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AVANT-PREMI�RE DU DOCUMENTAIRE HNIFA, UNE VIE BR�L�E � TIZI-OUZOU
Hnifa � l'�cran, ou le d�but d'une oeuvre inachev�e
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 04 - 2008

Il y avait beaucoup de monde le jeudi 3 avril 2008 � la salle de spectacles de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou pour voir l�avant-premi�re du film documentaire de 52 minutes Hnifa, une vie br�l�e, co-r�alis� par Ramdane Iftini et Sami Allam, adapt� du texte �crit par le journaliste Rachid Hamoudi et produit par la soci�t� audiovisuelle Visual Impact.
Prim� Olivier d�or du meilleur documentaire lors du Festival du film amazigh � S�tif en janvier 2008, puis prix du meilleur sujet lors du Panorama du cin�ma alg�rien tenu � Riadh El Feth � Alger en mars 2008, Hnifa, une vie br�l�e n�est pas uniquement une simple �uvre biographique, mais un travail de recherche documentaire retra�ant le contexte socioculturel dans lequel a vu le jour et �volu� la chanson f�minine d�expression kabyle. Dans le pr�ambule, l�auteur a voulu montrer comment une femme n�e dans une soci�t� patriarcale et un environnement hostile � l��mancipation f�minine a pu d�crocher une place dans le concert des grands artistes, � l�instar des Kamal Hamadi, Cherif Khedam, Slimane Azem, Zerrouik Allaoua, Taleb Rabah, Sadaoui Salah, Akli Yahiat�ne, Ch�rifa, Nouara, Bahia Farah. Aussi, l�auteur n�a pas omis de rappeler qu�Azzefoun, r�gion natale de Hnifa, constituait un gisement d�artistes notoires mondialement connus, tels Iguerbouchene, El Hadj M�hamed El Anka, Issiakhem. Hnifa naquit le 24 avril 1924 � Ighil M�henni, � Azzefoun, connu sous le nom colonial de Port- Gueydon. Le premier �chec d�une vie conjugale �tait une d�chirure pour l�adolescente qu��tait Hnifa, de son vrai nom Zoubida Ighil Larb�a, mari�e contre son gr� � un ami de son p�re qu�elle quitta au bout de six mois. Puis, un second mariage qui n�a dur� que trois ans et donna naissance � une fille appel�e Le�la. Ce second mariage, elle l�a contract� � Alger o� elle s��tait r�fugi�e avec sa m�re apr�s avoir quitt� son village natal, Ighil M�henni pour la Casbah o� �tait install�e d�j� la famille Ighil Larb�a depuis 1930. Pour faire face aux difficult�s de la vie et subvenir aux besoins de sa fille et de sa m�re, elle travaille comme femme de m�nage. Elle se procura un logis dans une baraque au bidonville de Clos Salembier qu�elle partage avec la chanteuse Ch�rifa. Cette derni�re, qui l�a �cout�e subjugu�e par sa voix, lui proposa alors de se produire � la radio. C�est � partir de l� que commence l�aventure lyrique de Zoubida qui devient Hnifa vers 1952 lorsqu�elle fit la connaissance de Mustapha Hasni, ensuite de Cheikh Nordine qui seront ses premiers mentors � Radio Alger. Elle int�gra aussit�t �Tharb�at el khalath�, une chorale f�minine o� elle retrouve � nouveau Ch�rifa et d�autres chanteuses, � l�instar de Lla Yamina, Djamila, Zina, Ounissa. En 1953, elle s�envola pour la France pour enregistrer son premier 45 tours chez Path� Marconi. Ses premi�res chansons sont compos�es par Kamal Hamadi qu�elle a connu � la radio. En tout, environ 15 chansons �crites par Kamal Hamadi et chant�es par Hnifa dont Ma tebghid ad am neggal, Ay aqchich, A zher iw anda tenzid, D array iw et surtout la chanson autobiographique Machi d leghna. A travers le t�moignage de Kamal Hamadi, le seul dans ce film, on apprendra qu�il avait fait un duo avec Hnifa pour interpr�ter la chanson Yidem yidem� (Avec toi�) en 1959. �J��tais � la recherche d�une voix f�minine pour chanter en duo avec moi et lorsque j�ai fait part de mon v�u � mon ami Mustapha Hasni, le mari de Hnifa, il n�a pas h�sit� un instant � me proposer de chanter avec son �pouse je ne m�attendais nullement, j�ai alors accept� avec un immense plaisir.