficult� des sapeurs-pompiers, l�acc�s aux deux entr�es du tunnel est difficile. Dans les deux cas, il faudrait aux sapeurs-pompiers traverser l�Oued Issers. Celui de l�ouest est loin de la Route nationale 5. L�entr�e du c�t� est est � quelques dizaines de m�tres de cette route, mais les secouristes doivent am�nager un pont pour traverser la crue de la rivi�re, ensuite escalader un talus de plusieurs dizaines de m�tres de rocaille. Il y a lieu de rappeler que c�est la premi�re fois que les services de la Protection civile sont confront�s � un incendie de cette nature Int�rieur d�un tunnel Visiblement, nos questions sur les causes de cette catastrophe ont mis mal � l�aise les responsables. Serait-ce une n�gligence grave ou un acte de sabotage ? Sur cette voie qui a fait l�objet de plusieurs attaques � l�explosif men�es par les terroristes du GIA, par la suite du GSPC, notamment les trains de marchandises, aucun t�lescopage de trains n�a �t� enregistr�. Les d�g�ts que causaient les bombes artisanales des islamistes arm�s �taient vite r�par�s. Si c�est un sabotage, le concepteur savait cette fois-ci que le coup aurait une ampleur sans pr�c�dent. Les services de s�curit� n��cartent pas cette hypoth�se : �Comment se fait-il que le conducteur et son m�canicien se sont d�tach�s de la gare de Lakhdaria pour regagner celle de Th�nia ? Ont-ils eu l�autorisation de faire mouvement ?� s�interroge une source s�curitaire. De son c�t�, le colonel chef du Groupement de la gendarmerie de Boumerd�s, en d�placement hier sur les lieux, a donn� des instructions aux officiers de la section des recherches de Boumerd�s pour ouvrir une enqu�te. �D�ici 48 heures nous devons savoir les circonstances ayant entra�n� cet accident�, leur dit-il. �Pour le moment nous n�avons aucun �l�ment pour avancer une hypoth�se�, affirme le colonel Kherroubi. �C�est � la commission d�enqu�te qui a �t� install�e de tirer des conclusions�, estime un repr�sentant de la SNTF. Press� par nous pour savoir laquelle des deux gares de Th�nia ou de Lakhdaria, distantes de 25 kilom�tres , r�gule la circulation des trains entre ces deux villes, il s�est content� de pr�ciser qu�il y a au milieu celle d�A�t-Amrane. Pour rappel, entre ces deux agglom�rations, le chemin de fer est sur une seule voie. Tous les trains qui circulent entre Annaba, Constantine, S�tif, Beja�a, � partir de Beni Mansour et la capitale passent n�cessairement par cette voie unique. Une source nous a r�v�l� qu�un train de voyageurs �tait en attente � la gare de Lakhdaria pour d�marrer au passage du train de carburant. En tout �tat de cause, n�gligence ou sabotage, l�impact �cologique, financier et �conomique est extr�mement important. Une catastrophe �cologique, financi�re, �conomique et un axe strat�gique de communication momentan�ment ferm� Ce sera un coup dur pour les finances de l�entreprise nationale ferroviaire qui d�plore d�ores et d�j� des d�g�ts qui se chiffreront probablement � des dizaines de milliards. Mais c�est surtout au chapitre du manque � gagner que la perte sera importante. En effet, cette voie hautement strat�gique sera ferm�e pendant des semaines, voire des mois. Il faut en effet circonscrire le feu, attendre que la galerie se refroidisse, �vacuer le mat�riel calcin�, �tablir le diagnostic de la galerie qui subit � l�heure actuelle une temp�rature qui avoisine s�rement les 1 000 degr�s avant de proc�der aux r�parations. Le feu causera-t-il des d�g�ts aux couches g�ologiques qui se superposent sur la galerie ? �Le risque d�effondrement, n�est pas totalement �cart�, nous confie un sp�cialiste des travaux publics. Par ailleurs, le sud de la Grande Kabylie, la Petite Kabylie et une partie de l�Est du pays subiront une pression sur la demande de carburant. Et pour cause, ces r�gions sont approvisionn�es par train � partir de la raffinerie de Sidi-R�Zine, au sud d�Alger. C�est donc le transit de voyageurs et de marchandises qui circulaient sur cette voie qui se r�percutera sur la RN5 d�j� satur�e. D�s lors, les probl�mes li�s � la s�curit� routi�re iront en augmentant dans les prochains jours. Abachi L. Le ministre des Transports se rend sur place Le ministre des Transports M. Mohamed Maghlaoui, accompagn� des directeurs g�n�raux de la Protection civile et de la SNTF, s�est d�plac� hier matin sur les lieux pour s�enqu�rir de la situation. Ils ont �t�, rappelons-le, pr�c�d�s par le wali de Boumerd�s qui, d�s jeudi matin, a effectu� une inspection. Une cellule de crise a �t� install�e par le wali mais il semblerait, pour l�heure, que la visite de la d�l�gation minist�rielle n�a �t� suivie d�aucune d�cision importante pour juguler imm�diatement le feu. Par ailleurs, aucun �quipement n�a �t� d�plac� sur les lieux. Il est question seulement de la contribution de la SNTF qui devra, selon nos informations, �laborer un plan d�action. A notre seconde visite hier, un officier de la Protection civile expliquait au commandant du Groupement de gendarmerie qu�il �tait fort probable que les explosions ne parvenaient pas des citernes mais de l�effet de l�accumulation des quantit�s d�oxyde de carbone dans la galerie qui une fois aliment�s par l�oxyg�ne provoquent des d�flagrations.