L�id�e qu�une bonne gestion financi�re (BGF) accompagne n�cessairement la lutte contre la corruption est corollaire du constat qu�une mauvaise gestion financi�re et une comptabilit� inappropri�e sont deux facteurs qui favorisent la corruption. � cela, on oppose parfois, � raison, que la mise en �uvre des seuls moyens techniques de la gestion financi�re ne saurait permettre de neutraliser les effets de rapports sociaux qui se tissent pour et par la corruption � rapports au sein de la hi�rarchie administrative et rapports privil�gi�s entre celle-ci et certains groupes d�int�r�ts, d�une part, et le public, d�autre part. Ainsi en est-il d�une administration corrompue au sens large d�un syst�me qui fonctionne suivant des r�gles qui favorisent une minorit� : individu, famille, tribu, ethnie, voire r�gion, etc. Les rapports qu�entretiennent de telles administrations publiques avec les usagers et les r�gles auxquelles elles ob�issent d�terminent des relations de pr�dation sur leur environnement au profit de minorit�s et au d�triment du plus large public. On peut alors parler de �kleptocratie �. Des rapports de ce type sont des obstacles � la mise en place d�une gestion financi�re saine, quand bien m�me existerait � � un niveau ou � un autre des instances des pouvoirs publics � le projet pour une telle entreprise. Il peut parfois arriver qu�une apparence de �bonne gestion financi�re� (BGF) serve � couvrir des pratiques totalement corrompues � en particulier lorsque est rompu le lien d�authenticit� entre ce qui est enregistr� et la r�alit� �des flux et des stocks�, que les enregistrements financiers sont cens�s refl�ter. N�anmoins, une bonne gestion financi�re r�elle est un instrument indispensable pour une administration transparente et responsable des affaires publiques. Autrement dit, le succ�s de la mise en �uvre d�une bonne gestion financi�re d�pend de son int�gration � une strat�gie globale de lutte contre la corruption r�sultant d�une r�elle volont� politique de changement. Plus pr�cis�ment, elle est l�auxiliaire n�cessaire d�une r�forme administrative qui constitue un des axes fondamentaux d�une telle strat�gie. Une bonne gestion financi�re peut �tre d�finie comme une mobilisation et une utilisation efficientes des ressources financi�res selon des objectifs fix�s. Elle devrait permettre de r�v�ler et d�identifier les responsabilit�s en cas de corruption. Elle constitue de ce fait un moyen de pr�vention et de dissuasion. Les fonctions de la bonne gestion financi�re se rapportent essentiellement au financement, � la tutelle, � l�analyse et au bilan. Elle consiste � analyser et mesurer les cons�quences financi�res d�une d�cision de gestion avant et apr�s sa mise en �uvre ; de s�assurer que la tr�sorerie est suffisante pour financer les activit�s et op�rations pr�vues ; de sauvegarder les ressources par des contr�les financiers ad�quats ; de fournir un cadre financier pour la planification de futures activit�s et op�rations ; de g�rer les syst�mes de transactions qui fournissent des donn�es permettant de mieux contr�ler et planifier toute action et op�ration ; et enfin, de rendre compte et faire le bilan en interpr�tant les r�sultats des activit�s et op�rations en termes financiers. Utilisation des ressources publiques � des fins priv�es L�id�e qu�une bonne gestion financi�re en mati�re de deniers publics devrait permettre de d�tecter des actes de corruption r�sulte de l�analogie entre abus de bien social et abus de bien public. De m�me que la gestion des soci�t�s anonymes ou des soci�t�s � responsabilit� limit�e peut donner lieu � des abus de bien sociaux et � une utilisation des ressources contraire aux int�r�ts des actionnaires et des objectifs de l�entreprise, la gestion des affaires publiques peut donner lieu � des abus de pouvoir qui se traduisent par une utilisation des ressources publiques � des fins priv�es. C�est m�me l� une des d�finitions courantes de la corruption. Une bonne gestion financi�re est dans ce cas � la fois un instrument de mise en �uvre des d�cisions en mati�re de d�penses publiques et un moyen de contr�le de l�utilisation conforme des ressources publiques. Elle se consacre ainsi au respect de la l�galit� et � la r�alisation d�un objectif d�efficience, voire d�opportunit�, des d�penses. Elle fournit des informations aux d�cideurs impliqu�s dans la gestion du secteur public � tous les niveaux, en particulier au l�gislateur, afin de l�inciter � prendre des d�cisions plus pertinentes. Dans la mesure o� l�acc�s � l�information est l�galement assur� � ce qui n�est toujours pas le cas en Alg�rie �une gestion financi�re dont toutes les informations sont accessibles au public permet � ce dernier de peser sur la d�cision par les moyens que la d�mocratie procure : interpellations des pouvoirs publics, choix des �lus, etc. Institutions externes de contr�le et d'audit ind�pendantes Cette transmission de l�information financi�re n�est pas directe entre les op�rateurs qui agissent dans la sph�re proprement financi�re et les sources de la d�cision. Ainsi, une BGF doit se combiner avec des instances qui lui sont ext�rieures et qui ont la capacit� d�exercer des contr�les afin de valider l�information et de l�analyser. Les institutions externes de contr�le et d�audit, la Cour des comptes et les commissions parlementaires sont autant d�intervenants indispensables pour exercer des contr�les externes et valider une bonne gestion financi�re. Le principe g�n�ral d�ind�pendance de ces instances est une garantie de la cr�dibilit� de leurs contr�les. La large publicit� des r�sultats des audits et contr�les effectu�s est un facteur puissant de transparence � en ce qu�il permet l�acc�s du public � l�information � et joue un r�le p�dagogique certain. Lorsque des audits externes sont commandit�s � des organismes sp�cialis�s priv�s, un soin particulier doit �tre apport� � leur choix, de mani�re � �viter les audits de complaisance. Cela n�cessite l��tablissement de crit�res, transparents et v�rifiables, de s�lection des intervenants. Un compl�ment indispensable des contr�les de bonne gestion financi�re r�side dans la sanction � punition ou r�compense � des responsables. L�impunit� est en effet le plus s�r encouragement aux pratiques de mauvaise gestion, donc � l�inefficacit� de toutes les mesures qui viseraient � mettre en place une BGF et finalement un encouragement � la corruption. Il est de plus indispensable de garantir la protection des agents qui refusent la pression des corrompus et qui sont susceptibles d�apporter des t�moignages s�rieux et document�s sur des faits de corruption av�r�s.