� En 1956, Hnifa quitte l�Alg�rie pour la France o� elle a c�toy� d�autres chanteurs. Kamal Hamadi dira aussi qu�il lui faisait des chansons sur commande et selon ses go�ts, car ajoute-il, Hnifa aimait le style oriental du genre Siham Triki, chanteuse syrienne. Nous apprenons � travers le documentaire qu�elle cotisait pour la F�d�ration France FLN au sein de la section f�minine dirig�e par Bahia Farah, une autre chanteuse �tablie en France, seule femme qui a chant� en duo avec Slimane Azem. A l�Ind�pendance, elle rentre au pays comme tous ses compatriotes �tablis en France. En 1974, elle fait son entr�e au cin�ma en interpr�tant un r�le secondaire dans le c�l�bre feuilleton diffus� par la t�l�vision alg�rienne El Hariq de Mustapha Badia�, adaptation du roman L�Incendiede Mohamed Dib. En 1975, elle quitte d�finitivement l�Alg�rie pour la France. C�est � partir de l� que commence pour elle une vie d�errance, d�h�tel en h�tel. �Elle �tait contrainte de changer d�h�tel � Paris tr�s souvent, explique Kamal Hamadi, pour fuir les ennuis�� Son dernier concert remonte � 1978, � la Mutualit� de Paris. Aussi, on apprend dans ce film que Hnifa a particip� pour la seconde fois, en 1981, � un film, une s�rie diffus�e sur TF1 Les Chevaux du soleil du r�alisateur Fran�ois Villiers, tourn� � Almeria, en Espagne, d�apr�s le livre de Jules Roy. Dans ce film historique sur la r�volte d�El Mokrani, Hnifa avait jou� le r�le de la femme d�El Mokrani en compagnie de Cheikh Nourdine. Ce fut sa derni�re apparition avant sa mort survenue le 23 septembre 1981 dans un h�tel miteux de Paris. Elle est rest�e un mois � la morgue avant d��tre rapatri�e pour �tre enterr�e au cimeti�re El Alia, � Alger. L�histoire relat�e par ce documentaire est � la fois passionnante et d�chirante compte-tenu d�une fin de vie malheureuse de la grande diva de la chanson kabyle. Quelques fausses notes m�ritent d��tre signal�es dans ce documentaire, � savoir le manque de t�moignages, hormis celui de Kamal Hamadi, et d�images vivantes de Hnifa. Pourquoi, par exemple, sa fille n�a-t-elle pas t�moign� ? Ramdane Iftini, le r�alisateur, que nous avons interrog�, avait cette r�ponse � la fois d�cevante et tranchante : �Je pr�f�re ne pas en parler.� Lors des d�bats, M. Iftini, � la question du manque de t�moignages dans son film, dira : �Nous n�avons pas voulu faire une s�rie d�interviews mais un film documentaire o� nous avons montr� les quelques images dont nous disposions et vu le manque d�images, nous avons fait des reconstitutions. C�est un choix.� A propos de son travail, il explique : �Nous ne pr�tendons pas avoir cern� tout sur Hnifa. C�est un travail inachev�, il y a certainement des choses oubli�es en esp�rant que d�autres continueront le travail. L�essentiel est qu�un travail sur Hnifa est fait, c�est une premi�re�. Le texte fut �crit par le journaliste Rachid Hamoudi au d�but des ann�es 1990 et achev� vers 1993. Rachid Hamoudi nous dira � propos de son travail de recherche qu�il a eu des contacts avec Le�la, la fille de Hanifa, par correspondance : �Certes, je n�ai pas eu l�occasion de la rencontrer mais j�ai pu quand m�me �changer quelques correspondances avec elle (la fille de Hnifa, ndlr) en me fournissant quelques informations concernant la vie de sa m�re.� Le texte du documentaire est traduit en langue kabyle par l��crivain- po�te Boualem Rabia et la narration dans le documentaire est de Makhlouf Gouatsou, animateur � la Cha�ne II. Le film sera-t-il diffus� � la t�l�vision alg�rienne et dans les salles ? Nous apprenons qu�il y a eu des engagements de la part du minist�re de la Culture lors du Paronama sur le cin�ma alg�rien organis� en mars dernier � Alger, mais ��a reste pour le moment que promesses�� A signaler que le film de Ramdane Iftini est financ� dans le cadre de la manifestation �Alger, capitale de la culture arabe 2007� avec une maigre contribution de 150 millions de centimes, contrairement � d�autres productions qui ont b�n�fici� de sommes colossales. L�essentiel est que Hnifa est port�e � l��cran en attendant d�autres bonnes volont�s pour continuer le travail.

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