Oyez, oyez, oyez. Une emphase utile pour annoncer que les prix du p�trole fr�lent d�j� les 120 dollars le baril, le risque d�une r�cession mondiale se posant. Les prix du baril de p�trole ont d�pass�, hier pour la premi�re fois, les seuils de 118 dollars � New York et de 115 dollars � Londres. Ainsi, le baril de p�trole s'est hiss� en milieu de matin�e jusqu'au niveau jamais atteint de 118,05 dollars � New York, et � Londres il a �t� vendu � 115,03 dollars. Ces nouveaux records effacent les performances de la veille o� les prix avaient grimp� jusqu'� 117,83 dollars � New York et 114,86 dollars � Londres, apr�s des attaques sur des installations p�troli�res au Nigeria entra�nant l'arr�t de livraisons de p�trole et de gaz au cours des mois d'avril et mai. Outre la situation au Nigeria, le march� s'inqui�te des risques li�s � une gr�ve en cours dans la raffinerie �cossaise de Grangemouth et d�un conflit social dans des terminaux p�troliers fran�ais. Vers les 120 dollars le baril Cela �tant, les prix du p�trole galopent vers la barre des 120 dollars le baril sous l'impulsion d'une s�rie de facteurs : r�ticence de l'Opep � produire plus, fonte des stocks, sous-investissement dans le secteur, risques g�opolitiques accrus et dollar faible. Il y a � peine quatre mois, le d�bat faisait encore rage entre experts pour savoir si l'on verrait un jour le baril de brut atteindre le seuil mythique de 100 dollars. Ce fut chose faite le 2 janvier. La hausse des prix du p�trole s'est ensuite brutalement acc�l�r�e, au point de battre les pronostics les plus audacieux. Apr�s avoir d�pass� 110 dollars le 14 avril, le prix du baril fr�le dor�navant les 120 dollars. Hier, il s'est hiss� jusqu'� 118,05 dollars � New York, un nouveau record. Le p�trole a donc fait en sept mois � peine un chemin qu'il avait mis quatre ans � parcourir : pass� de 40 � 80 dollars entre 2004 et fin 2007, il a depuis lors gagn� presque 40 dollars. L�OPEP tient la bride � sa production Les raisons de cet emballement sont multiples. En toile de fond, l'industrialisation rapide des pays �mergents, men�e par le dragon chinois, entra�ne une forte hausse des besoins mondiaux d'hydrocarbures. Or, l'offre ne suit pas. La combinaison d'une offre faible hors-Opep et d'une politique prudente de production de la part de l'Opep devrait maintenir un rapport tr�s serr� entre production et consommation, selon les analystes. Craignant qu'un ralentissement �conomique am�ricain n'entame la demande et estimant qu'une hausse de ses quotas aurait peu d'incidence sur les cours, l'Organisation des pays producteurs de p�trole a maintenu la bride � sa production depuis le mois de septembre. Le cartel p�trolier s'est content� d'annoncer hier qu'il allait accro�tre de 5 millions de barils par jour sa capacit� de production d'ici 2012. S�alarmant du sous investissement dans le secteur p�trolier, le march� doute que les pays producteurs puissent r�pondre, � long terme, aux besoins mondiaux. La fonte des stocks mondiaux en cause Un geste sans doute insuffisant : l'AIE estimait en f�vrier � 37,5 millions de barils par jour la capacit� de production n�cessaire au niveau mondial pour r�pondre � la croissance de la demande et compenser le d�clin des gisements existants d'ici 2015. Autre motif de crainte, les r�serves de p�trole repr�sentent un coussin de s�curit� de plus en plus maigre : selon le cabinet londonien CGES, les stocks mondiaux auraient fondu de 500 000 barils au premier trimestre. Sur ce march� tr�s tendu, vuln�rable aux chocs d'offres, les tensions g�opolitiques exacerbent la nervosit� des op�rateurs. D�but mars, l'Irak �tait au centre des inqui�tudes apr�s l'attaque d'un ol�oduc dans la r�gion de Bassorah. La d�pr�ciation du dollar, autre facteur Ces derniers jours, les projecteurs �taient braqu�s sur le Nigeria : apr�s l'attaque de plusieurs ol�oducs dans le sud du pays, le g�ant p�trolier Shell a annonc�, hier, une perte de production de 169 000 barils par jour. Facteur plus r�cent mais essentiel, la d�pr�ciation continue du dollar, dont la valeur, � pr�s de 1,60 dollar pour un euro, n'a jamais �t� aussi basse, a aussi largement particip� � la flamb�e. Elle incite les fonds d'investissements � acheter des mati�res premi�res vendues en dollars pour se pr�munir contre les risques d'inflation. Le risque de la r�cession mondiale se pose De son c�t�, le directeur g�n�ral de l�Agence internationale de l��nergie (AIE) qui repr�sente les int�r�ts des pays consommateurs, n'a pas exclu hier que les prix �lev�s du p�trole conduisent � une r�cession mondiale. Ce responsable de l�AIE a toutefois admis qu�� court terme, le march� du p�trole devenait �plus �quilibr�, car les stocks devraient se reconstituer. L'AIE s'attend � une baisse de la demande � court terme, � la fois en raison de facteurs saisonniers et � cause du ralentissement �conomique. Elle estime donc que si l'Opep maintient sa production inchang�e, les stocks de brut devraient �tre en mesure d'augmenter. Mais � long terme, l'AIE �veut voir plus de stocks et plus de capacit�s exc�dentaires �, car �la faiblesse des investissements et le bas niveau des capacit�s exc�dentaires de production rendent le march� tr�s volatil�. Le directeur g�n�ral de l'AIE a estim� en outre que l'Arabie saoudite, premier producteur mondial et seul pays � disposer d'une v�ritable capacit� de production exc�dentaire, �investit comme pr�vu� pour d�velopper ses infrastructures de production. Il a n�anmoins ajout� que �ce n'est pas � eux de tout faire�. Pas d�inqui�tudes selon l�Arabie saoudite A contrario, le ministre saoudien du P�trole, Ali Al- Nouaimi, a soulign� hier � Rome que la flamb�e des prix du p�trole est due � un �probl�me d'investissement � et non � un �probl�me de ressource �nerg�tique �. Le monde �n'est pas sur le point de manquer de p�trole�, selon Ali Al- Nouaimi, s�exprimant devant le Forum international de l'�nergie qui r�unit des pays producteurs et consommateurs de p�trole. Il a estim� qu'il n'�tait pas n�cessaire �de paniquer et de chercher des solutions exotiques, dont l'efficacit� n'a pas �t� prouv�e�. �J'ai observ� un niveau sans pr�c�dent d'incertitude, de doute, et m�me de peur dans les discussions sur l'avenir de l'�nergie et son impact sur les perspectives �conomiques mondiales�, a-t-il relev�.