Apparemment, le calme est revenu dans la ville de Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa, après les violentes échauffourées constatées durant la journée de mardi dernier. Selon certains habitants de cette localité, contactés hier par L'Expression, une accalmie a été constatée hier dans l'ensemble de Berriane. Toutefois, d'aucuns n'hésitent pas à se montrer pessimistes: est-ce le calme qui précède la tempête? C'est du moins l'appréhension de Kamel Eddine Fakhar, président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Laddh), section de Ghardaïa. «Il est vrai que la journée d'hier a connu un calme remarquable, mais la crainte plane encore, d'autant que les mois précédents nous ont prouvé que les violences peuvent resurgir à n'importe quel instant tant que le problème n'a pas été traité à la racine», estime M.Fakhar, joint hier par téléphone. Pour notre interlocuteur, «les choses ne peuvent reprendre leur cours habituel que si les autorités déploient leurs efforts afin de régler, d'une façon définitive, les problèmes que vivent au quotidien les habitants de Berriane». Par ailleurs, selon des habitants de cette localité, les forces de l'ordre ont quadrillé la ville de Berriane pour parer à d'éventuelles émeutes. Nos sources estiment que «c'est l'intervention, quelque peu tardive, des forces de l'ordre qui ont fait que la ville soit le théâtre de violentes émeutes. Sans cela, on aurait pu épargner les blessures à une dizaine de citoyens et éviter, par-là même, les dégâts matériels». Il faut dire que, depuis l'apparition des émeutes dans la ville de Berriane, soit depuis le 21 mars dernier, l'on a enregistré le décès de trois personnes, plus de 80 personnes blessées et 68 autres personnes arrêtées, accusées de pillage et d'attroupement. Un tiers de ces personnes attendent leur comparution devant le tribunal, dont le chef d'inculpation est l'incitation à l'attroupement et l'incendie prémédité. Dans une déclaration faite au quotidien El Khabar, le wali de Ghardaïa a estimé que l'enveloppe budgétaire allouée à la prise en charge des sinistrés des événements de Berriane, a été bel et bien perçue. Reste maintenant la manière dont elle sera utilisée. La question vaut bien la peine d'être posée notamment lorsqu'on apprend que plus de 200 familles sinistrées sont logées dans des écoles et chez des proches, après que leurs maisons eussent été incendiées suite aux multiples émeutes qu'a connues la ville de Berriane. Ce n'est pas tout, puisqu'une dizaine de locaux commerciaux pillés et brûlés restent toujours fermés et leurs propriétaires attendent toujours qu'ils soient indemnisés. C'est pourquoi, l'intervention rapide des autorités locales, avec l'aide des sages de la région pour éteindre les feux de la discorde, sont des conditions sine qua non pour le retour de la paix et de la sérénité à Berriane. Sans quoi, la tranquillité qu'a connue hier cette ville ne serait que le calme qui précède la tempête.