Etonnante lecture de quelques titres de la presse nationale de ce week-end qui consacraient leur une et leurs principaux articles aux �meutes de Gdyel et aux automutilations de Tizi-Ouzou. Les journalistes n�ont pas manqu� de faire le constat amer qu�elles ont suivi les �meutes de Tiaret et les affrontements fratricides de Berriane. Un sentiment de r�volte et d�incompr�hension se d�gageait de ces lectures. Tant d�argent dans les caisses depuis neuf ans et tant de mis�re et de malvie dans les conditions des gens et la jeunesse en particulier ! Un journaliste rel�vera que le refus de parler aux jeunes proc�de de la m�me nature que le refus de parler aux militants des syndicats autonomes. Et le parall�le a �t� vite fait entre la matraque qui a servi contre les autonomes en route pour d�poser un document au Palais du gouvernement et celle qui a s�vi � Tiaret et � Gdyel apr�s avoir servi dans tant d�autres circonstances analogues. Le dialogue par la matraque. A la composition et au maniement de laquelle Hakim La�lam consacrera une chronique. Un observateur �tranger � et il en existe, n�en doutez pas, ne serait-ce que dans les diff�rentes chancelleries � en conclurait, au vue de la r�p�tition et de la g�n�ralisation de l�usage de la matraque, que le gouvernement � ou le pouvoir � veut tenir le pays plus que le g�rer et, du moins, veut le g�rer sans la soci�t�. Toute la soci�t�. Sans sa composante des exclus et des ch�meurs comme sans ses �lites � m�decins, enseignants, fonctionnaires � pouss�es � la gr�ve par des salaires de mis�re. Cet observateur �tranger serait d�autant plus �tonn� qu�aucun Etat au monde ne peut se g�rer contre ses propres agents. Au motif de ses �tonnements, l�argent n�est pas le moindre : comment avec tant d�argent cr�er autant de d�sespoir. Assur�ment, le pouvoir veut g�rer le pays sans la soci�t�. En r�alit�, il veut le g�rer contre la soci�t�. En poussant plus loin, cet �tranger peut se demander comment le pouvoir peut esp�rer gagner sa bataille contre le terrorisme en se coupant ainsi de son peuple. Impossible, et il y trouvera l�une des raisons de la long�vit� du ph�nom�ne quasi-vaincu en 1998. En poussant plus loin, sachant que le pays suscite des convoitises pour ses richesses en hydrocarbures, il peut se demander comment le pouvoir peut r�sister aux pressions et aux man�uvres en cours sans un consensus national, un appui populaire et une l�gitimit� populaire � d�faut d�une l�gitimit� par les urnes. Cela fait assur�ment beaucoup de questions au centre desquelles se retrouve constamment la question de l�argent. Les oligarchies au pouvoir ont l�argent pour tenir le peuple et ne veulent certainement pas parler d�une autre distribution des richesses. Terrorisme ou pas. Man�uvres �trang�res ou pas, il sait satisfaire en donnant toujours plus de gages sur la s�curit� �nerg�tique, cl� de ces man�uvres. Si on admet l�hypoth�se de la nature oligarchique du pouvoir, on comprend aussit�t sa politique � l�endroit de la soci�t� et de la nation. Mais il faut d�abord revenir � la nature du pouvoir.